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Dans la tête de Poutine, la “voie russe” originale est autoritaire, chrétienne, conservatrice, nationaliste

Dans la tête de Poutine, la “voie russe” originale est autoritaire, chrétienne, conservatrice, nationaliste

Loin des caricatures des “experts” de plateau télé et d’ailleurs, Frédéric Pons dresse le portrait de Vladimir Poutine dans Valeurs Actuelles. Extrait :

[…] Patriote soviétique et officier du KGB déçu par l’effondrement de l’URSS (1991), Poutine n’a jamais cessé d’approfondir sa réflexion politique, grâce à quelques maîtres à penser russes, dont le principal est le philosophe Ivan Iline (1883-1954), l’un des inspirateurs d’Alexandre Soljenitsyne. Slavophile et orthodoxe, Iline rejetait la démocratie occidentale, jugée inadaptée à la Russie, au profit d’une « dictature ferme, national-patriotique ».

Dans la tête de Poutine, cette “voie russe” originale est autoritaire, chrétienne, conservatrice, nationaliste. Elle repose sur l’affirmation d’un État fort, l’exaltation politique de l’histoire, la réhabilitation de la religion, la défense de l’ordre naturel, du patriotisme et de la grandeur de la Russie. Tout ce dont rêvait aussi Soljenitsyne. Tout ce qu’une partie des élites occidentales déteste… Cette ligne guide le chantier de restauration que Poutine conduit depuis août 1999. À l’intérieur, le rétablissement de l’unité, de l’ordre et de l’autorité. Poutine veut-il ressusciter le système soviétique ? Surtout pas, a-t-il souvent répété – l’a-t-on écouté ?

« Ce fut un couloir aveugle », dit-il. À l’extérieur, il souhaite une Russie forte et respectée, pour éviter son encerclement. Veut-il reconstituer l’empire soviétique ? Il a déjà répondu non. Pour lui, l’important est de relever la puissance et l’influence russes, de reprendre le contrôle de son “étranger proche”, en ralliant les peuples slaves. C’est l’une des clés de l’invasion de l’Ukraine.

L’épreuve est de taille, comme le montrent les revers militaires russes et la réaction de l’Occident. Malgré les risques, Poutine a pourtant décidé d’attaquer, persuadé qu’il était dangereux d’attendre plus longtemps. Attendre, c’était risquer de voir l’armée ukrainienne, réarmée depuis 2014 par les États-Unis et le Royaume-Uni, se lancer à la reconquête du Donbass et de la Crimée. C’était aussi perdre le port stratégique de Sébastopol, sur la mer Noire, et accepter des bases de l’Otan en Ukraine. Poutine avait mis en garde l’Occident à ce sujet, dès 2007. L’entrée de l’Ukraine dans l’Otan serait un casus belli. L’alignement total de Kiev sur Washington, depuis huit ans, conduisait à cette adhésion tant redoutée par Moscou. C’est la logique profonde de l’attaque russe. […]

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