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La Révolution bolchévique – Vème partie

La plupart de la maçonnerie occidentale était contre la Russie depuis le début de l’établissement des loges au XVIIIe siècle ; mais tous les maçons ne détestaient pas la Russie, le Ministre Sergueij Witte était un maçon, et pourtant il a travaillé inlassablement pour son Pays.

Puisque le rôle déterminant qu’eurent certaines loges maçonniques dans l’organisation de la révolution bolchevique n’est plus un mystère pour personne, on cherchera à en savoir un peu plus.

Certains historiens affirment que les loges maçonniques furent introduites en Russie par Pierre Ier, qui, tellement fasciné par différents pays européens, en importa les us, les coutumes et les traditions, même les plus «extrêmes». D’autres historiens soutiennent par contre qu’il est plus vraisemblable de penser que les maçons arrivèrent en Russie attirés par la vague de nouveautés que Pierre avait voulu pour son pays.

Dans un premier temps, les loges maçonniques en Russie ne furent pas dangereuses pour le gouvernement ou pour la religion orthodoxe, ni pour le tissu social. Les premiers Grands Maîtres pour la Russie furent désignés par la Grande Loge d’Angleterre. En 1731, le capitaine John Philips; en 1740, le général James Keith. Keith avait des qualités humaines remarquables et fut recommandé à la cour de Russie par le roi d’Espagne, Philippe V. Personne très intelligente et courageuse, il devint, en Russie, un chef militaire et fut ensuite nommé gouverneur de l’Ukraine par la tsarine Anna, qui reconnut ses capacités. A cette époque, l’Ukraine n’était pas florissante et prospère comme dans d’autres temps, mais le bon gouvernement de Keith fit du bien à cette province et, dès qu’il quitta cette position, les Ukrainiens envoyèrent une pétition au gouvernement russe afin d’obtenir son retour.

Il y eut d’autres figures notables dans les loges russes du XIXème siècle; cependant, le secret des réunions et leur amour parfois morbide envers les sciences occultes créèrent, à la longue, une certaine méfiance à leur égard au sein du peuple russe dont la spiritualité a toujours été profonde. De plus, toutes les faveurs que les maçons s’échangèrent entre eux, en essayant d’offrir les plus hauts privilèges uniquement à leurs adeptes, ne pouvaient pas être bien vues par la population: celle-ci était marginalisée et exclue des pouvoirs qui avaient des racines dans d’autres nations et qui n’avaient certainement rien en commun avec la mentalité et la tradition russes.

Les Romanov n’avaient pas conquis le pouvoir par des luttes fratricides, des guerres, des manœuvres de palais comme d’autres familles européennes; les Romanov avaient été élus par une assemblée populaire. Ils ont toujours représenté une région qui appartenait au monde slave avec des caractéristiques typiques des pays du Grand Nord, mais il ne faut pas oublier une spécificité très importante: les caractéristiques asiatiques. Le tsar Pierre était agacé par ce qu’il appelait la « pesanteur asiatique» – mais quelle sagesse, quelle profondeur de pensée a donné l’identité asiatique à la Russie! – cette profondeur de pensée qui n’existe pas dans de nombreux pays occidentaux.

Ceux qui analysent l’histoire de la Russie sans préjugés se rendront compte que les Romanov, et les Rurik avant eux, ont fait de leur mieux pour construire la Russie, voire beaucoup plus et beaucoup mieux que d’autres dirigeants des pays occidentaux, qui n’ont pas été vilipendés par l’histoire … .

La révolution bolchevique fut en grande partie organisée et ne provint pas du peuple, parce que les réformes de Stolypine avaient presque complètement annulé les frictions sociales. Nous avons déjà dit que Lénine et d’autres chefs bolcheviques durent peiner et se hâter pour «faire la révolution» parce qu’elle était déjà de facto anachronique et inutile. Les financements pour une «campagne publicitaire» en faveur de la révolution furent substantiels et, sans ces incessantes stratégies de publicité, personne n’aurait écouté Lénine et ses compagnons.

Un soulèvement spontané avait été organisé par Pougatchov, qui exhorta les Cosaques du Don à la révolte. Beaucoup d’eux le rejoignirent, en particulier les paysans. Pougatchov, se présentant comme le tsar Pierre III, sut organiser sa propre armée et son propre appareil administratif: ce dernier émanait des décrets qui étaient envoyés dans de nombreux villages. Pougatchov promettait de réduire les impôts et de récompenser ceux qui le suivraient en leur assignant des terres et du blé. Sous-estimée pendant un certain temps, l’armée de Pougatchov commença à inquiéter la tsarine Catherine quand on découvrit que plusieurs zones situées entre la Volga et l’Oural avaient été conquises. La prise de Kazan convainquit Catherine qu’on ne pouvait plus sous-estimer le rebelle qui prétendait être le tsar Pierre III. Il ne fut pas simple de vaincre Pougatchov: l’armée russe, dirigée par le général Pierre Panine, ne subit, en partie à cause de l’insubordination des soldats, que plusieurs défaites. Ce fut en août 1774 que le général Ivan Ivanovich Mikhelson réussit à vaincre les rebelles. Un mois plus tard, Pougatchov fut capturé par ses propres hommes, qui le remirent à l’armée russe. Il fut décapité dans une place publique à Moscou le 10 Janvier 1775.

Catherine II s’engageait pour rendre plus moderne le pays qu’elle était destinée à gouverner.

Fascinée par les philosophes français et par le « Siècle des Lumières », elle fit bâtir des écoles s’inspirant des écoles françaises, aussi bien que des orphelinats et des hôpitaux. Catherine voulait gouverner avec tolérance et respect envers tout être humain. La révolte de Pougatchov l’aigrit beaucoup et son amertume devint même plus forte encore quand elle dut la réprimer violemment. Elle n’a pas été capable de communiquer avec le peuple comme elle l’aurait aimé; elle a échoué à se faire connaître en tant que dirigeante tolérante et respectueuse à l’égard de tous.

Guidée par une grande intelligence et une forte volonté, Catherine s’interrogea pour essayer de comprendre quelles étaient ses erreurs. Elle se sentait le successeur de Pierre Ier, qu’elle admirait beaucoup, et voulait continuer son travail de modernisation de la Russie. Elle réussit à agrandir d’un tiers le territoire de son pays bien-aimé. Son plus grand succès dans la politique étrangère fut l’annexion de la Biélorussie, de la Pologne orientale et de la Crimée, suivie par l’accès à la Mer Noire. En ce qui concerne la politique intérieure, de nombreuses bonnes idées de Catherine ne furent pas réalisées; une certaine noblesse considéra toujours la tsarine comme une usurpatrice et, pour en obtenir le consentement, Catherine dut lui faire des concessions qui pénalisèrent les plus pauvres.

En 1767, Catherine convoqua une commission qui devait réformer le gouvernement et l’ensemble de la société russe, pas seulement l’aspect juridique, comme on dit souvent.  Elle élabora un document constitutionnel inspiré par «L’esprit des lois» de Montesquieu et par l’œuvre de Cesare Beccaria « Des délits et des peines». Beaucoup d’espoirs, mais, malheureusement, il y eut peu de changements pour les plus démunis: la noblesse limita les transformations que l’impératrice aurait souhaitées pour la Russie. Probablement, Catherine n’aima jamais la noblesse russe.

Pour mieux comprendre comment la révolution détruisit et proposa l’annulation de l’individu, on pourrait parler d’autres souverains de la Maison Romanov qui se préoccupèrent de la construction du Pays, on pourrait parler par exemple de Pierre le Grand, admiré par les Soviétiques … .

Au grand jour, sans aucune nécessité de réunions secrètes et ésotériques, Pierre fit une révolution constructive pour changer la Russie, pour la rendre plus moderne. Il avait beaucoup voyagé, travaillant  même dans les chantiers navals comme ouvrier, et il s’attela à ce que son pays ne soit pas inférieur aux nombreux pays occidentaux qu’il avait visités. La Russie était un pays arriéré en raison de l’invasion tatare-mongole: les princes russes devinrent des vassaux et les collecteurs d’impôts du Khan étaient implacables. Certaines zones de la Russie furent anéanties par cette invasion qui dura presque trois siècles, mais la ville de Moscou commença à croître et se développer sous la domination mongole. Les voies fluviales de Moscou permirent d’atteindre la Mer Baltique au Nord et la Mer Noire au Sud, ce qui offrit de considérables avantages au commerce.

Les envahisseurs ne freinèrent pas la croissance économique des villes russes: pour eux, c’était le paiement régulier des impôts qui importait; et plus les villes étaient riches plus elles pouvaient payer. D’ailleurs, les princes moscovites surent coopérer avec les Mongols et Moscou devint donc un riche centre du pouvoir. L’invasion des Mongols fut beaucoup moins invasive et nocive que «l’invasion » bolchévique. Après la conquête qui, comme l’on a dit, amena des conséquences difficiles uniquement dans certaines villes déjà en déclin au moment de l’invasion (comme Kiev), les assaillants soumirent les autres zones, qui commençaient à avoir des traditions typiquement russes ; toutefois, précisément comme à Moscou, elles furent laissées libres de s’élargir et de professer leur religion. L’un des objectifs de «l’invasion» bolchévique fut, au contraire, la suppression de la religion orthodoxe et, en enlevant aux gens la possibilité de pratiquer librement leurs croyances religieuses, on tue l’âme d’une communauté. L’homme ne naît pas athée, comme certaines philosophies affirment; l’homme naît avec beaucoup de questions et c’est seulement dans l’Esprit de Dieu qu’il trouve toutes les réponses. Malgré les déformations bolchéviques, le peuple russe est la démonstration de la façon avec laquelle une religion peut être, pour les fidèles, le trésor le plus précieux. Même Staline se rendit compte que les Russes ne tiraient leur force que de la prière et de la foi qu’ils continuaient à posséder, même si elles avaient été déclarées « illégales » par le régime; ainsi, quand les Allemands arrivèrent aux portes de Leningrad, il permit de célébrer une Messe pour le salut de la Patrie.

Pour revenir à Pierre le modernisateur – il est indéniable que ce tsar n’était pas aussi religieux que les autres Romanov, mais certainement il n’interdit pas aux gens de professer leur foi. On peut dire que Pierre commença à gouverner directement la Russie à partir de 1695. Vingt ans plus tard, le 24 Juin 1717, la première loge maçonnique naissait en Angleterre.

Mais certaines sociétés secrètes avides de pouvoir et d’ésotérisme remontent à l’Egypte ancienne et à la Grèce antique. C’est précisément de ces sectes que la maçonnerie anglaise s’inspira. Mais ce fut la secte de la Rose-Croix, dont la diffusion en Allemagne commença déjà au début du XVIIIème siècle, qui servit d’exemple pour les Illuminés de Bavière et les bolcheviks.

Les Rosicruciens avaient «volé » au christianisme de nombreux symboles, mais les membres de cette secte se vouaient essentiellement à l’occulte et à la magie. Déjà en 1600 les Rosicruciens avaient comme objectif la construction d’un « nouveau monde » et leur mission était également de créer un renouvellement spirituel. Ils éprouvaient un grand mépris pour l’Église catholique, qui selon eux devait être effacée de la surface de la terre. Les Rosicruciens voulaient une « réforme universelle et générale de l’univers entier ». Ils accusaient souvent les Jésuites, qui avaient demandé l’arrestation d’Adam Haselmeyer. Celui-ci prophétisait l’arrivée de « l’empire du Saint-Esprit»: le clergé catholique et le Pape seraient écrasés et la nouvelle ère du Saint-Esprit apporterait un grand renouvellement spirituel.

Le jésuite Jacques Gaultier définissait les Rosicruciens de cette façon : «Une secte secrète en vogue depuis quelques années en Allemagne, encore peu connue parce que ses membres sèment secrètement le poison, en prenant des précautions minutieuses pour éviter d’être découverts.»

Il ajoutait en outre : «Toutes ces déclarations – certaines énigmatiques, d’autres hardies ou hérétiques, d’autres encore soupçonnées de sorcellerie – nous suggèrent que la prétendue confrérie n’est pas si vieille comme elle veut faire croire; au contraire, elle serait en effet une jeune branche du luthéranisme, contaminé par Satan avec de l’empirisme et de la magie, afin de tromper plus facilement les esprits capricieux et curieux.»

Ceux-ci étaient les programmes totalitaires et arrogants des Rosicruciens – très probablement les ancêtres des bolcheviks. Dans la même période un membre des Romanov, Pierre, avait également des programmes pour un monde meilleur et surtout pour une Russie meilleure, mais il les construisait sans secrets, impliquant tout le monde, pas seulement quelques élus. Pierre voyagea beaucoup à travers l’Europe incognito, il était très intelligent et ingénieux, mais il n’eut jamais l’idée de « contrôler le monde » comme ceux qui se rencontraient en secret.

Pierre ne se limitait pas à gouverner, il travaillait comme charpentier, comme il lui arriva aux Pays-Bas, dans les chantiers d’Amsterdam. Il resta en Angleterre pendant quatre mois. Pierre était intéressé à s’instruire dans les Pays qui étaient plus avancés que la Russie dans certains secteurs: dans la navigation, dans l’artillerie, dans la construction. Il amena en Russie de nombreux techniciens, ingénieurs et architectes étrangers. L’armée fut  la première à être réorganisée par le tsar, qui créa également une puissante flotte de combat. En 1700, 29 régiments d’infanterie et deux de dragons – infanterie à cheval – furent institués; dans la même année, Pierre créa également le premier régiment d’artillerie. Entretemps, on bâtit une usine sidérurgique dans la région de l’Oural pour construire des canons – la première en Russie. Afin d’obtenir l’argent nécessaire à l’armée, aux chantiers, aux navires, à la nouvelle ville en construction (Saint-Pétersbourg), Pierre confisqua les terres des Monastères.

Daniela Asaro

Merci pour la collaboration dans la traduction à l’écrivain Daria Ruscello

revu par Martha pour Réseau International

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