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Les magouilles des députés européens ont des chances de porter une adversaire de l’IVG à la tête du Parlement de Strasbourg. Un miracle !*

Décidément, les voies du Seigneur sont bien impénétrables si l’on considère les grandes manœuvres de ces derniers jours, à Strabourg, alors que l’échéance du départ de David Sassoli, le président du Parlement européen, approche. Mardi 14 décembre, le sujet a animé nombre de débats entre eurodéputés. Car, quarante-deux ans après avoir porté à la tête de l’institution Simone Veil, qui venait de légaliser l’interruption volontaire de grossesse en France, les parlementaires européens sont tentés d’y élire une autre femme, la Maltaise Roberta Metsola, membre du Parti populaire européen (PPE, droite) qui n’a jamais caché son opposition à l’avortement !

Un petit retour en arrière s’impose. En juin 2019, le PPE, les S&D (Socialistes & démocrates, gauche) et Renew (centre, le groupe des macronistes), toujours prêts à s’entendre sur le dos de la droite, constituent, dans la foulée des élections européennes, une coalition pour former une majorité parlementaire pour installer David Sassoli (un ennemi de Matteo Salvini) à la tête de l’Assemblée législative. A mi-mandat, en janvier 2022, est-il prévu, un membre du PPE lui succédera. A l’époque, tout le monde imagine que ce sera Manfred Weber, président du groupe PPE et candidat malheureux à la présidence de la Commission. Depuis, l’Allemand (CSU) s’est retiré.

Au terme d’une élection interne, les conservateurs ont choisi, dès lors, de présenter Mme Metsola, 42 ans, pour succéder à M. Sassoli. « C’est une excellente candidate. Une femme, jeune, qui vient d’un petit pays. C’est très symbolique », explique M. Weber. Elue depuis 2013, la Maltaise bénéficie d’une bonne réputation au Parlement européen. Elle présente aussi l’avantage – en théorie – de faire partie de la frange la plus progressiste du PPE. Sur les sujets d’accueil des migrants, l’élue ne fait pas non plus, hélas, partie des plus radicales. Et, en décembre 2019, elle a appelé à la démission du Premier ministre maltais, Joseph Muscat, après l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia.

Dans ce contexte, Renew et les S&D, qui sont liés au PPE par l’accord de coalition de juin 2019, ne sont pas montés au créneau lorsque Mme Metsola a été choisie par le PPE. Les Verts non plus, qui jugent la dame fréquentable. Bien sûr, ils connaissent ses positions sur la liberté des femmes à « disposer de leur corps » (sic), et même s’ils ont été les premiers à critiquer la Pologne lorsqu’elle a restreint le droit à l’avortement, cela ne leur semble pas rédhibitoire.

Pour l’instant, aucun de ces groupes n’a encore apporté à Mme Metsola son soutien officiel, mais les uns après les autres, ils ont renoncé à présenter un ou une candidate contre elle. Mardi soir, à Strasbourg, cela a été le tour des sociaux-démocrates. Ils essaient désormais de monnayer leur ralliement à la Maltaise. Au passage, ils aimeraient bien se débarrasser du puissant secrétaire général du Parlement européen, Klaus Welle, issu des rangs du PPE, qui occupe ce poste depuis treize ans et tient la maison d’une main de fer (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/05/19/lunion-fromagere/).

Les libéraux de Renew, dont les élus macronistes constituent la première délégation, ont également exclu de présenter leur candidat il y a quelques jours. Depuis, leur chef de file, Stéphane Séjourné (l’ami de coeur de Gabriel Attal), s’attache à négocier avec Manfred Weber afin de sécuriser les présidences de commissions actuellement détenues par son groupe, qui sont elles aussi remises en cause à la mi-mandat. « Si on ne propose pas de candidat, c’est aussi parce qu’on veut préserver Charles Michel au Conseil », confie une source chez Renew. Ce poste doit aussi être renouvelé dans les prochains mois, et les libéraux veulent qu’il reste aux mains de l’ex-premier ministre belge, qui est l’un des leurs. Si la majorité parlementaire devait tomber, rien ne serait plus acquis. Comme un jeu de mikado dont on retirerait une baguette… Ou un panier de crabe au sein d’une Union fromagère !

« Tout cela est extraordinairement complexe. Il y a des problèmes d’équilibre entre groupes, de répartition de postes, de respect des accords passés avec le PPE et les S&D qui sont extrêmement délicats. Mais ma position, c’est qu’il faut revenir au fondamental », juge l’eurodéputé Renew Bernard Guetta, qui a pris à partie ses collègues libéraux, il y a quelques jours, pour leur enjoindre de ne pas voter pour Mme Metsola. Ce serait « un très mauvais signe pour le droit des femmes et l’image du Parlement européen », juge-t-il. Décidément, cette âme damnée d’Emmanuel Macron et ex-éditorialiste de France Inter, n’en rate jamais une (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/03/29/bernard-guetta-chez-lrm-un-mal-pour-un-bien/).

Interrogé sur le sujet, lors d’une conférence de presse, le 9 décembre, Emmanuel Macron a affirmé défendre « avec la plus grande force (…) le droit des femmes à disposer librement de leur corps ». Avant de poursuivre : « Je souhaite que tous et toutes puissent le défendre dans les enceintes où ils ont à le porter qui en mon nom, qui au nom de combats communs. C’est aux parlementaires européens de choisir leur président ou leur présidente. J’espère qu’ils le feront avec l’esprit de cohérence et en fidélité avec les combats qui sont les leurs. »

A bon entendeur, salut… à moins de trois semaines de la présidence tournante française de l’Union européenne !

Le 18 décembre 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

(*) Surtout quand on se souvient que la première présidente du Parlement européen fut… Simone Veil, de triste mémoire en la matière !

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/

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