Arnaud Raffard de Brienne
Moins de trois mois avant l’élection présidentielle, alors que se mobilisent les diverses composantes de droite et que semble s’éreinter le narratif officiel sur la crise sanitaire, la commission gouvernementale menée par Gérald Bronner, sociologue, vient de remettre à Emmanuel Macron son rapport pompeusement intitulé « Les Lumières à l’ère numérique. Il s’agit officiellement pour cette commission créée en septembre dernier par le président de la république, de lutter contre la désinformation, les « fake news » et, bien entendu un complotisme très en vogue et omniprésent si l’on en croit les médias du système.
Présidée par le sociologue Gérald Bronner, au cursus exclusivement universitaire, et une poignée d’intellectuels, treize précisément triés sur le volet pour leur adhésion sans faille à la pensée unique, dont le politologue Roland Cayrol, directeur d’éditions chez Calmann-Lévy et l’inénarrable Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch et grand pourfendeur devant l’Eternel de l’extrême-droite, du négationnisme, du complotisme et autres horreurs, la commission repousse plus loin encore les limites de la censure en s’en prenant, entre autres, aux entreprises.
Outre les nobles ambitions de développer l’esprit critique et l’éducation aux médias, brider la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, s’en prendre aux référencements algorithmiques sur internet et mettre sur pied une défense internationale contre les opérations de désinformation, le rapport Bronner évoque la nécessité de responsabiliser les entreprises et de promouvoir “l’investissement publicitaire responsable” par la constitution de listes d’inclusion et d’exclusion de sites web”. Objectif, ne plus financer la “haine” et la désinformation en établissant des listes noires de sites web infréquentables, indignes de percevoir le moindre fifrelin des annonceurs publicitaires. Se pose l’éternelle question de savoir qui et comment décide de ce qui relève de la désinformation ou non ? Sur le sujet, le gouvernement et certains titres de la grande presse, y compris dits de référence, paraissent particulièrement mal placés pour dicter une quelconque règle du jeu…
Un chantage imposé aux entreprises
Il s’agit ni plus ni moins d’imposer aux entreprises une censure toujours plus étroite et de parvenir à un contrôle de l’information par la gestion orientée des budgets publicitaires, le nerf de la guerre, et d’étrangler ainsi les sites mal pensants ou insuffisamment vigilants en les privant de toute ressource publicitaire.
Cette ingérence assumée dans la gestion des budgets des entreprises rappelle la pression exercée en 2019 par le groupe Ferrero (Nutella), exigeant de chaîne Paris Première de ne plus diffuser ses annonces publicitaires avant l’émission d’Eric Zemmour. L’année suivante, c’est le groupe Decathlon qui retirait sa manne à Cnews coupable de laisser s’exprimer le même Zemmour, par pétoche et juste pour satisfaire aux exigences d’une poignée d’activistes en ligne tels Sleeping Giants, organisation américaine gauchiste créée peu après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Les entreprises sont-elles taillées pour cette guerre idéologique qui leur est imposée ? Est-ce leur vocation ? Poser ces deux questions, c’est y répondre.
Publié le 18 janvier 2022 dans le quotidien Présent cliquez ici