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Stratégies d'extrême gauche

230329

Ce 28 mars 2023, tous les observateurs ont pu le remarquer. La dimension proprement sociale et syndicale de la contestation, face à la [minuscule] réforme des retraites avait nettement reculé. Par rapport aux journées précédentes, et selon les différents compteurs, on a enregistré, en nombre de grévistes comme dans les défilés de rue, une régression quantitative de 25 à 30 % par rapport à la journée du 23. L'Éducation nationale, où la FSU communiste tient pourtant le haut du pavé, affiche un taux d'arrêts du travail inférieur à 9 %. La perspective d'une prochaine série d'actions, annoncée pour la semaine suivante, avant même que l'on connaisse le contenu d'une rencontre souhaitée par la CFDT, et acceptée, désormais, par le gouvernement ne fait plus trembler personne.

À Paris, où la municipalité soutenait la spectaculaire grève des éboueurs, aux conséquences particulièrement malodorantes et dommageables, pour la filière touristique comme pour les commerces et la vie quotidienne, c'est ce même 28 mars qui voit la CGT reconnaître devoir reprendre le travail, et s'apprêter à évacuer les milliers de tonnes de déchets... faute de grévistes !

On notera aussi au besoin que, parallèlement à ces tentatives activistes, le 53e Congrès de la vieille centrale stalinienne s'ouvrait et se déroulait à Clermont-Ferrand dans la confusion, dans la division et la contestation des votes. Le vieil apparatchik Martinez, secrétaire général depuis 2015 et dont le mandat s'achève, ne parvient pas à imposer sa candidate Marie Buisson. Pis encore : son bilan d’activité s'est vu rejeté part 50,3 % des mandats. Jean-Marie Pernot, historien des syndicats, y voit "une première pour la CGT des temps modernes", c'est-à-dire depuis qu'en 1943 le parti communiste en a pris le contrôle.

Les fédérations s'affrontent, porteuses de lignes politiques aujourd'hui contradictoires qui se retrouvent dans les grouillements internes du PCF et de LFI. L'alliance nouée, au sein de la NUPES avec les éco-extrémistes, par le candidat dictateur Mélenchon, vieux rogaton trotskyste, entre évidemment en contradiction avec la défense des acquis à laquelle se cramponnent les appareils politiques et les bureaucraties syndicales.

Cette alliance n'est pas conçue comme une vulgaire coalition électorale. Elle est théorisée par un écolo-marxiste suédois Andreas Malm intronisé, ce 23 mars, maître à penser dans le cadre du nouveau centre de formation de La France Insoumise. Se réclamant d'une "pensée incendiaire", se voulant "écolo-léniniste", ce personnage a développé ses idées dans deux livres, traduits dans notre langue par les éditions de La Fabrique,  : en 2017 "L’Anthropocène contre l’histoire" ou "Le réchauffement climatique à l’ère du capital" ; et en 2020 un ouvrage au titre plus évocateur "Comment saboter un pipeline". Il ne prêche pas dans le désert. Sa jeune compatriote Greta Thurnberg reprend les mêmes thèses. En quelques mots : pour sauver la Planète, il faut détruire le capitalisme.

Or, les doctrines, souvent délirantes, de ces éco-extrémistes mettent en danger des acquis considérables. Ceci explique, par exemple, que le communiste héréditaire Fabien Roussel, fils de l'ancien correspondant de "L'Humanité" à Hanoï, élu dans le Pas-de-Calais – curieusement présenté comme un homme nouveau d'extraction ouvrière française, – ait fait sa "sympathique" sortie, parfaitement calculée, lors de la campagne présidentielle de 2022 : "Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi, c'est la gastronomie française". Son prédécesseur Pierre Laurent, lui aussi fils de dirigeant du Parti, tenait à l'occasion des propos "enracinés" analogues : ce n'était pas par hasard.

Souvenons-nous, ainsi qu'EDF-GDF possède le plus gros comité d’entreprise du pays : sa Caisse centrale d’activités sociales. Son budget est alimenté, chaque année depuis la création d'EDF en 1946 par le ministre stalinien Marcel Paul, par 1 % de la facture d'électricité. Cette structure assure un salaire à quelque 5 000 personnes. Les avantages exclusifs des gaziers et électriciens accordés aux 300 000 personnels et aux 580 000 membres de leur famille ne concernent guère l'idée que le XIXe siècle se faisait de la cause prolétarienne.

On discerne la concurrence entre deux lignes. L'une pourrait être qualifiée de "conservatrice" et "bureaucratique" ; susceptible de maintenir un électorat présidentiel stagnant entre 1,9 % avec Marie-Georges Buffet en 2207 et 2,3 % avec le camarade Roussel en 2022.

Beaucoup plus significative est évidemment celle de la "convergence des luttes" qui, malgré son incohérence, a l'avantage de s'adresser à la jeunesse et à tous les révoltés. Car si, en masse des manifestants, comme en nombre de grévistes effectifs, la dixième journée "contestation" du 28 mars s'est située en baisse, elle aura néanmoins organisé 361 actions implantées dans tout l'Hexagone soit une moyenne de 3 ou 4 villes par département, un nombre considérable.

Les cortèges ne se sont pas seulement rajeunis. Ils sont devenus beaucoup plus violents, épuisants pour les forces de l'ordre, lesquelles comptent des blessés par centaines et doivent faire face à un dénigrement systématique par les médias, les avocats, etc. Dans les moindres sous-préfectures, dans les amphis et dans les lycées on voit réapparaître ainsi des groupuscules anarcho-révolutionnaires, d'ultragauche ou spécifiquement écolo-climatiques.

Le climat d'ultra-violence de la tentative de création d'une ZAD dans les Deux-Sèvres, a fait, ce 25 mars, 441 blessés parmi les forces de l'ordre. Or, il s'est trouvé pratiquement justifié, théorisé même, par les propos de Mélenchon. Cette attitude est de nature à répandre le feu.

On la retrouve, non seulement au sein du Parlement par le harcèlement constant des députés de l'extrême gauche, hystérisant tout débat. Elle s'exprime plus encore, en dehors de l'Assemblée, par les violences à l'encontre des élus. Les exemples des attaques contre le domicile de la députée Violette Spillebout à Lille, avec des drapeaux FSU, Sud, NPA et du collectif citoyen, et l'approbation de l'union locale de la CGT ou celui contre la permanence d'Eric Ciotti à Nice, en tout plus de 20 attentats en quelques jours, montre combien cette violence hors-norme est en train de se banaliser. Il s'agit d'une stratégie d'extrême-gauche : nos dirigeants doivent en prendre conscience et bien voir d'où elle vient et où elle va, pour la contrer, avant qu'il soit trop tard.

JG Malliarakis 

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• Terreur rouge, pratique révolutionnaire par Charles Culbert : logique du système, matrice du totalitarisme au XXe siècle • Les Documents Tchernov : publiés dès 1922, il faudra hélas 50 ans pour que l'on en prenne la mesure, en 1974 avec l'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne...
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