Ludovic Lavaucelle dans LSDJ
Le rapport Durham fait peu de bruit en France. Ses conclusions sont pourtant explosives.
Le procureur spécial John Durham était chargé de faire la lumière sur les accusations portées contre le candidat antisystème du Parti républicain qui allait devenir Président. D’après le camp démocrate, alors qu’on était dans la dernière ligne droite de la campagne de 2016, Donald Trump était une marionnette de Vladimir Poutine. Comment ? Les Russes auraient détenu un enregistrement vidéo de Trump à Moscou en compagnie de prostituées qu’ils utilisaient pour faire chanter le candidat avec l’espoir d’avoir un Président américain « à leurs bottes » une fois élu. Les adversaires de Trump se sont servis de ces soupçons pour mettre en cause sa légitimité et le FBI a docilement lancé une enquête dès le début 2017 qui a duré pendant la majeure partie des 4 ans qu’aura passés Donald Trump à la Maison Blanche…
Cette investigation a conclu à l’absence de tout élément pouvant soutenir les accusations.
Mais le rapport Durham ne fait pas que blanchir Donald Trump, précise le rédacteur-en-chef du Washington Examiner (voir l’article en lien). Il démontre que tout avait été orchestré par le clan Clinton à l’été 2016. Hillary Clinton voulait détourner l’attention sur des soupçons de financements illégaux de sa campagne (argent venant précisément de l’étranger). Dès le mois d’août 2016, le Président Obama et Joe Biden (alors Vice-Président) ont été informés par le patron de la CIA des soupçons contre Trump. Le dossier était particulièrement faible et la CIA ne pouvait pas ne pas savoir que les sources étaient biaisées puisqu’elles provenaient exclusivement du camp démocrate. Le FBI a immédiatement pris le relai de la CIA pour l’enquête… L’attitude du FBI a été pour le moins légère dans l’analyse des sources recueillies – comparée à la diligence dont il a fait preuve pour classer les affaires concernant Hillary Clinton. Comble de l’ironie, certaines « sources » de l’accusation semblent liées à la Russie. On peut donc penser que ces années de soupçons à l’encontre de la Maison Blanche ont été une bénédiction pour le Kremlin qui a vu le président des États-Unis empêtré dans des affaires intérieures avec, pour corollaire, une division profonde entre les Américains…
Cette affaire est bien plus grave que le Watergate car elle démontre à quel point l’appareil sécuritaire américain cherche à influencer directement le processus démocratique.
La chute de Richard Nixon avait clos l’ère d’une certaine infaillibilité présidentielle (« ce qu’un Président fait ne peut pas être illégal »). On est loin d’un assainissement de la vie politique américaine puisqu’on comprend aujourd’hui que les services de renseignement agissent en dépit des règles les plus élémentaires qui s’imposent à eux. Une autre preuve de cette dérive a été le dévoilement des liens entre le FBI et les médias sociaux pour faire taire les révélations sur le contenu du portable de Hunter Biden juste avant les élections de 2020…
Les soupçons de corruption s’accumulent sur la famille Biden.
On vient d’apprendre que le patron de la China Merchants Bank a fait un don de 5,5 millions de dollars entre 2018 et 2019 à l’université de Pennsylvanie, au sein de laquelle Joe Biden avait fondé un « think tank ». Ce patron de banque chinois est un membre influent d’un club d’entrepreneurs lié au Parti Communiste Chinois (PCC). Une autre société chinoise, Cathay Fortune, a fait un don d’1 million de dollars en 2019. Cette dernière est un actionnaire important d’une société minière chinoise, la CMOC Group Limited, qui a acheté une mine congolaise avec l’aide d’une firme d’investissement dans laquelle Hunter Biden avait des intérêts… Les relevés bancaires – obtenus et analysés par le comité de surveillance de la Chambre des Représentants – démontrent que la famille Biden a reçu en tout près de 10 millions de dollars en provenance de Chine et de Roumanie alors que Joe Biden était Vice-Président…
Face à des soupçons aussi graves, quelle confiance accorder à des services censés enquêter au nom du peuple américain – puisque leur incompétence, voire leur corruption, est avérée par le rapport Durham ?
L’implication des services de sécurité dans les rouages de la démocratie américaine n’a pas baissé depuis la fin de la Guerre Froide. On peut même parler d’emprise avec l’enchaînement de crises depuis la chute de l’URSS. En 1310, la puissante république de Venise avait mis en place un conseil de sécurité doté de pouvoirs extraordinaires – « les Dix » – à la suite d’un complot visant à renverser le gouvernement. L’état d’urgence allait durer près de 500 ans et une oligarchie de quelques familles puissantes de régner sur une « Sérénissime » en déliquescence… Abandon des élections pour nommer le Doge au XVᵉ siècle, luttes intestines entre clans dirigeants et grandes fêtes de plus en plus folles pour le peuple jusqu’à l’arrivée des troupes napoléoniennes... « Ce qu’on dit être nouveau en ce monde, c’est l’Histoire qu’on ignore » (Harry Truman).