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C’est fou, ça, les députés RN travaillent !

Il en est de certains partis politiques comme de certains crus classés dans le monde merveilleux du vin : leur histoire, les habitudes, les préjugés de classe mais peut-être aussi la paresse intellectuelle font qu’à un certain moment de leur existence, ces partis finissent par vivre, voire survivre, uniquement de leur rente, usant et abusant de leur belle étiquette gagnée à une époque désormais lointaine et révolue.

Il en est de ces fameux partis estampillés « de gouvernement » comme de certains crus bourgeois. Par exemple, cela fait bientôt onze ans que les LR n’ont plus été aux affaires de l’État et, pourtant, ils s’accrochent à ce fameux label de qualité comme une duchesse à tabouret à son arbre généalogique. Ne parlons pas du Parti socialiste, qui vient de réélire son Premier secrétaire dans l’indifférence quasi générale des Français. A contrario, d’autres partis progressent dans ce « guide des vins » de la politique. Les goûts changent, la société change, tout change. Qui, en France, aurait acheté un vin californien ou chilien, il y a quarante ans ? En politique, c’est pareil. Sauf qu’avec la montée du , on reste sur un produit résolument national. C’est d’ailleurs peut-être les raisons de ses derniers succès.

Face à ce changement de tendance, pour emprunter une sémantique commerciale, les détenteurs de la rente semblent ne pas en revenir. C’est le journaliste Laurent Bazin qui rapporte l’anecdote dans un tweet. « Une députée socialiste à son voisin, sénateur : "Je suis hallucinée de voir les propositions de loi du RN. – Nulles ? [les préjugés ont la vie dure !] – Au contraire, super bordées. Ils sont très, très organisés. Tout est au carré. Ça change du bordel de LFI". »

Un hommage qui fait écho à celui de la présidente de l’Assemblée nationale rapporté par Le Figaro : « Ses élus nous montrent qu’ils travaillent, qu’ils sont présents, avec un leadership clair. » N’est-ce pas là les qualités que l’on attend d’un mouvement politique qui aspire à gouverner le pays ? Faisons un peu d’histoire politique : dans les années 70, après le congrès d’Épinay, le , fondé sur les ruines de la vieille SFIO, aspirait à gouverner le pays. Le leadership était clair et était détenu par François Mitterrand. Certes, il avait derrière lui une longue et solide expérience ministérielle et parlementaire. Mais à part lui et quelques rares individualités, comme Gaston Defferre, la quasi-totalité des figures montantes de ce parti en plein ascension n’avait exercé aucune responsabilité ministérielle. En 1981, le  accédait au pouvoir, ayant réussi à capter les aspirations des classes populaires et même au-delà, dans une France qui se terciarisait et compterait bientôt plus de professeurs que de soudeurs. Il n’est donc pas improbable que les 88 députés RN siégeant aujourd’hui sur les bancs de l’Assemblée nationale soient l’avant-garde d’une nouvelle classe politique qui pourrait arriver aux affaires lors de la prochaine échéance et que LR et le PS connaissent le triste sort du vieux Parti radical aux débuts de la Ve République.

Il est, du reste, intéressant de voir le comportement de ces vieux partis dits « de gouvernement », face aux propositions de loi déposées par le RN, notamment lors de sa « niche parlementaire » de début janvier. Un seul exemple : la proposition de loi visant à étendre le droit de visite des parlementaires aux établissements sociaux et médico-sociaux, défendue par la députée du Var Laure Lavalette, voulait répondre « aux tristes échos, parfois médiatiques mais bien souvent silencieux, de dérives au sein des établissements sociaux et médicaux sociaux, notamment dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ». Rejetée. Quelques jours après, une députée Renaissance défendait cette idée dans la matinale de RTL avec presque des trémolos dans la voix ! Pour le coup, Renaissance n’est pas un « vieux parti » mais semble bien avoir hérité des préjugés de ses aînés. « Ils sont redoutables… À l’avenir, le combat contre le RN doit être mené sur le fond, pied à pied », reconnaissait Mme Braun-Pivet, toujours selon Le Figaro. Visiblement, ce n’est pas que sur le fond que le combat est mené : on le voit avec un sujet, comme celui des EHPAD, qui devrait faire consensus...

Georges Michel

https://www.bvoltaire.fr/cest-fou-ca-les-deputes-rn-travaillent/

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