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La gloire de Mme Buzyn

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C'est le 1er septembre, à l'âge de 60 ans, que Mme Agnès Buzyn entreprendra une nouvelle carrière. Elle deviendra en effet conseillère maître en service extraordinaire à la Cour des comptes.

Sa nomination a été décidée, a-t-on appris le 29 juillet, d'une proposition de la Première ministre Élisabeth Borne, qui s'était faite discrète ces derniers jours. La décision a été approuvée en conseil des ministres.

Il est précisé que ses fonctions de contrôle dureront 5 années et ne seront pas renouvelables.

Mais aura-t-elle vraiment besoin de continuer à travailler ? Sera-t-elle au chômage ?

Rassurons nos lecteurs. On me pardonnera d'évoquer ici l'âge d'une dame, ce qui ne se fait pas dans une bonne société. Née en 1962, elle sera alors âgée, si nos notions d'arithmétique coïncident, de 65 ans. Elle pourra prendre alors une retraite bien méritée, bénéficiant de pensions multiples, cumulées à des titres divers, résultant de sa profession initiale d'hématologue universitaire, de ministre de la république, de fonctionnaire internationale et maintenant de magistrate financière.

Mise en examen par la Cour de Justice de la République pour « mise en danger de la vie d'autrui » à raison de sa gestion de la crise sanitaire, l'ancienne ministre de la Santé a déjà été élevée, le 1er janvier dernier au grade de chevalier de la Légion d'honneur. On se demande ce qu'en pense du fond de leur tombeau les soldats morts pour la France.

En février 2020, elle avait été désignée par le parti macronien pour briguer la mairie de Paris malgré l'apparition du Covid-19. Cette mission faisait la suite à l'explosion en plein vol de la première candidature envisagée de "La république en marche", celle de Benjamin-Blaise Griveaux, sous-produit du parti socialiste rallié comme tant d'autres, dès 2015, à la "Révolution" d'Emmanuel Macron, discrédité par une lamentable affaire de vidéos intimes. Le maintien par Buzyn de ses listes au deuxième tour a permis la victoire d'Anne Hidalgo dont peu de Parisiens se félicitent, et moins encore les Franciliens contraints de travailler à Paris.

Un an plus tard, début 2021, elle était nommée au titre de la France directrice académique de l'Organisation Mondiale de la Santé.

Autrefois on blaguait ce genre d'échanges de bons procédés en commentant "Passe-moi la rhubarbe, je te passe le séné".

J'avoue ne pas être certain que l'origine exacte de la formule remonte directement, telle quelle, à l'Amour médecin de 1665. La première scène de l'acte III de cette comédie de Molière ne mentionne pas explicitement un tel commerce de laxatifs. Ni non plus la chanson de Brassens de 1976 parfois citée en référence.

Mais on demeure plus perplexe encore si on s'interroge sur la valeur ajoutée de Mme Buzyn. Car si l'on voit bien quelles sortes de rhubarbes elle a reçues de la Macronie, on ne voit guère le sené qu'elle lui aurait apporté en contrepartie.

On ne peut que songer dans son cas à une sorte de privilège providentiel : cette personne, de grand talent pour sûr, appartiendrait de plein droit à la haute administration superprivilégiée.

On reprochait aux talons rouges, aux courtisans de la fin de l'Ancien Régime, de croire qu'ils savaient tout sans avoir jamais rien appris.

De même les "technocrates" semblent voués à des postes de direction interchangeables, passant de l'un à l'autre. Or, ils n'ont en général appris aucun des métiers qu'ils sont supposés inspecter, superviser, juger… ceci quand leurs fonctions ne se réduisent pas à une sinécure.

Attention toutefois à ne pas imaginer une cour des Comptes où personne ne travaillerait. Au contraire, ses rapports se révèlent souvent pertinents et utiles. On connaît le dialogue entre un ministre et un journaliste plus curieux que les autres : combien de gens travaillent dans votre ministère ? Réponse : "environ la moitié". Les parasites du système sont ceux de l'autre moitié. Or, ils bénéficient aux yeux du public du prestige de leur institution, sans y travailler eux-mêmes. Ils reçoivent aussi les avantages matériels de ceux qui travaillent.

Personne décemment n'oserait remettre en cause cette cour des Comptes qui justement a pour vocation de passer au crible les manquements ; idem pour le Conseil d'État, au sommet du contentieux administratif ; idem pour l'Inspection des Finances.

Or, il faut observer tous les politiciens décorés de ces titres d'inspecteurs, de conseillers, de maîtres de ceci et de cela, rémunérés en fonction de ces grades, réintégrés quand les électeurs n'en veulent plus, ... mais toujours indépendamment de l'exercice réel de la fonction. Une fausse valeur comme Michel Rocard fit toute sa carrière politique, y compris lorsque, soi-disant révolutionnaire, il dirigeait le PSU, à l'ombre confortable de son statut. Idem une bonne partie de nos anciens dirigeants comme l'humoriste François Hollande.

Quant à la glorieuse Mme Buzyn on ne lui connaît même pas l'ombre d'un mérite comparable. Quel service a-t-elle rendu et à qui ?

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/2022/08/-la-gloire-de-mme-buzyn.html

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