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Nahel : l’Algérie administre à la France une incroyable mise en garde !

 Marc Baudriller 30 juin 2023

Le communiqué figure en bonne place sur le site de l’ambassade d’Algérie en France.

 L’Algérie y tient un discours étonnant, inédit et pour le moins ambigu de la part d’un pays « ami de la France » chez qui Macron et Borne ont fait pieusement le pèlerinage de la réconciliation, respectivement en août et en octobre 2022. Sans le moindre bénéfice pour la France. Un périple qualifié, sur Europe 1 de « voyage de l’humiliation » par Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l’Assemblée nationale, en référence aux sifflets et aux insultes qui ont fusé contre le Président français à Oran.

Il est vrai qu’avec des amis aussi sympathiques, les ennemis deviennent inutiles. On peut ainsi comprendre « le choc et la consternation » évoqués par l'Algérie, on peut regretter bien sûr « la disparition brutale et tragique » d’un jeune homme de 17 ans. Mais derrière « les circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes » dans lesquelles cette disparition est intervenue, difficile de ne pas voir un sérieux coup de griffe à la France. La suite du texte officiel algérien retentit d’ailleurs comme une menace à peine voilée : « Le gouvernement algérien continue à suivre avec une très grande attention les développements de cette affaire tragique, avec le souci constant d’être aux côtés des membres de sa communauté nationale au moment de l’adversité et de l’épreuve. »

Une forme de mise en garde

Le paragraphe précédent passe la pommade mais n’adoucit rien : le ministère « fait confiance au gouvernement français à (sic) assumer pleinement son devoir de protection, soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d’accueil ». Mais les diplomates ne s’y trompent pas. La démarche est très inhabituelle, pour ne pas dire inédite. Et le ton, rien moins qu’amical. « C’est assez étonnant », commente Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France en Algérie. Joint par BV, ce 30 juin, le diplomate lit dans ce texte « une forme de mise en garde. Si la France avait fait une remarque ou une critique de ce type envers l’Algérie, l’ambassadeur aurait été immédiatement convoqué pour ingérence dans les affaires algériennes », remarque-t-il. La France, assez occupée avec les émeutes, n’a pas réagi. Et pourtant… Une affaire récente assez similaire vient de susciter l’ire… de l’Algérie.

« Je rappelle qu’il y a trois mois, quand la France avait accordé sa protection consulaire à Madame Bouraoui (Amina Bouraoui, militante franco-algérienne, condamnée à deux ans de prison ferme en 2021 pour "offense à l’islam" et "atteinte à la personne du président de la République", NDLR), l’Algérie avait qualifié ce geste de "barbouzerie" », rappelle Xavier Driencourt. Un langage violent, en diplomatie.

Le communiqué algérien permet, au passage, de constater que l’Algérie considère le jeune Nahel comme l’un des siens : le ministère algérien assure à la famille que « son deuil et sa peine sont largement partagés dans notre pays ». Enfin, moins surprenant, l’Algérie n’a pas un mot pour relativiser le profil d’un individu qui a mobilisé les forces de l’ordre hexagonales de nombreuses fois avant son décès tragique.

Crispation

Dans d’autres circonstances, les Français n’ont pas entendu non plus l’ambassade d’Algérie. Par exemple, quand la meurtrière de la petite Lola s’est révélée de nationalité algérienne. L’Algérie, si soucieuse d’obtenir des excuses de la France pour son passé colonial, est restée coite. Pas un mot, non plus, de l’ambassade sur la responsabilité des ressortissants algériens dans l’insécurité qui explose en France. L’Algérie est pourtant la nation étrangère la plus représentée dans les prisons françaises.

La France attend toujours un geste net de l’Algérie sur les laisser-passer consulaires qui permettraient de renvoyer en France les OQTF algériens. Est-ce l'embryon d'une stratégie d'influence de l'Algérie sur ses ressortissants en France ? Xavier Driencourt constate plus prosaïquement « une certaine crispation » entre les deux pays, marquée par la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Moscou voilà deux semaines et l’ajout d’un couplet anti-français à l’hymne algérien.

Heureusement que Macron et Borne ont tour à tour fait le pèlerinage à Alger, s’humiliant jusqu’à porter des fleurs au pied du Monument des martyrs, ces combattants algériens morts au combat contre la France !

Aux provocations algériennes, Jordan Bardella a répondu très simplement, ce 30 juin au soir : il a tenu à « rappeler l'Algérie à son devoir de non-ingérence. Si elle croit pouvoir s'inquiéter pour ses ressortissants présents en France, qu'elle n'hésite pas à les récupérer, à commencer par ceux qui violent les lois de la République française », a lancé le président du Rassemblement national. Un ton assez différent du miel macroniste.

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