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Les conséquences politiques de la guerre

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La guerre que mène aujourd’hui l’Occident contre la Russie inquiète profondément les pays non occidentaux, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle si peu d’entre eux s’enrôlent sous la bannière occidentale.

En effet, tous les pays du monde, dans le dernier demi-siècle, ont quitté le modèle de l’autarcie frugale à base paysanne pour se rallier à la mondialisation. Et parce qu’ils n’ont sur leur propre sol qu’un faible pourcentage des ressources nécessaires au « standing » des pays du Nouvel Ordre économique mondial, ces pays dépendent désormais en bonne partie des autres pays, même simplement pour leur survie alimentaire.

Or, dans cette affaire de la guerre en Ukraine, les Occidentaux n’ont pas hésité à user de l’arme ultime, précisément dans le cadre de la mondialisation : couper brutalement et sans sommation la Russie de tout le système bancaire international. Le « sang financier » ne circulant plus, un pays soumis à une telle sanction risque à très court terme l’asphyxie et la mort.

Il se trouve que la Russie est un vaste empire, avec des richesses très variées qui sont susceptibles de lui permettre de vivre en bonne partie en autarcie. De plus, depuis les  de 2014, elle s’était préparée à une telle attaque économique et, par exemple, avait mis en place un système autonome de paiement par cartes bancaires, ce qui permet aux Russes de continuer à payer avec leur carte, y compris d’origine américaine. Cette éviction du système bancaire international n’a donc, pour le moment, pas mis à genoux l’ russe.

Et il est clair que des pays qui sont eux aussi des empires, comme la Chine, peut-être demain l’Inde, sont ou seraient (s’ils en prenaient la décision par prudence) également en mesure de continuer à fonctionner en vase clos, même en étant victimes d’une telle « bombe atomique » économique.

En revanche, les pays ordinaires, qui n’ont pas les ressources de la Russie ou de la Chine, qui sont plus faibles, plus dépendants de la finance internationale, de la mondialisation marchande, ne fût-ce que pour leur approvisionnement alimentaire, tous les pays de taille moyenne, en somme, ont pleinement conscience qu’ils s’effondreraient très vite s’ils étaient coupés brutalement de l’ mondiale.

On dira : ils n’ont pas besoin de s’inquiéter, il leur suffit de ne pas envahir illégalement un pays voisin et rien de mal ne leur arrivera. Toutefois, ces propos lénifiants ne suffisent pas à les rassurer. Car les pays non occidentaux peuvent facilement constater que l’Occident tend de plus en plus à faire pression sur eux afin de leur imposer des changements de législation et de comportement, par exemple dans la question du statut personnel (les fameux « droits LGBT »), de l’avortement (la prétendue «  reproductive »), de l’écologie (le thème du « changement climatique »), etc.

Les pays non occidentaux (ceux, du moins, qui ne sont pas des empires capables d’être autonomes) viennent d’avoir la démonstration aveuglante, dans l’affaire de la guerre russe contre l’Ukraine, que les Occidentaux, le jour où ils le décideront, n’auront aucun scrupule, aucune retenue contre un pays qui n’aura pas satisfait à leurs exigences, et qu’ils sont prêts à recourir à cette arme que l’on croyait jusqu’ici absolument dernière, l’arme qui ne devait jamais être utilisée mais servir seulement de menace conditionnelle à long terme, à savoir l’éviction du pays visé hors du système financier international.

Comme l’Occident vient d’utiliser cette arme sans barguigner, avant même toute accusation de crimes de guerre portée contre la Russie, chacun des pays non occidentaux se demande avec inquiétude si, pour avoir déplu en quelque point à l’Occident, il ne sera pas le prochain sur la liste des pays à abattre.

Alexandre Dumaine

https://www.bvoltaire.fr/les-consequences-politiques-de-la-guerre/

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