Faut-il craindre le populisme ? Valérie Pécresse l’assure, à la suite d’Emmanuel Macron. « Je fais frontière étanche avec l’extrême droite », explique la candidate LR (RTL, lundi), en visant Marine Le Pen et Éric Zemmour. En cas de duel final entre le président et l’un de ces deux candidats, la voix de Pécresse n’ira pas de ce côté droit.
Francis Kalifat, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), explique pour sa part (L’Opinion, lundi) le choix de ses invités au grand dîner annuel du 24 février : « À la table des républicains, les extrêmes n’ont pas leur place. » Mélenchon, Le Pen et Zemmour seront « indésirables ». Le problème est que ces trois représentent plus de 40 % des intentions de vote. Peut-on, dès lors, parler d’extrémisme ou de populisme quand près de la moitié des électeurs semblent souhaiter une rupture avec l’ordre établi ?
L’ancien monde n’en finit pas de mourir d’inadaptation au réel. La gauche n’est plus qu’une ombre. Or un sort semblable menace les Républicains s’ils persistent dans leurs réflexes d’exclusion qui les éloignent d’une société en mutation. Ce n’est pas tant la mauvaise prestation orale de Pécresse lors de son premier grand meeting parisien, dimanche dernier qui risque d’entraver son parcours : les beaux parleurs ne sont pas les plus sincères. Est ressorti, plus gravement, un manque d’originalité dans les idées et les propos. Tout sonnait faux dans son discours, prêt à flatter l’aile la plus à droite de son parti sans effrayer pour autant les plus centristes. De cet équilibre impossible sont ressortis des propos décousus empruntant aux populistes leur proposition d’un référendum d’initiative populaire ou leur expression d’un « grand remplacement », tout en se gardant de reprendre la radicalité des proscrits : des paroles sans les actes.
L’erreur est de voir le populisme comme un danger : il est l’écho utile d’un peuple déconsidéré. (La suite du bloc-notes sur Le Figaro)
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