Pendant qu’Éric Zemmour remplissait le Trocadéro, une agression de plus avait lieu contre le camp national en Guadeloupe, où Marine Le Pen a été violemment prise à partie. Aux deux candidats de la droite ne restent que 15 jours pour déjouer les sondages et convaincre les abstentionnistes, tout est encore possible.
Reportage : Éric Zemmour au Trocadéro
C’est sous un soleil de plomb, plus que printanier, que Reconquête a tenu sa grande réunion parisienne. Y avait-il autant de monde qu’au défilé des mélenchonistes, la semaine dernière ? C’est difficile à dire car, pour ce défilé-là, les médias avaient pris pour argent comptant les 100 000 manifestants revendiqués par Mélenchon ; le « dispositif de comptage objectif » qui avait été mis au point par plusieurs médias depuis quelques années semble avoir fait naufrage, car il n’est plus jamais mis à contribution. C’était pourtant une bonne idée.
Au rassemblement du Trocadéro il n’y avait sans doute pas 100 000 personnes. D’ailleurs il s’agissait essentiellement de Parisiens. Nous n’avons pas vu ces cohortes de plusieurs centaines d’autocars venant de toute la France, qui envahissent la capitale lors des très grands rassemblements (Manif pour tous, 1er mai, etc.).
Mais il y avait néanmoins énormément de monde, en tout état de cause. 40 000 personnes, 50 000 peut-être. J’ai parcouru en tous sens (avec quelque difficulté, compte tenu de la densité de la foule) cette immense place du Trocadéro, mais n’ai rencontré qu’une seule personne que je connaissais, Dominique, l’ancien patron du restaurant Les Ronchons !
En tout état de cause, il s’agissait bel et bien du plus grand rassemblement de la droite française, toutes tendances confondues, de cette présidentielle. Un public très jeune, très déterminé aussi.
Les slogans qui enflent comme une houle
De 14 heures à 15 heures, des personnalités se sont succédé à la tribune, histoire de chauffer la foule. Les drapeaux qui s’agitent, les slogans qui enflent comme une houle puis sont repris par les participants, rien que cela vaut le déplacement.
Parmi les intervenants, Philippe de Villiers a été accueilli par un « joyeux anniversaire », repris par des dizaines de milliers de voix, événement peu banal ! Vérification faite, il est né un 25 mars.
Guillaume Peltier nous a récité du Victor Hugo.
Marion Maréchal a eu droit à une ovation colossale. Même les policiers avaient sorti leurs smartphones pour la photographier !
Les prises de parole de parents de victimes d’attentats islamistes furent terriblement émouvantes. « Plus jamais ça ! », clamait la foule.
Enfin Zemmour a parlé, une heure et demie, sans notes. La symbolique du Trocadéro était évidente : de Gaulle s’était exprimé là en 1944, après la remontée des Champs-Elysées. En 2017, les fillonistes avaient tenu à cet endroit un rassemblement réussi, mais insuffisant toutefois pour changer le cours d’une histoire dictée par Le Canard enchaîné. Trocadéro, c’est une victoire française, et la statue du rond-point est celle du maréchal Foch.
Eric Zemmour a donc cherché à redonner confiance aux militants. Pari réussi ? Sans doute, car tout le monde veut croire à une sous-estimation des évaluations. La réponse n’est plus qu’une question de jours.
Jadot, Mélenchon, Roussel : les derniers grands meetings
Ce même dimanche, Jadot tenait sa plus grande réunion, à Paris également, devant 3 500 personnes, ce qui constitue pour les écolos un pic de mobilisation sans précédent… mais, néanmoins, de modeste envergure. Mélenchon a réuni ses partisans à Marseille, mais a paru désabusé : « Les quartiers populaires, s’ils ne se déplacent pas, c’est fini pour moi », a-t-il déclaré à une chaîne de radio à cette occasion. Quant à Roussel, il tenait une réunion à la halle aux grains de Toulouse, mais le grain à moudre se fait rare pour lui. Après un léger frémissement électoral il y a un mois ou deux, il est en effet victime du vote utile qui porte les sympathisants communistes à donner leur voix au candidat de LFI. Quant à Pécresse, covidée, elle est restée invisible, cette fin de semaine, et personne, dans son camp, n’a pris le relais. La campagne électorale est pratiquement close, désormais, pour eux en tout cas.
Francis Bergeron
Article paru dans Présent daté du 28 mars 2022