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Trois mois après les émeutes : qui payera la facture ?

Un temps, les émeutes consécutives à la mort de Nahel auront ému l’opinion publique et la classe politique. Soutien aux victimes, discours fermes de la part du Président.. La communication sur le sujet est allée bon train, mais le bilan est là, catastrophique. Toujours plus astronomiques, les sommes estimées des dégâts n'ont cessé de monter, durant l'été, allant jusqu'aux 730 millions d'euros annoncés début septembre par Florence Lustman, présidente de la Fédération des assureurs. La question est sur toutes les lèvres : qui payera la facture ?

Pour l'État, la réponse coule de source : dès le 1er juillet, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire fit ce qu'il sait faire le mieux : demander. Il demanda ainsi aux assurances de se montrer souples et généreuses. « Nous avons demandé aux assureurs de faire preuve de la plus grande simplicité dans le traitement des procédures [...] et de réduire au maximum les franchises. La Fédération des assureurs a pris des engagements formels d'étudier la possibilité de réduire les franchises. » Et d'ajouter que « les indemnisations doivent arriver le plus vite possible »« dans des délais qui doivent se chiffrer en jours et pas en semaines ». Après tout, c'est leur travail, aux assureurs, non ? Pas question, en tout cas, pour l'État, de mettre la main au portefeuille.

Malheureusement, les assurances providence ne sont qu'un vœu pieu de la part du ministre de l'Économie, qui semble avoir du mal à réaliser la dépense colossale que ces indemnisations représenteraient pour les assurances. Ces dernières, qui avaient simplifié les procédures et réduit les franchises selon les injonctions gouvernementales, ont fini par craquer. Plusieurs maires de communes d'Île-de-France ont ainsi reçu, ces dernières semaines, des courriers de leur assureur. Les édiles ont vu leurs contrats modifiés, voire résiliés, et craignent notamment une flambée des cotisations pour les années à venir. Le maire EELV d'Arcueil, Christian Métairie, témoigne ainsi auprès du Parisien avoir reçu un courrier de la SMACL, l’assurance de la collectivité depuis le 1er janvier, lui imposant un avenant. « Face au risque de répétition de tels événements », l'assurance explique ainsi ne pas avoir d'autre choix que de procéder à « un durcissement des conditions contractuelles » pour lui « permettre de faire face à un événement de cette nature ». Arcueil est loin d'être la seule ville dans ce cas. 150 communes sont ainsi concernées, sur toute la France, pour le seul assureur SMACL.

Prises à la gorge au niveau financier, lâchées par leurs assureurs, ces communes sinistrées ne savent plus à quel saint se vouer. Certaines ont subi des dégradations hors normes, comme la destruction de ces cinq écoles, citées par le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, qui n'ont pas pu rouvrir leurs portes en septembre 2023 en raison de dégâts trop importants.

Face à cette inextricable situation, l'exaspération est totale. Si les édiles en veulent aux assureurs, la profession, elle, est priée d'endosser une responsabilité qui n'est pourtant pas la sienne. On peut toujours chercher des coupables, mais rien n'enlèvera aux pouvoirs publics la responsabilité ultime : celle de ne pas savoir maintenir l'ordre. C'est cette politique, et elle seule, qui est à l'origine de tous les maux subis par nos communes. Et c'est sans doute au contribuable qu'à la fin reviendra la charge de payer, encore et toujours, cette politique désastreuse.

Marie-Camille Le Conte

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