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Marine Le Pen à l’Elysée ? Ce que cache la « crainte » de Darmanin

Interrogé à ce sujet à l’antenne de RMC ce matin, le premier secrétaire du Parti Socialiste, le député Olivier Faure, a bondi :  « Je ne vois aucune fatalité à ce que nous ayons Marine Le Pen au pouvoir, réagit-il. C'est une probabilité, une possibilité. […] Ça ne justifie pas cet espèce de fatalisme et je vois bien que Gérald Darmanin cherche à imposer sa propre présence ».

Le « pire ministre de l'Histoire »

Le sens des propos de Gérald Darmanin est limpide : il souhaite s’imposer comme le candidat naturel face au RN et à la France Insoumise, en d’autres termes, rééditer le coup de Nicolas Sarkozy en 2007 qui avait asséché l’électorat de Jean-Marie Le Pen avec une campagne très à droite. L’ancien maire de Tourcoing s’y prend sans pincette et avec beaucoup d’avance. Mais pourquoi ressortir la « peur » de Le Pen dès le mois d’août ?

Depuis le Var, la porte-parole du groupe RN Laure Lavalette l'explique à BV : « Il essaye de cacher son bilan catastrophique qui fait de lui le pire ministre [de l'intérieur] de l’Histoire, et pourtant on a eu droit à Christophe Castaner avant lui ». Pour l’élue toulonnaise, « ce bilan devrait suffire pour éloigner Gérald Darmanin de toute fonction régalienne ». Si le RN a la dent dure contre le ministre, c’est parce que ce dernier a toujours usé d’une rhétorique frontale, « brutale » diraient certains parlementaire à l’égard du Rassemblement National.

Celui qui, au cours d’un débat télévisé, avait accusé Marine Le Pen d’être « trop molle » sur les questions liées à l’islamisme semble compter sur l’accession au second tour de la leader du RN pour réitérer le coup d’Emmanuel Macron et faire le plein des voix du « barrage républicain ». Car, en accédant au second tour de l’élection présidentielle en 2002, Jean-Marie Le Pen a quasiment acté un changement de la donne politique, prolongé par Marine Le Pen en 2017 et 2022 : en cas de présence d’un Le Pen au second tour, l’élection est à... un tour. Du moins, tant que ce système ne s’essouffle pas. Or, les élections législatives et les différents sondages portant le RN aux nues ont fait tousser la machine.

L’enseignement des classes moyennes

Gérald Darmanin a rajouté un « si » dans la probabilité. Selon lui, Marine Le Pen pourrait être élue si la majorité  « laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes ». Autrement dit, une catégorie de la population fortement attachée au Rassemblement National. Des classes moyennes et populaires penchant à droite ? Ce serait l’analyse du milliardaire Bernard Arnault qui aurait poussé Emmanuel Macron à se défaire d’ Elisabeth Borne, jugée « trop à gauche ». Arnault lui préférerait… Gérald Darmanin, selon nos confrères de Politico, généralement bien informés. Pour le politologue et sondeur Jérôme Sainte-Marie, proche du RN, « Darmanin s’adresse en réalité à son camp. Il fait passer le message qu’il est le seul champion possible de la classe dominante car issu d’un milieu populaire ».

Le macronisme et le chiraquisme

A dire vrai, ce n’est pas tant la « peur » de Marine Le Pen qui agite la sphère politique mais bel et bien l'ambition de Gérald Darmanin. Adoubé par Nicolas Sarkozy, crédibilisé par le soutien de l’homme le plus riche de France, le ministre de l’Intérieur fourbit ses armes. Le second quinquennat de Macron, carbonisé par la réforme des retraites, pourrait bien sonner le glas du macronisme. « Jacques Chirac avait été carbonisé par le référendum perdu de 2005 », rappelle un fin connaisseur des rouages du pouvoir. « La seconde partie de son quinquennat avait fermé la page du chiraquisme pour le sarkozisme ». Un parallèle à faire avec l’année qui s’ouvre ? « La farce serait trop grosse mais il y a de vrais similitudes entre le Darmanin de 2023 et le Sarkozy de 2005. Entre le Philippe de 2023 et le Villepin de de 2005 », reconnaît Sainte-Marie. Mais pour que le darmanisme triomphe au centre-droit, le téméraire ministre de l'intérieur doit prévenir l’irruption d’Édouard Philippe. Du coté des marinistes, on observe et on jauge… Car Darmanin a raison sur un point : la probabilité de voir Marine Le Pen gagner en 2027 existe bel et bien.

Marc Eynaud

https://www.bvoltaire.fr/marine-le-pen-a-lelysee-ce-que-cache-la-crainte-de-darmanin/

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