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C8, CNews, les médias d’opposition de Bolloré dans le collimateur : quand le système panique

Les coups pleuvent sur l’homme d’affaires Vincent  et ses médias qui encaissent simultanément trois mauvaises nouvelles. Ce 9 février 2023 au lever du soleil, à la question de Léa Salamé « C8 et CNews pourraient perdre leur fréquence ? », le ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a précisé, sur France Inter, qu'« il y des obligations à respecter, il y a déjà eu une vingtaine d’interventions de l’Arcom depuis 2019 pour C8 et CNews […] Je rappelle juste le cadre qui existe, c’est important. » On a connu plus rassurant. Désormais, les fréquences des chaînes gratuites du groupe Canal+, C8 et CNews apparaissent clairement menacées. Elles pourraient être réattribuées à d'autres opérateurs plus « coopératifs » avec le système, voire avec le pouvoir, lors de leur renouvellement en 2025, sauf à rentrer dans le rang du politiquement correct, l'œil bas, la mine humble et la corde au cou.

Le deuxième coup est tombé ce 9 février au crépuscule avec la décision de l’Arcom, l'organisme qui a succédé au CSA : l'émission « Touche pas à mon poste ! » diffusée le 10 novembre 2022 sur la chaîne C8, propriété du groupe , écope d’une amende hors de proportion avec les sanctions passées, d’un montant de 3,5 millions d'euros !

Dans une conversation portant sur le bateau de migrants Ocean Viking avait contesté avec animosité les propos du député LFI Louis Boyard qui s’en prenait aux cinq personnes les plus riches de France, dont Vincent Bolloré, coupables selon lui d’« appauvrir l’Afrique ». Hanouna lui reprochait vertement de n’avoir pas rechigné à « prendre un salaire » du même  lorsqu’il était chroniqueur dans son émission et de revenir sans vergogne mordre la main qui l'avait nourri.

« Atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation »« méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise de son antenne » : c’est peu dire que le gendarme de l’audiovisuel a eu la main lourde. Le régulateur considère que l'invité a été « explicitement empêché d'exprimer en plateau un point de vue critique à l'égard d'un actionnaire du Groupe Canal+, auquel appartient le service de télévision C8, et que, par suite, l'émission n'avait pas été réalisée dans des conditions qui garantissent l'indépendance de l'information. »

Il est vrai que le service public, par exemple, nous a habitués à tant d'indépendance qu’on y entend tous les jours, par exemple, ceux qui souhaitent la privatisation de ses antennes… Dans l’histoire des sanctions infligées aux chaînes de télévision, le montant de l’amende est pharaonique. Déjà, en 2017, une amende de 3 millions d’euros contre la même chaîne pour un canular jugé homophobe avait défrayé la chronique et créé un précédent inédit. Record battu !

Tout est fait pour faire plier celui qui est devenu l’ennemi médiatique numéro un du système, Vincent Bolloré, propriétaire de l'insupportable chaîne d'opposition CNews. Car ce n’est pas tout. Par un hasard assez extraordinaire - troisième coup -, le quotidien Le Monde publie une interview très violente de l’écrivain  qui lancera, dans une petite semaine, le 16 février, un conte-pamphlet consacré à Bolloré. Son titre : Histoire d’un ogre. L’écrivain qui vantait servilement en 2009 la Charte des valeurs du groupe Bolloré, comme le rappelle le journaliste Olivier Tesquet, louant alors « la fidélité et la liberté d’entreprendre » du génie breton, s'est aperçu de son erreur. Il estime aujourd'hui l'industriel « dangereux pour la démocratie ». Tout bonnement.

Ainsi, l’honneur du délicat Louis Boyard est-il évalué par l'Arcom à 3,5 millions d’euros. Combien vaudra celui de Bolloré, qualifié par Orsenna « d’ogre », de « prédateur qui n’apporte rien d’autre aux entreprises que son nom » ! L'écrivain sera bientôt auditionné par la Commission européenne sur la liberté éditoriale et les grands groupes de presse et d’édition. On se disait aussi que l’Europe ne devait pas être loin. « Le combat ne fait que commencer », lance l'écrivain. Il ne fait pas bon posséder des médias d'opposition au pouvoir dans la France des droits de l'homme. La violence de l’attaque impose à Bolloré, qui n’aime pas cela, de sortir du bois.

« Des critiques récentes sur le travail réalisé par les chaînes du groupe Canal+ et certaines accusations ad hominem pour promouvoir la sortie prochaine d’un livre ne peuvent être laissées sans réaction », répond Vivendi dans un communiqué du 9 février. Le groupe piloté par  ne se trompe pas de combat : « La liberté d’expression, en France, est un droit fondamental, rappelle-t-il. Notre seul rôle, en tant que groupe de médias et de contenus, est de favoriser un débat sain qui entretient la démocratie, de favoriser l’échange d’idées et de cultures, l’ouverture d’esprit et l’esprit critique. »

Apparemment, ce n’est pas l’avis de tout le monde. Orsenna, dans cet entretien au Monde, dévoile la teneur très politique du conflit : « S’il n’avait pas mis tout son empire au service d’Éric Zemmour, je ne me serais jamais lancé dans cette croisade », explique l’écrivain qui part donc en guerre contre la liberté éditoriale. Comme un coup de projecteur explicatif involontaire, Le Monde encore, daté du 10 février, titre en manchette : « Politique : l’extrême droite tétanise la majorité présidentielle. » Avec l'évolution des sondages, c’est tout un système qui tremble sur ses bases, de peur. Et qui mord.

PS. : à l'intention des esprits malveillants, précisons que BV ne reçoit pas un kopeck de  ou de son empire.

Marc Baudriller

https://www.bvoltaire.fr/c8-cnews-les-medias-dopposition-de-bollore-dans-le-collimateur-quand-le-systeme-panique/

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