C’est l’immigration qui permet à nouveau à la France d’afficher un solde démographique positif en 2022. L’Insee, dans son bilan, a enregistré 19 000 bébés en moins par rapport à 2021 (723.000 naissances). Les décès, eux, affichent une surmortalité estimée à 46.000 personnes, supérieure à la surmortalité de 2021 qui était de 43.000. Cette hausse serait due, selon l’Insee, à la canicule et au Covid ; l’hypothèse de possibles effets secondaires des vaccins anti-Covid n’est pas envisagée par l’institut. Pour autant, la population française affiche une augmentation de 0,3 %. La fécondité de la femme d’origine européenne étant de 1,80 enfant en 2022 (contre 1,84 en 2021), c’est bien l’apport de l’immigration de peuplement qui permet, une nouvelle fois, un renouvellement positif des populations. Il est rendu possible à 2 enfants par femme en moyenne. La femme immigrée ou d’origine immigrée fait en moyenne 2,6 enfants, dont 3,5 enfants pour la femme originaire du Maghreb.
Comme le rappelait récemment Pierre Brochand, ancien patron de la DGSE, « avec près d’un demi-million d’entrées annuelles et un taux de 40% d’enfants de 0 à 4 ans d’origine immigrée, la cause me paraît entendue sur ce plan ». A savoir, que la France s’installe dans un modèle multiculturel jamais débattu, bien que partout dans le monde il se caractérise par la conflictualité et le séparatisme.
Cette chute historique de la natalité a atteint « son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » précise l’Insee. Les raisons de cette dépression collective sont multiples. Elles tiennent notamment à la persistante remise en cause de la politique familiale entamée dès 2014 par François Hollande, et à l’angoisse existentielle engendrée chez les plus jeunes par la politique de la peur (du réchauffement, du Covid, de la guerre, etc.) développée par le gouvernement. Reste que cette donnée démographique vient rappeler l’angle mort du débat sur les retraites par répartition. Ce système ne peut tenir, en effet, que grâce à une démographie dynamique ou à une immigration massive. Le Danemark social-démocrate, pour protéger son Etat providence, a choisi de réduire drastiquement les entrées sur son territoire et de durcir l’accès à la nationalité.
La France n’a toujours pas fait cette analyse de la fragilité de son modèle social, qui ne tient que grâce à son large périmètre de solidarités. Or, si l’immigration permet en apparence de payer les retraites, elle participe aussi à l’éclatement de la nation et à la société de défiance. A terme, rien n’indique que des cotisants accepteront de payer pour une contre-société ne se reconnaissant française que pour bénéficier de la redistribution nationale. Il serait grand temps de relancer une politique familiale, suspendre l’immigration et réfléchir à l’apport de la capitalisation dans la retraite.
Ivan Rioufol
Texte daté du 18 janvier 2023 et repris du blog d’Ivan Rioufol