Homo Sapiens, après s’être hybridé avec l’Homme de Néandertal au sortir de l’Afrique, a ensuite rencontré son cousin Denisova en Asie, une espèce très diversifiée génétiquement, à tel point que certains estiment qu’elle constitue un ensemble de plusieurs espèces. Environ 0,5 % du génome des populations asiatiques proviendrait d’une hybridation avec Homo Denisova, mais cela va jusqu’à 5 % pour les Papous. Par ailleurs, les Papous auraient hérité leur fort taux de génome Denisova d’une population denisovienne sud-est asiatique totalement distincte de celle trouvée dans les fossiles du nord de l’Eurasie. Les Ayta Magbukon, tribu des Philippines, possèdent même encore plus de Denisova dans leur génome d’après une étude publiée dans Current Biology en 2021.
Le chikungunya, même pas peur !
Pour mieux comprendre l’impact de cette introgression [flux de gènes d’une espèce vers une autre à la suite d’hybridations répétées] de génome issu de Denisova parmi les Papous, les scientifiques ont analysé parmi 56 individus de Papouasie-Nouvelle-Guinée les allèles issus tant de Denisova que de Néandertal. Les Papous auraient hérité de près de 82 000 variants de Denisova. En comparant la distribution d’allèles archaïques et non-archaïques et les données déjà existantes sur les fonctions des gènes dans notre espèce, les scientifiques ont pu montrer que des variants issus de Denisova affectent fortement les cellules liées au système immunitaire. Le résultat est une réponse inflammatoire aux infections nettement atténuée, qui a pu les aider lors de leur adaptation à cette région tropicale et devenir un avantage évolutif clé, par exemple contre le chikungunya.
Cette étude est une première pour ce qui est de l’impact de l’hybridation avec Homo Denisova. Beaucoup restent à découvrir. Jusqu’ici, seuls très peu de gènes ont été sélectionnés ici.
https://www.revue-elements.com/immunite-lheritage-dhomo-denisova-dans-ladn-des-papous/