À la différence de 2005, néanmoins, les émeutes ayant éclaté en Île-de-France et ailleurs ont été abondamment filmées et diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit, notamment, le député LFI Carlos Mertens Bilongo pris à partie par des émeutiers et frappé. Son crime, d’après les participants ? Vouloir récupérer à des fins politiques le courroux des dizaines de racailles brûlant et pillant çà et là. Une espèce de boomerang de réalité qui revient à la figure du député du Val-de-Marne. La France insoumise n’a d’ailleurs pas souhaité commenter cette séquence qui a fait le tour des réseaux sociaux. Suffisamment pour que le député RN Grégoire de Fournas tweete un message de soutien ironique à son collègue de gauche. « J’adresse mon total soutien à Carlos Bilongo pris à partie par les émeutiers. Ensemble, remettons la France en ordre ! » a tweeté le député de Gironde dont la permanence et la voiture ont été dégradées, dans la nuit, par des émeutiers à Pauillac.
Dans une autre vidéo, datant elle aussi de la soirée de mercredi à jeudi, on aperçoit le maire Génération.s de Trappes, Ali Rabeh, pris à partie par ses propres administrés et mitraillé par des tirs de mortiers d’artifice.
Les pyromanes au service « grands brûlés »
Un déchaînement de violence qui vise donc aussi l’extrême gauche alors même que celle-ci s’évertue à souffler sur les braises. Ainsi Jean-Luc Mélenchon enchaîne-t-il les tweets à charge contre la police. Ainsi le député de Roubaix et Wattrelos David Guiraud a-t-il refusé de lancer un appel au calme sur le plateau de BFM TV, pendant qu'une partie de sa circonscription brûlait. Et le maire de Trappes Ali Rabeh n’avait-il pas affirmé à Jordan Bardella, sur le plateau de C8, en février 2022, que « son monde était en train de s’éteindre » ? « Ce monde-là, cette France-là, elle advient de gré ou de force, que vous l’aimiez ou que vous la rejetiez », avait presque menacé le maire de Trappes : « Et elle s’imposera parce qu’elle s’impose déjà ; et votre vieux monde, votre monde raciste est en train de s’éteindre, vous avez raison, vous le voyez et vous paniquez. » Ce matin, le premier magistrat de la ville des Yvelines était beaucoup moins arrogant : « Tous les appels à la raison ont été inutiles, déplore Ali Rabeh, cité par Le Parisien. Je n’ai jamais vu une telle détermination à en découdre, chez des très jeunes. » On ne sait pas si la situation se calmera à Trappes, mais il est intéressant de voir M. Rabeh goûter, en avant-première, la France qui a remplacé, comme il le souhaitait, notre « monde en train de s’éteindre ».
De manière presque guignolesque, le député du Nord Ugo Bernalicis s’est, quant à lui, plaint de la réaction du maire de Mons-en-Barœul, Rudy Elegeest, à qui le député Bernalicis avait envoyé un message de soutien après les émeutes. Le maire lui a répondu « Arrêtez de faire votre guignol ». Une saillie que le député Insoumis dénonce juste après avoir retweeté les sorties hasardeuses de Jean-Luc Mélenchon sur « les chiens de garde appelant au calme ». C’est, au fond, tout le problème de la NUPES. Appelant à l’affrontement dans le confort feutré des plateaux télé et s’agenouillant une fois sur le terrain. Si ce n’est pas de l’incitation, cela s’apparente presque, au moins, à de la complicité passive.
Marc Eynaud
https://www.bvoltaire.fr/quand-lfi-se-brule-a-son-propre-feu/