C’est une information qui est quasiment passée sous silence depuis la fin du mois de juillet et que Philippe Olivier, député RN au Parlement européen, vient de remettre sur le tapis à travers ce tweet : « En Hollande, des bateaux géants sont aménagés pour des transferts massifs de migrants en Europe. La presse en parle discrètement. »
De quoi s’agit-il, exactement ? Le 23 juillet, L’Alsace nous en disait plus : « Les centres d’accueil étant surpeuplés depuis la guerre en Ukraine, les Pays-Bas ont décidé d’acheminer des navires de croisière pour accueillir les migrants et les réfugiés, quitte à les "laisser en pleine mer". Une décision qui choque. » Mais qui ne semble pas avoir choqué longtemps, vu le black-out médiatique plus haut évoqué. En attendant, près de 60.000 réfugiés s’entassent à l’extérieur des camps de migrants, à Ter Apel, village de la province hollandaise de Groningue, par exemple. D’où cet autre tweet posté, ce 21 juillet, par Eric Van der Burg, secrétaire d’État à la Justice et à la Sécurité : « Des familles sous le soleil de plomb dans l’herbe de Ter Apel, cela ne peut pas et ne doit pas arriver aux Pays-Bas. Nous avons un besoin urgent de solutions à cette crise de l’asile. Nous devons franchir toutes les barrières qui sont encore érigées. »
En temps normal, ce sont les immigrés clandestins qui « franchissent » les barrières et non point ceux qui sont censés les protéger. Passons. Après, il y a encore quelques soucis de logistique. Et L’Alsace de révéler : « Le premier navire doit arriver sous peu et être amarré dans le port de Velsen. Or, les deux autres bâtiments font face à un problème de taille. Le port de Vlissingen, par exemple, l’un des seuls du pays assez grand pour accueillir ce type de navire, a refusé par "manque de soutien" […] "Il y a plus d’aide pour les petits abris que pour les grands emplacements, comme un navire", note la municipalité. » En d’autres termes, chacun semble se refiler le mistigri.
Pour tout arranger, VluchtelingenWerk, le Conseil des réfugiés local, s’en mêle, affirmant à son tour : « Le cabinet [d’Eric Van der Burg, NDLR] veut répondre au souhait de certaines municipalités de n’accueillir que des Ukrainiens et aucun autre réfugié. » Et Andrea Vonkeman, directrice de la délégation néerlandaise du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, de s’insurger : « Aucune distinction ne devrait être faite sur la base de la nationalité lors de leur accueil. » Ce que la maison mère de l’ONU confirme : « Il n’est pas souhaitable de laisser les demandeurs d’asile flotter sur des navires au large des côtes. De cette façon, vous les placez en dehors de la société et ils n’ont aucune liberté de mouvement. »
Qui a dit qu’il ne se passait jamais rien, aux Pays-Bas ? Car si l’on comprend bien, les Hollandais voudraient bien envoyer les immigrés extra-européens vers le grand large tout en tolérant la présence sur leur sol d’immigrés européens – les Ukrainiens – dont le statut de réfugiés de guerre n’est plus véritablement à démontrer. On en apprend un peu plus sur le site Info-Migrants qui, le 27 juillet, nous dit : « Pour répondre aux inquiétudes concernant la liberté de circulation dans le cas où les bateaux seraient positionnés en pleine mer, les autorités cherchent des solutions. L’État étudie la possibilité de leur permettre de faire la navette entre la côte et le port afin que les migrants puissent sortir quand ils le souhaitent. »
Notons que rien ne semble avoir été prévu, pour le moment, en matière d’activités ludiques à bord et de room service, sans doute à la grande consternation des ONG et autres No Borders.
Nicolas Gauthier