Le ministre de l’Intérieur aurait-il fait des compromissions avec l’islam radical ? Il semblerait que oui, si l’on en croit les révélations faites par le site d’investigation Mediapart. Gérald Darmanin connaissait depuis de nombreuses années le prêcheur Hassan Iquioussen, actuellement menacé d’expulsion, affirme le site. Il fut une époque où le ministre, alors député UMP, « cherchait à s’attirer les voix des musulmans » pour conquérir la mairie de Tourcoing.
Un dîner en échange du vote musulman
La rencontre entre l'imam proche des Frères musulmans et Gérald Darmanin s’est produite quelque temps avant les élections municipales de 2014. Durant ce dîner, ils ont « échangé politesses et conseils, en marge des élections municipales de 2014 », révèle Mediapart. « Le but : ravir les voix des musulmans de Tourcoing et les ramener dans l’escarcelle de Gérald Darmanin en misant, notamment sur l’influence du prédicateur. » Hassan Iquioussen se souvient de cette soirée et raconte au journaliste : « On a passé une très belle soirée. C’était très positif, on s’est mis d’accord sur 99,9 % des sujets de conversation. » Un autre invité présent ce soir-là abonde dans ce sens. « L’ambiance était cordiale. Il n’y avait ni échanges musclés ni même de débats contradictoires. C’était constructif. »
Tout est bon pour remporter la victoire
Ce dîner n’est pas venu à l’esprit de Gérald Darmanin par hasard. La rencontre est le fruit d’une réflexion sur l’importance du vote communautaire musulman dans les élections françaises. Pour le député UMP, l’échec de Nicolas Sarkozy à se faire réélire en 2012 est tout simplement dû au report de voix de la communauté musulmane vers François Hollande. Une fois ce constat en tête, Gérald Darmanin va tenter de séduire les musulmans par tous les moyens possibles. « Ils ont un discours volontiers "réactionnaire" en fait (rire), bien plus en tout cas que les catholiques », a confié Gérald Darmanin à Gilles Kepel pour son livre Passion française. Le candidat à la mairie de Tourcoing promet alors de ne pas célébrer les mariages entre personnes de même sexe s’il est élu. Lors du fameux dîner, Gérald Darmanin « mettait un point d’honneur à rappeler qu’il portait comme deuxième prénom Moussa, que ça venait de son grand-père », se remémore un convive. « Il disait : "Nous partageons certaines opinions. Vous, les musulmans, vous n’approuvez pas le mariage homosexuel. Nous avons cette même ligne." »
Le pire, dans cette histoire, comme nous l’apprend Mediapart, c'est que l’actuel locataire de l’hôtel de Beauvau était déjà au courant, en 2014, des propos très sulfureux de Hassan Iquioussen. Ce qui ne l’a pas empêché de jouer l’indignation à l’Assemblée nationale, il y a quelques semaines.
Une affaire peut en cacher une autre
Coïncidence ou pas, le nom Darmanin semble être lié de longue date à l'imam Iquioussen. Selon Le Parisien, ce jeudi 25 août, l’imam a acheté, il y a une vingtaine d’années, une maison dans le nord de la France à un oncle du ministre de l’Intérieur. La propriété, quand elle appartenait à la famille Darmanin, « hébergeait au début des années 2000 les activités de transport du parent du ministre, Claude Darmanin », nous informe le journal. Le bâtiment a tapé dans l'œil de l'imam et la transaction entre les deux familles n'a pas tardé. « C’est aussi à partir de cette base que la famille [de l’imam], extrêmement soudée, a bâti un sacré patrimoine immobilier, acquérant de nombreux biens aux alentours », relève le quotidien. Un enrichissement par la pierre dont se targue l’un des fils de l'imam fiché S. « On peut dire que les Darmanin ont contribué à l’enrichissement de la famille Iquioussen ! » écrit Soufiane aux journalistes.
Avec toutes ces révélations, la campagne de Gérald Darmanin contre l'imam et sa sincérité dans la lutte contre l’islamisation ont du plomb dans l'aile aux yeux de l’opinion publique.