On croit à tort que le régime socialiste né en Allemagne en 1919 était pacifiste et que c’est Hitler qui réarma l’Allemagne et donna à celle-ci une armée moderne conçue pour un conflit éclair. Les faits sont tout autres.
Lorsque nait la Wehrmacht en 1935, elle hérite de la République de Weimar de son effort de réarmement et de modernisation : Quinze années d’expériences, d’expérimentations et d’entraînements. L’essentiel de ses futurs généraux et de ses officiers sont déjà en place. Ses soldats maîtrisent les concepts les plus innovants de la guerre moderne. De très nombreux civils connaissent le rudiment du soldat. Quant aux matériels, il est déjà construit ou prêt à être construit de façon industrielle dès 1933. Cette république de Weimar dirigée par des socialistes livre à Hitler une armée ayant un très fort potentiel que ce dernier va réellement exploiter contre la France en 1940. Ce sera la « Guerre éclair ».
Un fait marquant va accélérer la volonté allemande de réarmer. Le nouveau régime socialiste allemand de la République de Weimar (1919 -1933) va signer le 16 avril 1922 avec l’URSS, en marge du Traité de Rapallo, un pacte secret de réarmement en totale opposition du traité de Versailles qui prévoyait la limitation drastique de la puissance militaire allemande.
Il permet à la Reichswehr d’effectuer depuis l’étranger d’importantes recherches militaires qui seront testées sur le sol russe en échange d’un appui technique aux ingénieurs russes. Plusieurs firmes allemandes (Krupp, Ag, Rheinmetall-Borsig, Daimler) créent des usines afin de fournir des prototypes de chars d’assaut qui seront testés en Union soviétique. Ils vont paver la voie aux futurs Panzers dont le Pz I qui sera mis en production industrielle dès 1934. Les tests et l’entrainement des équipages se feront près de Kazan, capitale actuelle du Tatarstan alors intégré à l’URSS. C’est également dans cette ville que sera affinée la stratégie d’utilisation de cette nouvelle arme blindée, stratégie qui sera décisive en juin 1940.
L’accord prévoit aussi de fournir une école de gaz de combat non loin de la ville russe de Saratov où seront mis au point les nouvelles techniques. S’y ajoute une école de formation des pilotes de chasses à Lipetsk qui permettra à l’Allemagne de développer une aviation de combat moderne.
L'Allemagne socialiste de la République de Weimar n'a pas attendu l'arrivée d’Hitler en janvier 1933, malgré ce qu'on croit généralement. Elle aura même créé en 1929 le Bureau des engins balistiques qui avait pour mission de créer une fusée à vocation militaire... En 1932, un certain Wernher Von Braun sera embauché comme employé civil.
Dès 1926, la Lufthansa se dote de nombreux appareils qui tout en ayant un aspect civil peuvent aisément être convertis en avions militaires de reconnaissance ou de bombardement. Ce fut le cas du Ju 52 qui formera les trois quarts de la flotte de cette compagnie au début des années 1930. Cet avion restera en service dans l’armée allemande jusqu’en 1945. Avec son importante flotte moderne, la Lufthansa formera de nombreux pilotes qui voleront plus tard dans l’armée de l’air.
D’autres appareils militaires seront conçus par un ensemble de firmes qui feront des études poussées sur les moteurs : Junkers (Créée en 1920), Heinkel et Domier (Créée par un français en 1922), Focke-Wulf (1924). Ils resteront à l’état de plan en attendant des jours meilleurs.
Un état-major secret pour l’aviation sera même créé dans les bureaux de la Reichswehr avec d’anciens officiers pilotes. Ce bureau favorisera la formation de nombreux pilotes dans la Lufthansa, en URSS ou dans les écoles civiles de pilotage. La plus grande d’entre-elles, la Deutscher Luftsportverband, comptera en 1930 (10 ans après sa création) 50 000 membres.
Limitée en nombre par le traité de Versailles, l’Armée allemande de la République de Weimar, la Reichswehr, sera avant tout une armée de cadres qui seront prêts à diriger une armée plus nombreuse. Ainsi, l’Armée allemande était limitée à 4 000 officiers, mais plus de la moitié des effectifs est composée de sous-officiers qui reçoivent une instruction bien supérieure à leur grade (Deux grades au-dessus). Quant à eux, les officiers bénéficient de contrats de longue durée, conséquence de la mise en œuvre en 1920 par le commandement d’une nouvelle doctrine d’emploi. Ils peuvent ainsi recevoir une formation très poussée.
Un autre coup de canif sera fait par la République de Weimar au Traité de Versailles en 1922. Afin de contourner l’interdiction de produire des sous-marins, une organisation clandestine fut créée aux Pays-Bas, le « Bureau d’études » Ingenieurskantoor voor Scheepsbouw, ayant pour mission de poursuivre les recherches des ingénieurs allemands à partir des plans et brevets de la marine impériale. Huit sous-marins seront ainsi construits en Espagne, Finlande et Pays-Bas et serviront de banc d’essais pour les futurs U-Boot qui seront si redoutables en Atlantique nord en menaçant l’arrivée de l’aide américaine en Grande-Bretagne.
Si l’armée est limitée à 100 000 hommes, la République de Weimar met en place, au travers des associations d’anciens combattants, la formation paramilitaire d’une fraction importante de la population. Cette organisation porta le nom de "Reichswehr noire" ; La plus importante, les « Casques s’acier », compta en 1930 plus de 500 000 membres. Elle autorisera aussi les associations paramilitaires politisées qui seront très nombreuses. C’est ainsi que naitra les SA du Parti national-socialiste des travailleurs allemands qui compteront en 1934 près de quatre millions et demi d’hommes.
Lorsque Ludwig Quidde, figure allemande du pacifisme, publie en 1924 un article contre la "Reichswehr noire" intitulé "Le danger de l'heure" et distribué à 70 députés et pacifistes internationaux, il est traduit en justice et condamné pour haute trahison par la République de Weimar.
Depuis 1920, l’Allemagne joue double jeu en affichant une volonté de rester pacifiste tout en œuvrant à la création d’une armée moderne largement motorisée. Duplicité en réarmant dès 1922 et en obtenant le prix Nobel de la Paix en 1926 (Prix conjoint entre Aristide Briand et Gustav Stresemann, ministre des affaires étrangères allemandes). La France, elle, restera largement pacifiste jusqu’à cette honteuse défaite de 1940 !
Après l'arrivée d’Hitler au pouvoir, ce sera, le 18 juin 1935, la signature d'un traité entre l'Allemagne et l'Angleterre permettant à L'Allemagne de créer une marine de Guerre à hauteur de 30% de celle de l'Angleterre... sans aucune consultation des alliés de cette dernière. Ce sera le début de la fabrication industrielle des U-Boats déjà conçus et testés.
Quant au pacte germano-soviétique du 23 août 1939, outre l'aspect de non-agression mutuelle, il prévoyait la fourniture par l'URSS d'importantes quantités de matières premières et de blés.
L'industrie américaine ne sera pas en reste. Le constructeur américain Ford construira en 1938 une usine d'assemblage de véhicules de transport de troupe dans la banlieue de Berlin… l’argent n’a pas d’odeur !