Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une campagne résolument de droite

220723

Le 20 juillet à Londres, on connaissait le résultat de la première phase de désignation, au sein du parti conservateur, du successeur de Boris Johnson. Le Comité 1922, – inventé en… 1923 – présidé par sir Graham Brady, révélait en effet, qu'après les éliminations successives de leurs 6 concurrents du départ, les deux derniers postulants en lice s'appelaient Rishi Sunak et Liz Truss. L'ex chancelier de l'Échiquier arrivait en tête avec 137 suffrages sur 357 députés, suivi de la secrétaire au Foreign Office, pour laquelle ont voté, en ce dernier tour, 113 honorables parlementaires contre 103 à Penny Mordaunt, qui était ministre du Commerce extérieur.

Notons que cette dernière, qui tenait le discours apparemment le plus "centriste", laisse donc le champ libre, jusqu'en septembre à un débat qui risque de se révéler d'autant plus animé que les compétiteurs campent sur des positions droitières très proches.

À cet égard, nos regards continentaux se trouvent faussés par des articles de presse typiquement parisiens. Citons ceux de la correspondante du Monde à Londres, Cécile Ducourtieux. Celle-ci voit "dans la dernière phase, un processus discutable" (cf. édition papier datée du 22 juillet) pour ce que son journal appelle simplement la "succession de Boris Johnson". Sans doute, par cette habile combinaison de titres, la rédaction tend à délégitimer le fonctionnement de la constitution même de la Grande-Bretagne.

Et de s'engouffrer dans une rhétorique assez stupéfiante, observant doctement qu'au terme des 12 débats régionaux qui s'échelonneront dans tout le pays ce seront seulement les 160 000 à 200 000 adhérents du parti conservateur, soit "0,35 % de l'électorat britannique" qui choisiront ainsi le nouveau Premier ministre à la date du 5 septembre. Or, Mme Decourtieux prétend constater que cet échantillon, "selon une étude" est composé "à 70 % d'hommes, plutôt âgés (la cinquantaine en moyenne), et ne représentant pas la diversité ethnique du pays."

De telles remarques suggèrent au lecteur, sans le dire explicitement, que le choix des gouvernants anglais ne doit pas être considéré comme vraiment démocratique. En fait, il s'agit d'un parti lui-même régulièrement confronté à des adversaires. Son principal rival a pour base traditionnelle les syndicats, mélangés à des militants de gauche. Quand les sujets de Sa Gracieuse Majesté votent à droite c'est en toute liberté et connaissance de cause, que cela plaise ou non à la rédaction du Monde.

Autre insinuation particulièrement mal venue : raisonnant dans les catégories de la pensée bobo-gauchisante, on nous présente Rishi Sunak comme un "immigré indien". Si finalement il ne l'emportait pas, la cause de son échec tiendrait au manque de diversité ethnique de son parti. Or, les vagues reproches qui lui sont adressés relèvent d'une tout autre logique : marié à l'héritière d'une des plus grosses fortunes de l'Inde, son épouse ne payant pas d'impôts au Royaume-Uni, alors que lui-même est chancelier de l'Échiquier c'est-à-dire ministre des Finances, cet heureux couple détient une carte verte d'immigrants… aux États-Unis.

Mais, pour le bonheur de l'Angleterre, le débat ne se cantonne pas à ce niveau.

Tous se retrouvent d'accord pour une politique de décrue fiscale et de lutte contre l'insécurité.

La réalité du parti conservateur se situe à droite et c'est sur des arguments de droite que les deux rivaux s'investissent. L'attitude des autorités françaises et l'incompétence apparente des services de Gérald Darmanin servent ainsi, sans doute sans le vouloir, la campagne de Liz Truss, réputée la plus coriace, qui les dénonce y compris dans les embouteillages monstrueux à Douvres, au moment de partir en vacances.

Quoiqu'il advienne, à la suite de ce processus, il reste que le Mélenchon britannique, en la personne de Jeremy Corbyn, se trouve désormais hors de course : voilà sur ce point, nonobstant le Brexit, nonobstant le souvenir de Fachoda et nonobstant ses goûts culinaires souvent déroutants, un pays qui peut paraître libre et béni des dieux.

JG Malliarakis

https://www.insolent.fr/2022/07/une-campagne-resolument-de-droite.html

Les commentaires sont fermés.