Député Rassemblement national au Parlement européen, Jean-Paul Garraud a souhaité y ouvrir un débat pour lutter contre la christianophobie. Il explique le sens de sa démarche et dénonce l'indignation sélective de l'Union européenne et des députés européens Renaissance (ex-LREM).
Marc Eynaud. Vous avez voulu alerter l’Europe sur le sort d’une jeune chrétienne au Nigeria. Pourquoi ?
Jean-Paul Garraud. Ce cas est, malheureusement, emblématique du sort des chrétiens dans certaines parties du monde.
Cette jeune étudiante chrétienne du Nigeria a été, le 12 mai dernier, lynchée puis lapidée à mort par une dizaine de ses camarades musulmans.
Ses bourreaux ont ensuite battu et fouetté son cadavre pour finir par l’incendier à l’aide de pneus.
L’origine de ce supplice se trouve dans un simple message, envoyé par Deborah dans le groupe WhatsApp de sa classe, demandant à ses camarades de bien vouloir arrêter de partager des messages à caractère religieux sur cette conversation dédiée à leurs études, ce qui a été considéré comme blasphématoire et a signé son arrêt de mort.
Au-delà de cet horrible crime, je souhaitais que le Parlement européen puisse aborder l’ensemble des persécutions des chrétiens dans le monde, y compris dans l’Union européenne où le nombre d’actes antichrétiens a augmenté de 96 % entre 2019 et 2020. Cela fait sept années consécutives que ces actes progressent dans le monde sans que le Parlement ne décide de bouger le petit doigt.
Il me semblait normal qu’un simple débat puisse au moins avoir lieu !
Marc Eynaud. L’Union européenne n’a pas accédé à votre demande. Quelles raisons vous a-t-on opposée ?
Jean-Paul Garraud. Une courte majorité, dont l’ensemble des députés soutenant Emmanuel Macron, n’a pas souhaité débattre de la persécution des chrétiens et du cas de la malheureuse Deborah Samuel Yakubu alors que le Parlement est toujours si prompt à condamner les cas de violation des droits de l’homme ou les crimes perpétrés contre des minorités.
Pour preuve, à peine quelques minutes après ma demande, il a adopté l’ajout d’un débat sur le cas de la journaliste palestinienne tuée, Shireen Abu Akleh, contredisant ainsi les propos du député communiste qui justifiait cette demande en indiquant que l’Union européenne ne pouvait considérer qu’il y a des morts de première classe et des morts de seconde classe, ce qu'elle venait pourtant elle-même de faire puisqu'elle avait voté, quelques instants auparavant, contre ma proposition concernant la jeune Nigeriane…
En réalité, ceux qui pilotent l'Union européenne n'ont pas grand-chose à faire du sort des chrétiens dans le monde et en Europe, et ils détournent le regard pour ne pas froisser les islamistes qui en sont responsables.
Marc Eynaud. On aurait pu penser qu’en tant que fer de lance dans la lutte contre les persécutions des minorités, l’Europe se serait emparée du sujet. Cela vous surprend ?
Jean-Paul Garraud. Malheureusement, non ! J’ai saisi plusieurs fois la Commission européenne pour lui demander d’agir contre la persécution des chrétiens. Alors qu’elle a nommé un coordinateur européen en charge de lutter contre l’islamophobie, et un autre pour lutter contre l’antisémitisme, elle refuse toujours de le faire pour la haine antichrétienne.
La Commission préfère utiliser l’argent des Européens pour des campagnes de communication promouvant le port du voile, subventionner des organes de propagande islamiste avec les fonds pour la recherche, financer des associations proches des Frères musulmans…
Marc Eynaud. Quel tableau dressez-vous de la christianophobie en Europe ?
Jean-Paul Garraud. Depuis plusieurs années, ce phénomène est en perpétuelle progression en raison, notamment, des trop importantes populations arrivées sans discontinuer sur notre continent et qui n’ont aucun désir véritable d’assimilation à nos sociétés européennes.
L’islam radical est un danger mortel pour nos nations et pour l’Europe. L'Union européenne, en totale déconnexion volontaire avec la réalité, ferme les yeux et continue à orchestrer et même amplifie ce mouvement migratoire.
Le débat sur la christianophobie risquerait de porter atteinte à ce mouvement. Il faut donc gommer ce risque en refusant le débat. Seule une prise de conscience populaire et un revirement politique pourraient y mettre un terme. D'où l'importance majeure du « troisième tour » en France des 12 et 19 juin prochains.