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Les Aventuriers de la Fête de l’Huma : Mélenchon, Roussel et Ruffin à la recherche du peuple perdu…

Décidément, tout fout le camp. Rome n’est plus dans Rome et la Fête de L’Humanité n’est même plus à La Courneuve. Pire encore : au traditionnel barbecue de la classe ouvrière du siècle dernier – avant qu’il ne passe chez Jean-Marie Le Pen –, la Fête de L'Huma a substitué une forme de table ouverte aux ennemis de toujours, gauchistes, écologistes et autres militants de causes sociétales bien éloignées des préoccupations historiques du prolétariat.

Le trotskiste (tendance lambertiste) Jean-Luc Mélenchon s’y trouvait un peu en terrain conquis. Quelle ironie de l’histoire que cette revanche du petit Léon (Trotski) contre le grand Joseph (Staline)… D’ailleurs, à en juger des images diffusées, on se demandait un peu qui invitait qui : Fabien Roussel conviant le rustaud Jean-Luc Mélenchon, pas très loin d’uriner sur le tapis du salon, ou le second s’invitant chez le premier sans y avoir été tout à fait convié, confondant rideaux et rince-doigts.

Au cœur des débats : la polémique lancée par un Fabien Roussel manifestement bien décidé à faire entendre sa propre musique au sein de la NUPES, relative à la « gauche du travail » contre celle « des allocations et des minima sociaux ». Et le patron de La France insoumise de faire remarquer : « Les grandes entreprises ont touché 140 millions d’euros durant la crise sanitaire. L’assistanat, c’est eux » ; ce qui n’est fondamentalement pas faux non plus.

Mais la gauche et la gauche de la gauche étant ce qu’elles sont, il y a bien sûr polémique dans la polémique, grâce (ou à cause) du lutin François Ruffin, député LFI de la Somme, qui vient de publier un essai où il explique que la gauche doit d’urgence reconquérir le vote populaire perdu. Certes, Ruffin prend à cette occasion ses distances avec Roussel : « Opposer la France qui bosse à la France des allocs, ce ne sont pas mes mots. » Il n’empêche que cela est un peu, voire beaucoup, le fond de sa pensée, l’auteur n’hésitant pas à comparer l’ancienne présidente du Rassemblement national à une « vierge Marine qui ferait apparaître une pluie de selfies » à chacun de ses passages dans la France des oubliés…

Un autre hiérarque communiste de l’ancienne espèce, Roger Martelli, historien officiel du PCF, va, lui, droit au but : « Il y a le constat évident auquel tout le monde est confronté : le RN s’implante chez les ouvriers. Cette catégorie a le sentiment d’être méprisée. C’est une population tentée par l’idée qu’on est dans une société d’assistance. » Cité par Le Monde du 12 septembre, il y a encore le sociologue Olivier Schwartz qui, dans son texte « Vivons-nous encore dans une société de classes ? », note que pour les classes populaires existe désormais « le sentiment d’être non pas seulement soumis à une pression venant du haut, mais aussi à une pression venant du bas, venant de plus bas qu’eux ». Le constat n’est pas idiot, sauf que l’auteur néglige un facteur majeur : l’immigration. Soit le grand absent, l’éternel impensé de l’actuel logiciel de gauche ; surtout celui de l’allié écologiste.

Ainsi, après la polémique dans la polémique, il y a le  dans le meeting et ces dizaines de militants EELV venus apporter leur soutien aux Ouïghours, minorité chinoise de confession musulmane, à la fois tenaillée par l’islamisme et le séparatisme, avec laquelle (c’est le moins qu’on puisse prétendre) Pékin a la main un peu lourde. Bref, une manifestation anticommuniste en plein sanctuaire communiste. Ce n’est peut-être pas du temps de Georges Marchais qu’on aurait vu ça. Dans cette affaire, tout comme celle du Tibet, Jean-Luc Mélenchon a toujours fait sienne la position des autorités chinoises. Même au quinoa, un pilpoul demeure un pilpoul.

Heureusement, tout est bien qui finit bien : Fabien Roussel, malgré sa tentative de reconquête du monde ouvrier, demeure un communiste de son temps. En effet, entre deux algarades relatives à la ligne du parti, il a trouvé le temps de marier deux militants qui se sont rencontrés il y a un an à ce même barbecue inclusif. N’est-ce pas touchant ? Il en faudra sûrement un peu plus pour faire revenir le monde ouvrier au bercail électoral. Encore un effort, camarade Fabien !

Nicolas Gauthier

https://www.bvoltaire.fr/les-aventuriers-de-la-fete-de-lhuma-melenchon-roussel-et-ruffin-a-la-recherche-du-peuple-perdu/

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