Après l'universitaire belge, le ministre de centre gauche français. Plus on monte dans la Macronie, plus on gagne en grossièreté…
Là encore, il faudrait procéder au renversement pédagogique habituel : imaginons que la même Marion Maréchal ait accusé le même Clément Beaune de faire un « business dégueulasse » en promouvant la GPA, puisqu'il a déclaré y être favorable. Car après tout, louer un utérus de femme, c'est un business, non ? Que n'aurait-on entendu ! Imaginons qu'elle parle du trafic des passeurs comme un autre « business dégueulasse ». Au fond, elle serait dans le vrai. Mais Marion Maréchal a sans doute une autre conception du débat et du respect de l'adversaire politique, et la grossièreté, voire la vulgarité, et l'outrance sont désormais la marque du camp macroniste.
Alors, cherchons un peu ce qui pousse un si bon élève de la Macronie à faire un aussi mauvais buzz.
D'abord, sa personnalité. Celle d'un ambitieux de la Macronie de gauche devant qui toutes les portes se sont ouvertes, comme un Gabriel Attal. Un ambitieux qui aspire à plus haut, qui veut s'imposer dans les médias. Son portrait paru dans Libération, ces jours-ci, ne dit pas autre chose : « Un collègue ministre en profite pour flinguer son "côté 3615 j’existe en prenant des sujets clivants" : "Qu’il gère d’abord les trains pour qu’ils arrivent à l’heure !" » Rien à ajouter.
Ensuite, celle d'un macroniste décidé à poursuivre le macronisme, comme il le proclame à Bruno Jeudy, dans La Tribune. Pour lui, le macronisme ne sera pas une parenthèse. Or, on voit bien que même si ce centrisme sans boussole se survit à lui-même, il ne penchera plus vers la gauche Beaune mais vers une droite Darmanin ou Philippe. On peut donc comprendre que Lampedusa et l'offensive du RN et de Reconquête sur ce talon d'Achille du macronisme fasse mal à ces petits marquis qui sentent que l'avenir tout tracé qu'ils se promettent à eux-mêmes pourrait être percuté par la réalité d'une immigration qui les dépasse et d'une France qui les renverra tôt ou tard dans l'opposition.
Décidément, Lampedusa les énerve. Et les révèle : derrière son langage techno si policé, ses sempiternels appels inclusifs au respect des femmes, du débat démocratique, de la complexité des choses, la majorité macroniste montre un autre visage : celui de l'insulte, de la grossièreté et de l'intolérance pour toute opposition. Paradoxalement, c'est un très bon signe : celui de leur faillite totale, autant dans leur idéologie immigrationniste d'ouverture des frontières que dans la gestion pratique des conséquences.
Marion Maréchal n'est rien allée faire d'autre à Lampedusa que de la politique : elle était au bon endroit, au bon moment, défendant une ligne claire, mettant le doigt où ça fait mal dans la belle fable de l'immigration heureuse. Cela s'appelle le kairos : Emmanuel macron aurait dû l'apprendre à son jeune poulain. Et d'ailleurs, ce dimanche, c'est au tour d'Ursula von der Leyen de se rendre à Lampedusa. D'aller y constater la faillite de sa politique. Ou d'y faire son petit business dégueulasse, pour parler comme Clément Beaune.