L’actualité est toujours relative et parmi les millions d’événements qui se produisent dans le monde tout journaliste doit faire son choix. Tout journal, choix d’article est une décision forcément variable.
Alors, quelle est la réalité de ces derniers jours ?
La marche contre l’antisémitisme ? Allons, nous savons qu’il s’agissait pour les entrepreneurs moraux de s’acheter un nouveau badge de bien pensance. Organiser une manifestation contre l’antisémitisme, revient à traiter cette infraction particulière. Ca permet à certains de se donner bonne conscience à peu de frais. Désolé, mais la loi doit être la même pour tous. Quiconque est attaqué sur le sol de France doit être protégé, défendu par les forces de l’ordre. Certes policiers et gendarmes ne peuvent être partout, mais la recherche doit alors être menée à posteriori et la punition certaine. Y sommes-nous1 ?
Le mobile, s’il est prouvé par la haine de l’identité de l’autre quelle qu’elle soit, doit être un facteur aggravant et puni sans faiblesse par les tribunaux2.
Donc, non, pour moi, je n’admets ni antisémitisme, ni féminicide, ni tout autre. Il existe des agressions, verbales, physiques, avec des conséquences plus ou moins graves. Que l’état français fasse son travail en termes de maintien de l’ordre, chose pour laquelle nous payons des impôts, au lieu d’envoyer la première ministre faire le clown dans les rues de Paris. Bien sur, dans ce cas, il sera jugé sur ses résultats au lieu de pouvoir mettre en concurrences les souffrances des différentes communautés de victimes.
Il s’agissait donc d’un non-sujet pour masquer l’absence de solutions politique au moyen orient et de forces de l’ordre en quantité et en qualité suffisante.
Si vous rentrez dans ces calculs, réservez votre samedi dans six-dix mois, vous aurez à nouveau l’occasion de marcher. Après tout, la marche est bonne pour la santé et je félicite cent-cinquante mille personnes de prendre soin de leur état physique.
Pour rester dans le même genre de thème, on vous bombarde de ce qui se passe à Gaza. Ca devrait déjà être clos. Réduisons ce sujet à ses constituants militaires :
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Le Hamas a mené une frappe d’infanterie légère, celle-ci ne change rien aux frontières.
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Les pertes israéliennes se limitent à un millier de civils qui vivaient dans des colonies. Désolé, mais il faut analyser le risque de la zone dans laquelle on vit. Israël compte 10 millions d’habitants, il peut absorber l’impact sans se mettre en danger stratégiquement.
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Les différents sponsors, parrains, Iran, USA… s’efforcent d’éviter une régionalisation. Donc cette bouffée de violence devrait rester limitée à Gaza. (Sauf si quelqu’un commet une bêtise surtout avec nos médias un peu hystériques qui fragilisent les psychologies), mais la raison semble prévaloir. Tout le monde a montré ses muscles et pris soin de stopper devant la ligne rouge.
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Le gouvernement Netannyahou est particulièrement fragile politiquement, il a donc besoin de masquer son incompétence (Le 7 octobre n’est pas un triomphe des différents organes de sécurités israéliens placés sous l’autorité du premier ministre de ce pays.)
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Les accords d’Abraham sont morts ou en tout cas enterrés pour les prochaines années.
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Peut-être qu’Israël parviendra à "éradiquer" le Hamas, mais il le fait d’une manière qui, éventuellement, le détruira militairement si c’est possible, pour les prochaines années et assure sa résurgence à moyen terme. Dans cinq ans la situation sera redevenue la même.
Donc, on peut tirer le bilan : Il n’y aura pas de solution au moyen orient sans les Palestiniens, en ce sens le Hamas a remporté une victoire stratégique mineure avec le 7 octobre. Peu importe les pertes militaires à venir, ce résultat demeurera.
Reste l’enjeu de Monsieur Netannyahu. Combien de bombes pourra-t-il larguer sur Gaza pour prolonger son mandat ? Oublions, nous devrions nous en tenir loin et essayer de réduire la pression chez nous.
Cette affaire est en réalité terminée depuis mi-Octobre lorsque les risques de contagion ont été endigués. Maintenant, la seule question est combien de sel la survie politique du premier ministre Israélien exigera-t-elle de laisser couler dans les blessures ouvertes ? Peu importe, il y aura un second round, il se produira au moment de l’expulsion des bases US au moyen orient et le renversement du rapport de force. Là, il faut d’autres éléments. L’iran a l’initiative et personne limité à l’OSINT3 ne peut savoir quelle ouverture sera choisie par le camp qui a les blancs4.
En Ukraine, par contre, peu d’articles, juste un peu sur l’aspect militaire qui évolue peu. Je vous rappelle que les combats actuels montrent la persistance du blocage tactique. La bataille d’Avdeïevka, montre la persistance de ce dernier persiste. Nous sommes donc contraints de constater qu’une rupture franche du front ne se produira que dans deux cas :
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L’armée ukrainienne s’effondre, on parle d’une organisation d’un contre maidan par les russes à Kiev grâce à la mise hors services des infrastructures énergétiques en Ukraine. Ce serait une façon assez pied de nez de terminer le conflit. Mais là, pour l’évaluer sa probabilité se pose la question des moyens de frappe à distance des Russes.
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L’autre serait si les Russes disposent de très importantes réserves et engagent leurs troupes devant Belgorod. Dans cette immense trouée, ils pourraient progresser sans opposition sérieuse, mais cela suppose d’avoir les moyens de prendre ou neutraliser Karkhov. La ville par son importance constitue une épine dans le pied de toute opération de ce type. Là encore, se pose la question des réserves disponibles russes.
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Sinon, ils devront attendre l’effondrement de l’armée ukrainienne éventualité de plus en plus probable. Avez-vous remarqué un ralentissement des opérations avec la saison de la boue ? Non, le fait est révélateur de la volonté Russe de ne pas laisser à l’armée ukrainienne le temps de se reprendre et celle-ci continue de foncer de bataille défensive en bataille défensive.
Mais, ce n’est pas l’actualité, il existe un point lié bien plus important.
Si vous observez la communication russe, vous constatez désormais une petite musique de plus en plus insistante : On a vu des articles, puis des responsables de niveau croissant pour finir par Madame Zakharova devant l’ONU. De plus en plus les Russes nous déclarent : Nous allons condamner les crimes des Khieviens contre les populations civiles, mais, et c’est la nouveauté : Ils parlent de rechercher la responsabilité des officiers occidentaux coupables d’avoir planifiés ou aidé à organiser ces frappes.
Ne vous faites pas d’illusion, il s’agit d’un tournant essentiel :
Les Russes estiment que le rapport de force a changé, désormais, ils se pensent en position de dicter leurs termes et conditions. Il faut admettre que depuis dix-huits mois ils ont fait peu d’erreurs et donc qu’il existe une chance que cette analyse soit juste. (Rappellez-vous ce que je vous ai dit sur l’expulsion à venir des bases US au moyen orient.) Vous rappelez-vous des vertes réactions américaines contre la CPI, ils parlaient alors de bombarder La Haye. Là les Russes parlent exactement des mêmes procédés et de citer des officiers américains avec des demandes d’extraditions. S’ils vont réellement à ce point alors, vous pouvez évaluer leur analyse actuelle de la force US.
Second enjeux, l’heure des comptes sonnent. Les Russes parlent des officiers qui ont aidés à planifier les frappes, certes. Mais quid de tous ceux qui ont relayé avec complaisance la propagande occidentale et "oublié" les victimes du Donbass (Ou d’ailleurs…). Demanderont-ils là aussi des comptes ? Et si des officiers de l’OTAN sont impliqués pour avoir exécutés les ordres quid de la responsabilité politique ? Nous ne parlons plus d’une accusation bidon d’une cour payée pour lâcher un mandat d’arrêt contre un dirigeant coupable de révolte. Nous parlons de véritables crimes de guerre, organisés pour toucher des civils de manière délibérée. (Ou prétendra-t-on que les bombardements de Donetsk avaient une utilité militaire ?). Ces officiers occidentaux ont suivi les ordres de l’autorité civile de nos pays et comme pour les crimes allemands, la société occidentale savait et à laissé faire. Comment pourrons-nous nous débarrasser de cette responsabilité obsédante si les Russes la mettent sur le devant de la scène ?
Les Russes sont en train d’organiser notre jugement moral devant le monde entier, chacun va devoir faire son examen de conscience. Qui y est prêt ? Avons-nous fait assez ? Il va falloir nous préparer très vite à répondre à ces questions parce qu’à Nuremberg, la grande salle est encore disponible !
1Je sais, la question est purement rhétorique, bien sûr que non.
2Même pour un macroniste ou un écologiste, leurs crimes relèvent de la sanction pénale et non de la justice citoyenne. Puissions-nous éviter d’en arriver là.
3Open source Intelligence, les informations disponibles dans le domaine public par opposition à l’information réservée couverte par le secret militaire.