Tout cela fleure bon le renvoi d’ascenseur, l’entre-soi velouté, la clarté obscure des hôtels de luxe, l’honnêteté en option, la manipulation tranquille et le mépris des Français, bien loin des numéros de claquettes servis à ceux qui ont glissé naïvement dans l’urne leur bulletin Macron. Certainement bien conseillé, McKinsey explique (à France Info) que « le cabinet collabore pleinement avec les autorités publiques, comme cela a toujours été le cas ». Oui, c’est même un peu le fond du problème…
Car nos amis de McKinsey sont carrément soupçonnés de « blanchiment aggravé de fraude fiscale » depuis qu’un rapport du Sénat a relevé que le cabinet de consultants n'avait pas payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020. L’enquête a dû poser quelques questions, puisque le parquet national financier a donc décidé d’ouvrir une information judiciaire sur le financement de la campagne électorale d'Emmanuel Macron.
Bien sûr, empressons-nous de préciser que tout ce petit monde lié par l’argent et le pouvoir (beaucoup d’argent et beaucoup de pouvoir) est présumé innocent comme l’agneau de lait. De là à prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, il y a un pas…
Justement, ce 14 décembre, pendant que le PNF enquête, la Cour des comptes publie un rapport sur le recours orgiaque du pouvoir macroniste aux très coûteux cabinets de conseil en général et à… McKinsey en particulier (l’un des plus coûteux du marché, sinon le plus cher). Même Le Monde s’en émeut, c'est dire !
La Cour dénonce une distribution des masques « organisée en urgence et mise en œuvre dans des conditions parfois critiquables ». On appréciera la nuance. Mais elle stigmatise « des retards », « des surcoûts » et se penche surtout sur « les conditions problématiques de recours à des prestations de conseil générales ».
Quelques chiffres ? L’État avait prévu pour McKinsey 604.000 euros de budget en 2021. Le cabinet, véritable cerveau de cette crise, a finalement facturé, l’an dernier… 4,4 millions d’euros pour ses précieux conseils en « stratégie vaccinale ». Plus de sept fois la somme prévue ! À lui seul, le cabinet chéri de la Macronie a englouti près de la moitié du budget de consulting prévu par la Direction générale de la santé (DGS) au titre de la crise du Covid-19 (9,5 millions au total). Résultat : les stocks de masques et autres matériels sont énormes…
Le Conseil d’État énumère en conclusion l'illustration de la Macronie : « Une forte centralisation des décisions » au sein du cabinet du ministre, une gabegie de consultants, soit « la mobilisation de cabinets de conseil privés, parfois au-delà des expertises techniques n’existant pas au sein de l’État [], y compris dans des domaines relevant de compétences purement administratives » ou encore « un Parlement maintenu en grande partie à l’écart des décisions prises »… Soit une gestion très très autoritaire.
La Cour des comptes prépare un rapport pour le premier semestre 2023 sur le recours de l’État dans son ensemble aux cabinets de conseil privés. On en salive d'avance. Il faudra, en effet, expliquer aux Français comment un des États les plus taxés du monde libre, un de ceux qui emploient le plus de fonctionnaires, parvient encore à faire la fortune de cabinets de consulting proches du pouvoir… sur le dos décidément très large des contribuables français.
Macron, lui, avec son assurance coutumière, crâne : « Je ne crains rien », a-t-il affirmé, le 25 novembre. Voilà six mois, il lançait : « S’il y a des preuves de manipulation, [que] ça aille au pénal ! » Chiche !
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/mckinsey-et-covid-letau-judiciaire-se-resserre-sur-letat-macroniste/