Le billet de Patrick Parment
Allo maman bobo ! chantait Souchon. Emmanuel Macron pourrait en dire autant. Son fusible, miss Elisabeth Borne, Premier ministre, appelle les Français à se montrer raisonnable en matière de consommation de gaz et d’électricité. Misant sur un hiver peu clément, l’Etat nous laisse entendre que des coupures d’électricité sont à craindre. Il faut bien dire que nos énarques à force d’avoir fait joujou avec notre parc nucléaire en démantelant EDF de son monopole et en voulant faire plaisir à ces imbéciles d’écolos, on a fragilisé notre industrie nucléaire alors que nous étions les leaders non seulement européens mais mondiaux.
Et deux hommes sont particulièrement responsables de cette catastrophe, François Hollande pour de basses manœuvres électorales et son ministre d’alors, un certain Emmanuel Macron. Si l’on ajoute à cela le fait que les Allemands, via l’Europe, ont tout fait pour que nous ouvrions notre électricité à la concurrence histoire de nous fragiliser, on comprend mieux pourquoi les trois quarts de nos centrales sont en révision. Sans parler de la fermeture de Fessenheim pour faire plaisir aux écolos-barjots ! Le mot indépendance nationale, si chère au général De Gaulle, n'a cessé d’être bafouée par ses successeurs, exception faite de Georges Pompidou et Giscard au triste destin.
Par ailleurs, l’Europe s’est mise dans un pétrin dont on ne mesure pas encore toute l’ampleur en soutenant les Américains dans la guerre qu’ils livrent à l’Union soviétique hier et à la Russie aujourd’hui, via l’Ukraine qui leur sert d’épouvantail et à laquelle ils fournissent, et nous autres Européens par la même occasion, du matériel militaire pour combattre les armées russes. Bref, en se mettant à dos la Russie de Poutine, en votant d’inutiles sanctions, ce dernier a utilisé l’arme dont il disposait en nous coupant le gaz et dans une moindre mesure le pétrole. Et si vous regardez une carte de géographie, vous vous rendrez vite compte que la Russie est nettement plus proche de nous que l’Amérique. Et ce n’est pas le gaz algérien, ni norvégien qui va suppléer à nos besoins. Dans cette affaire, les Allemands vont payer cher l’absence de gaz russe qui venait alimenter toute leur industrie. Leurs écolos vont-ils se frotter les mains ? Mais il n’y a pas que l’Allemagne qui va plonger, c’est tout le continent européen qui va payer la note à l’heure même où l’irresponsable Van der Leyen entend voter de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie.
Le fait de savoir si nous allons passer l’hiver – ce dont se foutent complétement les américains – n’est pas le plus inquiétant pour ce qui est de celui de 2022-2023, il est de savoir ce qui va se passer ensuite quand, faute d’énergie nécessaire, c’est toute l’industrie européenne qui va plonger dans le rouge. Que diront alors Macron et autre miss Borne pour faire passer la pilule ? A la suite du sabotage des gazoducs NordStream 1 & 2, Vladimir Poutine a déclaré : « En organisant des explosions sur les gazoducs internationaux qui longent le fond de la mer Baltique, ils ont en réalité commencé à détruire l’infrastructure énergétique européenne ». On ne saurait mieux dire.
Revers de la médaille, il y a de fortes chances que les peuples européens ne l’entendent pas de cette oreille et demandent des comptes à leurs dirigeants. Car pas plus qu’on ne voulait se battre pour Dantzig, pas plus les Européens n’entendent se battre pour l’Ukraine. Sauf les Polonais et les baltes que les soviétiques ont marqué au fer rouge et qui manquent de réalisme. Les temps ont changé et on voit mal Poutine se lancer militairement à l’assaut de l’Europe alors qu’il rame en Ukraine. Idem de l’Allemagne qui vient d’allouer 100 Mds€ à son armée sur fond d’achat de matériel américain. On croit rêver. Non, c’est le rêve européen qui part en sucette. Au stade où nous en sommes, on se pose la question de savoir si l’implosion de l’Union européenne ne serait pas une bonne chose. A moins que l’irruption soudaine des populistes ne change la donne. Mais pas dans sa version Meloni. Le problème des européens n’est pas d’être pour ou contre Poutine, il est de créer les conditions pour que Poutine daigne s’asseoir à la table des négociations et de rééquilibrer nos rapports avec lui.