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Retour sur les Wisigoths

De Napoléon III s’avisant de raconter les campagnes de Jules César sans être aidé d’un nègre, à Lorant Deutsch, débitant son fromage sur « La 5 », une erreur a fini par s’enraciner dans le mental des Français : nos ancêtres seraient tous des Gaulois, du nord au sud de l’Hexagone, foi de Michelet, de Lavisse et même d’Augustin Thierry. C’est oublier le royaume de Toulouse qui se prolongea en Aquitaine et en Septimanie. Cinq siècles se sont ainsi évaporés. Lorsqu’Aragon vint à Saint-Florent-le-Vieil, devant « le plus beau paysage du monde », rendre hommage à la clémence de Bonchamp le Vendéen et, en même temps, à David d’Angers, le Blanc et le Bleu mêlés dans le syncrétisme nécessaire à la République, son emphase désignait l’outre-Loire à la dévotion nationale. Mais ce n’était qu’une partie de la Belgique, le pays « de galerne »…

Il avait le dos tourné à la sombre région des Mauges où, au temps de Radegonde (VIe siècle), les dernières mines de métaux rares fermaient, abandonnant au chômage et aux vices, des Nibelungen pas encore « français », leurs antres chtoniens voués à la multiplication des couleuvres et autres vipères. C’est de notoriété scientifique : les Mauges regorgent de reptiles. Et plus encore les marches avantagères comme on nomma, au temps du roi Charles VII, les vastes étendues bordant au nord le golfe du Poitou. La preuve : les filles de Lusignan et la sage Mélusine ont le bas du corps qui finit en queue de lézard. C’est évidemment mieux que les armes du duché de Milan pour lesquelles Sforza et Visconti firent croquer un marmot par une couleuvre géante, mais ce n’est pas très pratique. Tout cela pour dire que le jour de 507 où le chef des Francs, Clodowig – tout fraîchement baptisé Clovis en Champagne pouilleuse –, passa la Loire à la tête des fayots de Soissons – ses soldats – et des rockeurs de Chelles – ses fils –, il ne marchait pas contre des Gaulois mais contre les Wisigoths d’Alaric, roi de Toulouse. Ce ne fut pas Tolbiac, ce fut Vouillé. On en maintient une rue, Paris 15e, avec l’assentiment du Deutsch sus-nommé. Cela ne prouve qu’une chose, comme disait Brasillach : l’histoire est écrite par les vainqueurs. Parce que M. de Beauregard, évêque d’Orléans en 1822 (après nombre de vicissitudes, dont un séjour à Cayenne), a brillamment démontré, en son temps, que ce n’est pas à Vouillé que doit être fixée « la vraie position de ce Campus Vocladensis où Clovis vainquit et tua Alaric », mais à Mougon ou à Voulon, « aux anciens gués du Clain »… et que la bataille s’acheva « dans les plaines en avant de Champagné-Saint-Hilaire ». Puis les Francs, leur mauvais coup perpétré – fors le trésor d’Alaric, hin hin… – , repartirent comme ils étaient venus pour aller en Thuringe, massacrer du Germain. Les Wisigoths sans roi demeurèrent, plantèrent leurs choux et gavèrent leurs oies pour le foie gras. Ils avaient pour religion une déviation de la catholique : Dieu le Père, certes, Jésus, le Fils, oui… mais quid du « Saint-Esprit » ? C’est alors que pour les convertir arriva Radegonde de Thuringe, pieuse répudiée du roi Clotaire. Elle avait vécu en femme battue durant vingt ans, avant d’obtenir à Poitiers le monastère Sainte-Croix. Le pays wisigoth conquis et transformé en Aquitaine s’avançait jusqu’à la Loire, depuis les limites de l’Anjou et de la Bretagne (comté de Clisson) jusqu’à la Vienne et Candes-Saint-Martin. Radegonde aimait s’y pourmener avec son confesseur Venantius Fortunatus, alias Venance ou Venant, et remonter la RN 751 qui longe la rive gauche du fleuve et ses hautes falaises d’ardoises puis de tuffeau. C’est ainsi qu’un jour d’orage, elle se mit à l’abri dans mon village, et qu’elle en chassa un gros serpent qui terrorisait mes ancêtres. Ingrats, mes compatriotes d’alors lui refusèrent, malgré ce bienfait, de laisser le ferrand lui ferrer sa jument. Ils en furent punis jusqu’à la fin des temps bien qu’ils aient dédié leur paroisse à Saint Venant. Les mille cinq cents ans qui suivirent, aucun forgeron ne put s’installer… Allez savoir ! MORASSE

Crédit photo : DR
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