A l’occasion de la sortie de son ouvrage Pourquoi l’Alvarium ? D’une politique antinaturelle à la Sécession, nous avons interrogé Jean-Eudes Gannat :
D’où vient ce nom, Alvarium ?
L’Alvarium signifie “Ruche” en latin. Notre démarche se voulait discrète comme le sont les abeilles qui butinent sans faire de bruit. Pour la discrétion, disons que ça a été loupé. Pour le reste, je crois que nous pouvons nous targuer d’avoir travaillé sérieusement.
Votre association a été dissoute par le gouvernement. Qu’est-ce qui justifie cette mesure ? L’Alvarium, combien de divisions pour faire peur ainsi au régime ?
Officiellement, nous serions des propagateurs de haine raciale, adeptes de la violence et poussant à la guerre civile, prônant un séparatisme d’avec les lois de la République. Évidemment, la ficelle est un peu grosse, et les arguments de haine raciale invoqués contre nous sur la base de notre opposition à l’immigration pourraient être utilisés pour dissoudre tout parti de droite, jusqu’aux Républicains. En revanche, il est vrai que nous avons mis en place une forme de séparatisme. L’Alvarium regroupe 20 à 30 militants actifs, participant à nos activités sociales et politiques chaque semaine, ainsi qu’environ 150 adhérents fréquentant les lieux, faisant des dons, participant à diverses activités. Avant l’émergence du phénomène Zemmour, c’était en Anjou la première organisation militante de jeunesse, loin devant les partis mainstreams. Mais l’Alvarium, ce sont aussi des initiatives humanitaires (Solidarité Arménie), spirituelles (Anjou Pèlerinage) culinaires (Cercle Ragueneau) etc. Et l’ouverture de lieux ; centre d’action culturelle et sociale, salle de sport. C’est cette dynamique communautaire -communautariste- qui a effrayé le gouvernement. Celui-ci tolère tout-à-fait des zones de non-droit extra-européennes ; mais que des communautés françaises tentent d’échapper à son totalitarisme, le revendiquent et en fassent un cap politique lui déplaît fortement. Certains journalistes locaux ont oeuvré ouvertement à notre persécution politique. Et puis disons-le ; nous avons été victimes d’un agenda électoral bien précis. Pour justifier aux yeux de l’extrême-gauche la dissolution que quelques associations islamistes, Darmanin a tapé sur nous. C’est le fameux en même temps ; “nous luttons contre le terrorisme et EN MÊME TEMPS nous continuons à persécuter ceux qui proposent les vraies solutions pour en sortir”. Il préparait l’entre-deux tours pour rallier les mélenchonistes.
Dans votre ouvrage, vous appelez à la sécession, allant jusqu’à reprendre quelques symboles de l’Armée sudiste. Mais cette sécession est-elle seulement possible ?
Je pense qu’elle est non seulement possible, mais surtout qu’elle est indispensable si nous voulons continuer à demeurer ce que nous sommes ; catholiques, français, européens. Si nous ne faisons pas Sécession d’avec l’Etat et le système en général (médias, grandes enseignes), nos enfants seront pris en étau entre l’immigration massive, son ultraviolence, sa religion dominante, et le progressisme woke. Je ne veux personnellement ni d’une fille voilée, ni d’un enfant transgenre. Faire Sécession ne signifie pas vivre en ermite dans une grotte, mais de comprendre que le système est contre nous sous toutes ses formes (éducation, élections etc.) et de se donner les moyens de résister collectivement par des réseaux communautaires solides ; écoles, entreprises, paroisses, locaux associatifs et politiques, commerces. C’est l’unique moyen de faire ensuite suffisamment peur aux dirigeants politiques de ce pays, et d’attirer à nous nos compatriotes qui veulent ou peuvent être sauvés. C’est ce qu’ont fait avant nous ceux qui nous dominent actuellement ; islamistes, mouvements LGBT, réseaux financiaro-communautaires. Ceci nécessite forcément des sacrifices financiers, professionnels, sociologiques ; mais c’est l’unique solution. On ne sauve pas un pays de la décadence en se contentant d’aller voter. D’ailleurs si l’on considère la démographie française, on voit bien que le Grand-Remplacement interdira bientôt tout espoir de salut par les urnes. En revanche, les dernières élections montrent que ce que j’appelle la “sociologie du villiérisme”, c’est-à-dire la bourgeoisie conservatrice, a évolué en nombre et en “qualité” si j’ose dire. En nombre : elle est passée d’environ 4% des votants à au moins 7%-8% (scores Zemmour/Bellamy) en 15 ans. J’y vois une dynamique démographique claire des milieux catholiques. Et encore, cette idée ne prend pas en compte ceux qui votent directement RN par conviction ou vote utile, et qui sont très nombreux. En qualité : cette fraction conservatrice était jusqu’ici l’éternelle supplétive de la fausse droite, soit par aveuglement et religion de la “modération”, soit par réflexe de classe. Il semble que les Manifs Pour Tous aient contribué à une prise de conscience et à une droitisation bénéfiques, surtout dans les plus jeunes générations. Si l’on met ce constat en parallèle avec l’évolution de l’Eglise de France au sein de laquelle le clergé progressiste meurt tandis que les nouveaux prêtres ordonnés sont majoritairement conservateurs voire traditionalistes, on peut espérer que dans 10 ans, le vote conservateur et ou tradi pèsera quelque chose aux alentours de 10-12%. Si cette importante minorité, majoritairement aisée financièrement et culturellement, décide de faire sécession radicalement tout en acceptant de s’engager publiquement (et pas uniquement sur les sujets bioéthiques qui sont hélas inaudibles pour beaucoup de nos compatriotes), je pense que bien des choses sont possibles. Il faut paradoxalement se communautariser ET sortir de l’entre-soi sociologique.
Vous avez été candidat indépendant en 2020 pour une législative partielle puis en 2021 pour les départementales. En politique aussi faut-il faire sécession des partis ?
Les partis sont de formidables moyens de faire passer des idées aux masses, donc je ne veux pas blâmer ceux qui s’y engagent. Mais il faut être conscient que toute l’énergie dépensée à plaire au sein du parti pour que le parti plaise aux médias afin de pouvoir plaire enfin aux électeurs pourrait parfois être dépensée autrement. Eric Zemmour a beaucoup blâmé la dédiabolisation de Marine Le Pen, son abandon des fondamentaux. Sur ce point, il avait raison. Mais fera-t-il différemment ? Le journaliste Zemmour réclamait l’abrogation de la loi Taubira ; le candidat Zemmour n’osait déjà plus, alors que ceci n’aurait absolument pas dérangé son électorat conservateur, ni les masses populaires qu’il n’a par ailleurs pas réussi à convaincre. C’était pour plaire aux médias. Je pense que les ambitions nationales les plus sincères finissent toujours étouffées par le cadre républicain et médiatique jacobin. C’est pourquoi nous ferions mieux de privilégier l’enracinement local et les scrutins de proximité, durant lesquels il est possible d’avoir des professions de foi 100% en accord avec nos idées qui sont distribuées par l’Etat à tous les électeurs. Électeurs qu’il est possible de rencontrer et de convaincre en direct. Avant d’être dissouts dans le FN puis le RN, c’est ce que faisaient les Identitaires, atteignant parfois 8% des voix exprimées avec des idées très radicales ! Les Bompard et d’autres montrent d’ailleurs qu’on peut réussir en restant relativement libres. Mes deux candidatures indépendantes n’ont pas connu le même succès ; mais je n’avais ni moyens, ni enracinement suffisant pour le moment. Cependant elles ont été l’occasion de rencontrer et de convaincre des gens venus d’horizons totalement différents, à ma grande surprise. Et de réunir des centaines de voix malgré un pilonnage antifa, médiatique et judiciaire assez intense, obtenant des scores supérieurs à ceux, localement, de partis nationaux comme Debout La France.
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