D’où vient le terme de « remigration » ? Pas de l’extrême droite, du moins au départ. Emprunté de l’anglais, le mot est absent des dictionnaires français. D’après Oxford, la première occurrence du terme est relevée en 1608 dans des écrits du pasteur Andrew Willet (1562-1621). L’expression est de nos jours employée par les démographes anglophones pour désigner le retour – volontaire ou non – d’immigrés dans leur pays d’origine. Historiquement, le terme est donc purement factuel et dénué de toute connotation politique.
C’est tout récemment qu’il est devenu un slogan pour l’extrême droite. « Ce concept est emprunté, au début des années 2010, par les identitaires français au parti d’extrême droite belge Vlaams Belang [ex-Vlaams Blok], mais son usage reste très confidentiel dans un premier temps », explique à L’Obs Marion Jacquet-Vaillant, chercheuse en science politique. « À partir de l’année 2014, il est employé plus régulièrement, notamment lors des “Assises de la remigration”, organisées mi-novembre par le Bloc identitaire. » Aujourd’hui, il désigne un programme politique, soit le projet de faire retourner, de gré ou de force, les immigrés non européens vers leur pays d’origine : non pas celui de leur nationalité, mais celui de leur culture, voire de leur appartenance ethnique, même si ce racisme sous-jacent est rarement assumé par ses défenseurs.
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