INFO LE FIGARO – Le recteur et quatre autres dirigeants du centre islamique de Villeneuve-d’Ascq ont été placés mardi sous contrôle judiciaire à l’issue de leur garde à vue. Ils auraient détourné d’importantes sommes en liquide.
Soupçonnés de fraude, cinq dirigeants du centre islamique de Villeneuve-d’Ascq (59), dont son recteur l’imam Mohamed Karrat, ont été placés sous contrôle judiciaire à l’issue de leur garde à vue ce mardi 2 mai, a appris Le Figaro. Les cinq responsables religieux ont été déférés par la police judiciaire devant le parquet de Lille, et ont interdiction de quitter le territoire français. Ils sont convoqués par procès-verbal à une audience-relais devant le tribunal le 5 octobre, puis une nouvelle audience sur le fond qui aura lieu le 8 février 2024.
La mosquée de Villeneuve-d’Ascq, qui se veut un vaste «centre islamique» suite à des travaux entrepris depuis le milieu des années 2000, est administrée par une association dont Mohamed Karrat est le président. D’importants travaux d’élargissement de la mosquée étaient encore en projet depuis 2013, mais avaient été stoppés par le refus de la commune d’accorder un nouveau permis de construire. Le tribunal administratif de Lille avait rejeté l’an dernier un premier recours de la mosquée.
Interrogé sur la nature des financements qui permettent à l’association de supporter les coûts de ces travaux, Mohamed Karrat avait déclaré en 2016 à La Voix du Nord : «Près de 80 % de la mosquée sont financés par les dons des fidèles de Villeneuve-d’Ascq qui donnent en moyenne un mois de salaire par an ». Sauf que l’essayiste Mohamed Louizi, dans son livre Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans (Michalon, 2016), assurait que Mohamed Karrat était proche de l’islam frériste et avait reçu une aide financière de la part d’une ONG qatarie, Nectar Trust (anciennement Qatar Charity), soupçonnée de financer discrètement l’islamisme radical à travers le monde et notamment en Europe. «Nous avons reçu le don d’un mécène en 2008, pour la construction de la mosquée, qui a transité via la fondation Qatar Charity», avait confirmé Mohamed Karrat.
Mais cette fois, les finances de la mosquée de Villeneuve-d’Ascq intéressent les juges. Au départ, saisis par la mosquée d’une demande de subvention, au titre de la prévention de la délinquance, d’un montant de 25.000 €, les services de la préfecture du Nord ont suspecté une tentative d’escroquerie. En effet, le Centre islamique de Villeneuve-d’Ascq déclare à la préfecture un budget de fonctionnement dérisoire, mais les autorités estiment que ses dirigeants leur ont dissimulé une part importante de leurs finances. (…)
Plusieurs milliers d’euros retrouvés en liquide