Après ce drame, les riverains du Chemin des Barques espéraient pourtant que les pouvoirs publics se saisiraient enfin de cette question et apporteraient une solution définitive à une situation qui dure depuis de nombreuses années. Force est de constater qu’une fois de plus, passées l’émotion et les déclarations tonitruantes des responsables de l’ordre public, rien n’a changé et rien ne changera vraisemblablement avant longtemps.
Face aux interrogations légitimes des familles des victimes et des habitants, les représentants de l’État ont bien tenté de vendre leur bilan de la lutte qu’ils disent mener contre les trafics de stupéfiants. Ainsi, ont-ils égrené devant les médias le nombre de consommateurs verbalisés, le nombre de revendeurs interpellés ou bien encore le nombre de policiers désormais impliqués dans cette chasse aux trafics qui pourtant ne diminuent pas.
De fait, en choisissant de s’en prendre aux points de deals connus et aux consommateurs, c’est uniquement à une petite partie émergée de l’iceberg que le ministre de l’Intérieur à décidé de s’attaquer. Cette stratégie, porteuse du point de vue de la communication, est en effet sans aucune efficacité sur le phénomène qui ne cesse de se répandre et se développer. Par ailleurs, extrêmement consommatrice en effectifs et en temps, le retour en termes de sécurité est quasiment nul puisque le champ ainsi laissé libre aux délinquants dans d’autres domaines ne fait qu’aggraver une situation sécuritaire déjà hors de contrôle.
Vaulx-en-Velin fait pourtant partie de ces villes qui ont grandement profité des subventions publiques. À l’issue des émeutes qui y sévirent dans les années 1990, de nombreux plans de réhabilitation et de réaménagement y furent conduits sans que manifestement les résultats n’aient été au rendez-vous. Symbole incontestable de l’échec des politiques de la ville menées depuis 40 ans, et emblématique de la gabegie financière induite par ces dernières, c’est vers de nouvelles interrogations qu’il faut se tourner afin de tenter de remédier à une situation a déjà fait trop de victimes.
La reconquête de nos quartiers ne se fera pas dans la demi-mesure et sans douleur. Le mal est en effet trop profond pour espérer que de simples opérations de police suffiront à redresser la situation. Pour les quartiers les plus touchés par la criminalité, c’est un plan de reconquête qu’il faudra établir en apportant un traitement policier et judiciaire massif. Des groupes d’interventions polyvalents, placés sous l’autorité directe de magistrats du parquet, devront être mis en place et auront pour mission, dans un cadre juridique particulier, d’œuvrer à l’éradication totale des gangs et des trafics. Et c’est seulement à l’issue de ces actions fortes et déterminées, lesquelles pourront prendre plusieurs mois voire plusieurs années selon le cas, qu’une véritable police de proximité pourra être rétablie dans des lieux où elle n’a aucune chance de réussir aujourd’hui.
Mais il est évident désormais qu’une telle démarche ne pourra réussir que si elle est menée conjointement par tous les services de l’État en général et par la police et la justice en particulier. Il y a trop d’antagonisme entre les ministères de la justice et de l’intérieur pour pouvoir espérer les moindres résultats positifs en matière de lutte contre la délinquance. Pour cette raison, et afin de changer définitivement la donne, la réforme qui consisterait à placer la police judiciaire dans le giron de la justice devrait apporter à la fois l’efficacité et la sérénité dont notre pays a besoin pour résoudre une question à laquelle aucun de nos gouvernants n’a su apporter de solution.
Olivier Damien
https://www.bvoltaire.fr/tribune-vaulx-en-velin-le-symbole-de-nos-echecs-en-matiere-de-securite/