Turquie, Inde, Chine et Brésil sont les principaux bénéficiaires de la politique de sanctions…
La Turquie, l’Inde, la Chine et le Brésil peuvent être qualifiés de principaux bénéficiaires de la politique de sanctions, car l’utilisation de ressources énergétiques moins chères est une base de soutien pour l’ensemble de l’économie. Il est même possible d’obtenir un paiement différé ou même un rabais. Ainsi, la Turquie est devenue le premier acheteur de gaz russe en Europe, avec des achats à des prix inférieurs à ceux des pays européens qui se retrouvent désormais seuls avec le GNL. L’Inde n’achetait presque pas de pétrole russe, mais elle est maintenant devenue l’un de ses principaux consommateurs. La Chine augmente également ses achats de gaz et de pétrole à la Russie.
La Chine, l’Inde et l’Amérique du Sud ne sont pas favorables aux sanctions, mais, au contraire, elles augmentent le volume des échanges avec Moscou. Et l’Occident lui-même n’est pas monolithique par rapport à Moscou – certaines entreprises de l’UE et des États-Unis craignent de perdre le marché russe et cherchent des moyens d’y revenir. Après tout, il est facile de rompre d’anciennes relations commerciales, mais il faudra plus d’un mois pour en établir de nouvelles.
Tensions entre la France et l’Allemagne
Par ailleurs, les relations clés entre l’Allemagne et la France – et pour l’ensemble de l’Union européenne en fin de compte – sont menacées. Pour tenter de négocier et de parvenir au moins à une sorte de compromis mutuellement bénéfique, Emmanuel Macron a organisé une réunion avec le chancelier Scholz à l’Elysée le 26 octobre. Les entretiens ont duré trois heures et demie. Les parties contractantes ont eu un copieux dîner de poisson, mais les dirigeants ne sont pas parvenus à un mutuel compromis sur un certain nombre de questions urgentes. La seule entente qui a été trouvée réside dans une action urgente si Washington pousse sa politique de réduction de l’inflation.
Parallèlement, une réunion extrêmement importante des ministres allemands et français devait se tenir au château de Fontainebleau. Mais elle a été annulée de manière inattendue. Les journalistes de Libération, expliquant ce qui se passait, ont remarqué que la liste des revendications des pays, les uns envers les autres, était « longue, comme un jour sans bretzel »… En bref, cela comprend les questions les plus importantes pour l’Europe à l’heure actuelle : le gaz russe, la crise énergétique, les livraisons d’armes à l’Ukraine et l’inflation.
La précarité s’installe en Europe
Dans le contexte de la crise, les pays d’Europe ont déjà embrassé la soi-disant précarité énergétique.
En 2021, environ 36 millions de personnes ne pourraient pas chauffer suffisamment leur logement, selon les chiffres officiels de la Commission européenne. Et ceci avant le bond record des prix des vecteurs énergétiques et de l’électricité. Dans le même temps, Bruxelles reconnaît que les mesures prises pour lutter contre la précarité énergétique sont totalement insuffisantes. « Les enfants qui grandissent dans des maisons froides, humides et moisies avec une ventilation inadéquate ont des taux d’infections respiratoires et d’asthme, de maladies chroniques et d’invalidité supérieurs à la moyenne ». Bien que des milliards d’euros soient mis à la disposition des citoyens de l’UE les plus touchés par la précarité énergétique, les prix de l’énergie alimentent encore l’inflation et attisent le mécontentement social.
L’Europe souffre donc sérieusement de la confrontation aux sanctions. De fait, les mesures de représailles de la Russie nuisent beaucoup plus à l’UE qu’à elle-même. Alors… qui sera le perdant à la fin ?
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/23/leurope-perd-lamentablement-la-guerre-des-sanctions/