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Une guerre sans fin

par Philip Giraldi.

Quel est le problème des États-Unis ?

L’officier général prussien Carl von Clausewitz est célèbre pour s’être inspiré de sa propre expérience dans les guerres napoléoniennes pour analyser la guerre en tant que phénomène politique. Dans son livre de 1832 « De la guerre », il fournit un résumé concis et fréquemment cité de la guerre contre la paix, écrivant du point de vue de la stratégie politico-militaire que « la guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens ». En d’autres termes, la guerre est un outil disponible pour les chefs d’état pour qu’ils atteignent les objectifs politiques d’une nation lorsque tous les autres ont échoué.

Nous pouvons rejeter l’amoralité absolue de la pensée de Clausewitz concernant la guerre tout en reconnaissant aussi que certaines nations sur un plan historique, ont exploité la guerre comme outil d’expansion physique et d’appropriation de ressources étrangères. En remontant à la République romaine, les leaders élus du pays étaient aussi chefs de leurs armées consulaires, dont ils prévoyaient qu’elles seraient envoyées étendre l’impérium à chaque printemps. Plus récemment, la Grande-Bretagne s’est particulièrement engagée dans des guerres coloniales presque constantes à travers les siècles pour établir ce qui allait devenir le plus grand empire de l’histoire.

Les néoconservateurs américains de premier plan pensent typiquement qu’ils ont hérité de la protection d’un empire et des puissances belligérantes qui vont de concert avec cette particularité, mais il ont évité d’autres aspects de la transition en transformant les États-Unis en une nation façonnée par la guerre et ayant tout pouvoir pour la faire. Ce qui en découle tout d’abord après qu’on ait initié les hostilités avec un autre pays, est imprévisible. Commençant avec la Corée et continuant avec le Vietnam, l’Afghanistan, l’Irak aussi bien que d’autres opérations mineures en Amérique latine, en Afrique et en Asie, la guerre américaine n’a apporté que de la désolation pour ceux qui en ont font les frais avec pas grand chose de positif à démontrer pour la mort, la destruction et une dette qui s’accumule. La raison d’être d’avoir un gouvernement national fédéral qui est celle d’amener un bénéfice concret pour les Américains est aussi oubliée dans la hâte d’utiliser la force. Il y en a rien de tout cela depuis le 11 septembre et même avant, alors que le discours intransigeant de Washington sur ce qui est devenu une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine promet plus de souffrance – peut-être même un désastre – et aucun avantage réel.

Si on a un doute sur le fait que faire la guerre est devenu la fonction principale des démocrates comme des républicains à Washington, il suffit simplement de prendre en considération plusieurs histoires qui ont surgies ces dernières semaines. La première vient du côté républicain, et inclut un développement possiblement positif. Le leader de la minorité à la Chambre, le républicain Kevin McCarthy, a mis en garde il y a deux semaines que le GOP ne continuera pas nécessairement à signer un « chèque en blanc » pour l’Ukraine s’ils obtiennent la majorité à la Chambre aux prochaines élections, reflétant le scepticisme grandissant de son parti concernant le soutien financier illimité pour le régime corrompu en place à Kiev. Voici ce que McCarthy a expliqué : « Je pense que le peuple va sombrer dans la récession et ne va pas signer un « chèque en blanc » pour l’Ukraine. Ils ne veulent pas tout simplement… Ce n’est pas un chèque en blanc gratuit. »

Le soutien inconditionnel pour l’Ukraine, qui est une invention de la Maison Blanche et des médias depuis le début des hostilités, a amené un nombre croissant de républicains, en particulier ceux qui sont alignés avec l’approche « America First » de Donald Trump, à contester le besoin de dépenses massives à l’étranger à une époque d’inflation record dans le pays. Depuis que la Russie a lancé son invasion en février dernier, le Congrès a donné son accord à des dizaines de milliards de dépense dans l’état d’urgence et l’assistance humanitaire en Ukraine, alors que la présidence Biden a livré des armes et des équipements de stocks militaires pour encore plus de milliards de dollars, tout cela avec une surveillance limitée sinon inexistante de la destination de l’argent et des armes qui partent en fumée.

Mais, malheureusement, le GOP est loin d’être uni dans son approche du conflit Ukraine-Russie. La membre du Congrès Liz Cheney a démontré qu’elle est la digne fille de son père, a utilisé son temps libre pour essayer de pendre Donald Trump et de dénoncer ce qu’elle appelle « l’aile pro-Poutine du Parti républicain. » Elle l’a exprimé ainsi : « Vous savez, le Parti républicain, c’est le parti de Reagan, le parti qui a fondamentalement gagné la guerre froide. Et maintenant vous assistez à ce que je crois être l’aile pro-Poutine en développement du « Parti républicain ». Cheney a critiqué Fox News pour sa « propagande en cours » sur le sujet et plus particulièrement, elle a appelé l’animateur de Fox News Tucker Carlson « le plus grand propagandiste de Poutine sur cette chaîne… on doit vraiment se poser la question : de quel côté est Fox dans cette bataille ? Et comment cela se fait-il qu’on ait une aile du Parti républicain qui pense que l’Amérique devrait se ranger du côté de Poutine alors qu’il mène cette invasion brutale de l’Ukraine ? »

Il est remarquable que Cheney n’ait pas développé le sujet de la cause initiale de l’évolution de la guerre qui est due à la préférence de la part des États-Unis et du Royaume Uni pour les bruits de bottes au lieu de la diplomatie avec Moscou. Ou pourquoi les États-Unis se sentent obligés de s’acheminer au bord d’une éventuelle guerre nucléaire pour une question de politique étrangère qui ne relève pas d’un intérêt véritable pour le peuple américain. Et où a-t-elle fait son commentaire ? À l’Institut McCain en Arizona. Et oui, il s’agit bien d’un héritage du sénateur John McCain, un autre républicain qui n’a jamais considéré une guerre autrement que sous l’angle du soutien enthousiaste.

Le président Joe Biden ainsi que la présidente de la Chambre Nancy Pelosi ont confirmé que les États-Unis restent du côté de l’Ukraine jusqu’à ce que la « victoire » soit obtenue, qu’importe ce que cela signifie, alors que d’autres officiels de la présidence ont indiqué que le but réel du combat est d’affaiblir la Russie et de faire partir le président Poutine. L’attaché de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a débité avec désinvolture la ligne du parti lorsqu’on l’a interrogé sur les commentaires de McCarthy. Elle a remercié les leaders du Congrès pour leur travail bipartisan pour « soutenir l’Ukraine pour sa défense contre les crimes et les atrocités de la guerre russe », ajoutant que « nous continuerons à œuvrer avec le Congrès et nous continuerons à surveiller ces conversations sur ces effort et soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. Nous allons tenir cette promesse que nous faisons aux Ukrainiens courageux qui combattent chaque jour, se battre pour leur liberté et leur démocratie. »

Probablement plus bizarre que les commentaires de Cheney, est l’histoire d’une lettre qui avait été préparée par trente progressistes du Parti démocrate exhortant le soutien américain à des négociations pour mettre fin au combat en Ukraine. La lettre avait été préparée en juin mais non publiée jusqu’à la semaine dernière avant d’être rapidement retirée sous la pression le jour suivant. Pramila Jayapal, qui préside le caucus progressiste du Congrès, a expliqué qu’elle avait été retirée car elle « avait été associée avec les commentaires » faits par McCarthy sur sa mise en garde au sujet des coupes budgétaires pour l’Ukraine. Jayapal s’est référée à la lettre comme d’un « égarement », mais ce qu’elle voulait dire vraiment, c’était que son groupe ne désirait pas faire cause commune avec les républicains quelque soit l’enjeu, y compris la guerre et la paix dans un conflit en aggravation ce qui est manifestement inutile.

Jayapal, désemparée, s’est aussi employée à contredire le message publié par son propre groupe, mettant l’accent sur le fait qu’il n y avait pas eu d’opposition à la politique sur l’Ukraine de la présidence de la part des démocrates au Congrès. Elle a expliqué que les démocrates « avaient fortement et unaniment soutenu et voté chaque paquet de lois pour l’assistance militaire, stratégique et économique aux Ukrainiens ». Elle a doublé la mise sur le message de la Maison Blanche, affirmant que la guerre en Ukraine s’achèvera seulement par la diplomatie après une « victoire ukrainienne. »

Ainsi fondamentalement, quiconque parlant de façon sensée de l’Ukraine à Washington est sommé de se taire par des forces internes aux partis politiques eux-mêmes œuvrant ensemble avec des médias nationaux aux ordres qui déforment tout ce qui se passe sur le terrain. C’est une bonne recette pour une tragédie puisque la présidence Biden n’a montré aucun signe de recherche diplomatique avec la Russie pour mettre fin au conflit malgré la récente mise en garde surprenante du président que le monde faisait désormais face à un risque élevé d’un « Armageddon » nucléaire, qu’il impute bien sûr à Poutine. Étant donné tout cela, dans mon humble opinion, un gouvernement qui est incapable ou n’ayant pas la volonté de faire des progrès raisonnables pour protéger ses propres concitoyens tout en évitant également une possible catastrophe nucléaire qui pourrait au final submerger le monde entier, est fondamentalement malfaisant et a perdu tout légitimité. Il devrait reconnaître ce fait avant de présenter sa démission.

source : Unz Review

https://reseauinternational.net/une-guerre-sans-fin/

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