Tout commence en février 2010, lorsque la mairie inaugure le nouvel espace associatif interculturel Yvon-Luby : un nouvel équipement de 1.134 m2, installé pour la modique somme de de 1,7 million d’euros, et partagé entre une association portugaise et la communauté musulmane. Fait édifiant, Gilles Leproust (PCF), le bon maire, ne demande pas de loyer à cette dernière, qui profite donc des locaux pendant dix ans sans devoir fournir de contrepartie. En septembre 2021, c’est la consécration : l’Association allonnaise pour le juste milieu (AAJM) qui gère la mosquée d’Allonnes reçoit le prix Yvon-Luby pour la paix pour avoir distribué de la nourriture aux plus démunis. Mais un mois plus tard, la chance tourne avec la fermeture de la mosquée, sur décision du ministère de l’Intérieur. Les chefs d’accusation sont nombreux et l’arrêté préfectoral stipule, entre autres, que les dirigeants du lieu de culte « promeuvent une pratique radicale de l'islam, légitiment le recours au djihad armé, la mort en martyr ainsi que l'instauration de la charia ». L’un des fidèles est quant à lui accusé d’avoir expliqué que « les attentats étaient des signes forts contre la France et les Français qui enfin comprennent que nous sommes armés et prêts à faire la guerre ». Deux mois plus tard, les deux associations gérant le lieu de culte sont à leur tour dissoutes par Gérald Darmanin.
L’affaire ressurgit le 14 décembre 2022 lors d’un conseil municipal : le maire fait voter la mise à disposition d’une aile du bâtiment communal pour deux nouvelles associations musulmanes créées au cours de l’année - cette fois avec l’instauration d'un loyer. Les locataires devront désormais payer la somme d’environ 2.200 euros par mois. L’histoire pourrait s’arrêter là si le maire n’envisageait pas la possibilité de vendre l'aile de ce bien à ces associations.
Contacté par BV, Gaëtan Cordelet, élu d’opposition (sans étiquette) de la ville d’Allonnes, s’emporte : « Le prix pose un sérieux problème : ce bien serait sous-estimé par les domaines alors qu’il est immense, il date de 2010 et est en parfait état ! On brade un local municipal. » L’élu ne décolère pas : « Ils n’ont pas payé de loyer pendant dix ans et c’est la ville qui a payé toutes leurs charges d’eau, d’électricité. Cela revenait à 8.700 euros par an. » Et d’ajouter : « Cela m’est égal que le culte soit catholique, musulman. Simplement, il n’y a aucune raison que cette association profite d’un bâtiment pour un tiers de ce qu’il a coûté. » Car selon l'élu d'opposition, c'est à vil prix que l'édifice serait vendu. Pour Gaëtan Cordelet, l’objectif est clair : « Il y a une volonté clientéliste et électoraliste de la part de Monsieur le maire. » De son côté, la mairie n’a pas donné suite à nos sollicitations.
L’épisode n’est pas terminé car Gaëtan Cordelet devrait, avec d’autres élus d'opposition, demander que soit organisé un référendum auprès des Allonnais sur ce sujet. Affaire à suivre, donc.
Marie-Camille Le Conte