Il faut laisser les enfants tranquilles. C’est ce qu’ont expliqué, dans un communiqué de presse - que, de gauche à droite, on s’est accordé à trouver très digne -, Alexis Corbière et Raquel Garrido, après la garde à vue de leur fille de 22 ans, dans le cadre d’une enquête la visant pour apologie du terrorisme et provocation publique à caractère antisémite. Le couple affirme dans ce communiqué juger indispensable que distinction soit faite entre eux et leurs trois enfants, qui « doivent bénéficier d’une protection totale de leur vie privée et de leur intégrité physique et morale, inévitablement mise en danger par la curiosité ou la malveillance suscitées par l’identité de leurs parents ». Soit. Sauf que l’extrême gauche ne s’applique pas à elle-même ces principes louables réclamés par ses deux députés.
Enfants préservés (mais pas tous)
La scolarité de Vincent (le fils d’Amélie Oudéa-Castera) auquel la maîtresse en maternelle aurait refusé de faire sauter une classe n’a plus de secret pour personne ; ne manquent plus que ses bulletins de notes. Il ne s’est pourtant, à ma connaissance, rendu coupable d’aucun crime, délit ou provocation, sinon celui d’avoir suivi sa scolarité à Stanislas, ce qui pour la gauche est déjà, il est vrai, très grave. Par capillarité, ce sont les 3.500 élèves de l’établissement qui se voient stigmatisés, raillés, caricaturés par la dessinatrice Coco (Corinne Rey), dans le journal facilement trouvable en kiosque qu’est Libération. On y voit un enfant blond transpirant, affligé d’un strabisme divergent, à la face porcine piquée de boutons d’acné, coiffé avec une raie au milieu, un crucifix en pendentif, un crucifix dans les mains, à côté d’une Barbie enceinte éventrée dont l’enfant gît à côté, vociférant un mélange de prières en latin et de propos orduriers. Au fond, des parents arborant une croix eux aussi sourient : « Il est tellement plus apaisé depuis qu’il est à Stanislas. »
S’est-on demandé l’effet que produirait ce dessin agressif et vulgaire sur ces enfants, qui n’ont rien fait ni demandé à personne. Ils n’ont jamais brûlé de voitures, brisé de vitrines, caillassé de policiers, pillé de magasins. Ils travaillent, silencieusement et courageusement, c’est tout. C’est grave, docteur ? Imagine-t-on le malaise et la sidération dans les couloirs, la cour de récréation de cette école sur laquelle on a jeté l’opprobre ?
Reproche vivant
La vérité, tout le monde la connaît. Stanislas est, pour l’école publique, la statue du Commandeur. Un reproche vivant. La preuve de leur échec patent, que l’on ne peut plus imputer aux réseaux sociaux, au confinement ou à l’air du temps.
Comme dans toute expérience en laboratoire, il y a un groupe témoin, pour mesurer l’effet de la manipulation. Dans la manipulation d’apprenti sorcier pédagogiste qu’a fait subir la gauche à l’Éducation nationale, un établissement comme Stanislas est ce témoin. Dans le privé sous contrat, rares sont les écoles, du reste, à avoir résisté au rouleau compresseur. Le but est de faire craquer les quelques rescapées. Dans sa conférence de presse, Emmanuel Macron a répété plusieurs fois qu’il n’avait aucun problème avec les écoles « privées sous contrat ». Pourquoi cette précision ? Faut-il comprendre que la prochaine cible sera le hors-contrat ? On se souvient des expéditions-commandos sous le règne de Pap Ndiaye. Gabriel Attal calmera-t-il le jeu, attentif à leurs méthodes gagnantes, ou au contraire, jaloux de leur succès grandissant, marchera-t-il dans les pas de son prédécesseur ? La question reste posée, mais les mots, tout sauf anodins, choisis par Emmanuel Macron peuvent les inquiéter.
Gabrielle Cluzel
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