Christophe Foltzenlogel est juriste au Centre européen pour le droit et la justice (European Centre for Law and Justice – ECLJ) et auteur du rapport « La persécution des chrétiens ex-musulmans en France et en Europe ». Il est interrogé sur Boulevard Voltaire :
[…] On sait qu’il y a des atteintes graves et répétées aux biens, aux églises et cimetières chrétiens en France. On sait que le radicalisme islamiste existe et que des cellules terroristes ou des « loups solitaires » sont actifs sur notre sol. On sait moins, en revanche, qu’il est difficile et souvent dangereux de quitter l’islam en France et en Europe.
C’est pourtant la réalité que l’ECLJ établit dans ce rapport à travers des dizaines de témoignages : la communauté musulmane accepte très mal qu’un musulman « apostasie » et rejoigne une autre religion. Une partie des musulmans va jusqu’à persécuter physiquement et violement ceux qui quittent l’islam, surtout si ces derniers expliquent publiquement pourquoi ils rejettent l’islam.
L’autre objectif est de bien prendre conscience de cette réalité pour y remédier. Que ce soient les communautés religieuses qui accueillent des convertis ou l’État qui doit garantir la liberté et la sécurité de ses citoyens, les réponses ne sont pas toujours adaptées. Par exemple, on nous a raconté à plusieurs reprises que des prêtres avaient découragé des musulmans de rejoindre l’Église catholique et avaient refusé de les catéchiser en leur faisant comprendre que c’était trop dangereux. Autre exemple pour l’accueil social : il arrive que des jeunes filles aillent dans des foyers d’hébergement d’urgence car elles se sont fait chasser de leur foyer à la suite de leur conversion. Les fonctionnaires des services sociaux ne sont pas informés des risques encourus par ces filles et la décision de renvoi dans la famille peut être prise à la légère.
Combien de musulmans se convertissent chaque année en Europe et en France ?
C’est impossible à dire, on ne peut que donner une fourchette. Le plancher est le nombre de baptêmes dans « l’Église catholique de France », soit environ 300 ex-musulmans chaque année. On sait que beaucoup se convertissent aussi au protestantisme et les églises évangéliques en banlieue des grandes villes sont particulièrement dynamiques. Cependant, elles ne tiennent pas de registres uniformisés et les associations ne peuvent donner un chiffre précis. Il y a ensuite ceux qui rejettent l’islam et qui sont attirés par le christianisme, qui lisent la Bible mais qui ne vont pas pouvoir ou vouloir franchir le seuil d’une église. Il y a ceux qui se « convertissent à l’agnosticisme ou à l’athéisme ». Nous avons rencontré ou échangé avec beaucoup d’ex-musulmans qui sont devenus très opposés à toutes les religions, comme par un traumatisme causé par l’islam. Ceux-ci, à l’échelle de l’Europe, représentent des millions de personnes. Cependant, seule une petite partie d’entre eux va assumer publiquement son rejet de l’islam alors qu’une grande partie ne se sent tout simplement plus musulmane, mais ne dit rien et continue de ne pas manger de porc ni de boire d’alcool en public. Enfin, il y a ceux qui quittent l’islam… et qui y reviennent. Beaucoup de convertis baptisés n’arrivent pas à supporter la pression et reviennent à l’islam après quelques années. En France, au vu des expériences des responsables associatifs et des quelques ressources d’études sociales, on peut raisonnablement avancer le chiffre d’environ 30.000 chrétiens ex-musulmans.
En France, les ex-musulmans convertis sont-ils en danger ?
Oui, mais les situations varient grandement. Si vous êtes un ex-musulman vivant de manière assez isolée ou éloignée d’une communauté musulmane, dans un village par exemple, vous n’êtes pas en danger. Cependant la majorité des convertis vit dans un milieu musulman, principalement en banlieue. Beaucoup veulent partir, mais ce n’est pas toujours économiquement possible. Dans cette hypothèse il y a un vrai danger car dans toutes les grandes villes de France, des minorités islamistes radicalisées sont prêtes à en découdre avec ces « traîtres », ces apostats « hypocrites ». Si leur conversion est éventée, ils peuvent faire l’objet de harcèlement et même de guet-apens. On a porté à notre connaissance de nombreux lynchages « d’ex-musulmans ». Par conséquent, les convertis font très attention, ne fréquentent plus certains quartiers et s’isolent autant que possible. […]