C’est que ce 15 août est aussi le premier anniversaire du retour des talibans au pouvoir après vingt ans de guerre. On parle ici de la dernière, celle menée par le camp du Bien et qui, de « Justice sans limites » en « Liberté immuable », aura conduit à ce résultat absolument mirifique qu’est la débandade américaine et le retour des talibans au pouvoir. En effet, la signature d’un accord historique avec les talibans, par Washington, en février 2020 prévoyait le retrait des troupes étrangères contre des garanties de sécurité. Mais « Resolute support » (soutien résolu au gouvernement afghan, corrompu jusqu’à la moelle) aurait dû s’écrire « arnaque totale ». Joe Biden a achevé le retrait des troupes et les talibans sont entrés dans Kaboul désertée. Le président fantoche s’était enfui.
Alors, on a fait comme si. On a feint de croire qu’en vingt ans, les talibans avaient « changé » (comme nos Présidents). Le nouvel « Émirat islamique » (c’est son nom) serait un modèle du genre : on n’obligerait pas les femmes à se voiler, les petites filles pourraient aller à l’école et les grandes participer à la vie de la cité, travailler peut-être… Nos éminences se sont inclinées : on ne pouvait juger a priori. Il fallait faire confiance et contre mauvaise fortune bon cœur. Les Afghans les avaient voulus, etc., et bla-bla-bla, embrassons-nous, Folleville !
Un an s’est écoulé et la presse, ce lundi, aligne les constats épouvantés : « Un an après le retour des talibans, la vie détruite des femmes afghanes : "Parfois, je pleure en pensant à tout ce qu'on a perdu" » (France Info) ; « Afghanistan : depuis le retour des talibans, le calvaire des femmes » (France Info) ; « Le cauchemar sans fin des femmes afghanes » (BFM TV) ; etc.
Le Point, qui s’est intéressé aux tentatives de rébellion des femmes, décrit un « retour à l’âge de pierre » : « Un an à peine après leur arrivée au pouvoir, les talibans ont déjà effacé les Afghanes de l'espace public. À Kaboul, les affiches à l'effigie de femmes ont été badigeonnées de noir. Dans les vitrines, le visage des mannequins féminins a été recouvert d'un épais voile. »
Petit à petit, au fil de ces derniers mois, l’obscurantisme et la tyrannie sadique des mollahs et de leurs séides ont repris le dessus. Ils ont grignoté tous les espaces de liberté : ainsi, « le 7 mai, le chef suprême taliban, Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux Afghanes de se couvrir d'un voile intégral en public, de préférence la burqa, et chargé la police des mœurs de faire respecter le décret ». On sait tout cela, ça n’est plus une surprise. Non, ce qui surprend un peu, c’est la réflexion qui suit sous la plume de l’envoyé spécial du Point à Kaboul.
Voici ce qu’il écrit à propos de la burqa : « Un calvaire cet été, alors que les températures frôlent les 35 degrés. » Un calvaire. À Kaboul.
Et ici, en France ? Dans le Var comme dans tout le pays, de canicule en canicule, on a tourné autour des 40 °C. Pourtant, sans qu’une police des mœurs ne les y contraigne, on croise quotidiennement des centaines de femmes dans leurs longues robes – le plus souvent portées sur un pantalon ou un caleçon –, la tête emmitouflée dans un foulard à plusieurs tours ; certaines ont par-dessus la longue tenue noire ou marron les gants, le masque. Les plus audacieuses (ou militantes ?) d’entre elles osent la plage en burkini. Les dames Rousseau et autres écolo-féministes patentées y voient une expression suprême de la liberté.
Ici, dans le quartier branché, une boutique vient d’ouvrir pour cette clientèle. Elle s’appelle « Les Sœurs ».
Marie Delarue