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En Allemagne, l’AfD progresse : la grande peur des bien-pensants

Elle monte, elle monte, l’AfD, le parti que l'on dit frère du Rassemblement national et qui siège à ses côtés au Parlement européen dans le groupe Identité et Démocratie. Selon un récent sondage, cette formation politique est créditée de 22 % des voix pour les prochaines élections européennes. Une telle percée inquiète les partis dits de gouvernement, que ce soit le centre droit (CSU-CDU) ou les partis de gauche, SPD, Die Linke ou les Verts.

Car il y a, bien sûr, la perspective des élections européennes où, selon les projections de la plate-forme d’analyses et de sondages Europe Elects, l’AFD gagnerait 22 sièges, contre 9 actuellement. Signalons, au passage, qu’Europe Elects se décrit « comme un chien de garde vigilant de la démocratie dans les pays autoritaires décrits » et entend développer la vision d’« un monde caractérisé par une compréhension politique transfrontalière et une démocratie mondiale dirigée par des citoyens politiquement autonomes ».

Il ne s’agit donc pas vraiment d’un sondage de complaisance.

Et puis, selon le politique spécialiste des droites européennes Lionel Baland, l’AfD est créditée de 31 % aux élections de Thuringe en septembre prochain et le parti de gauche anti-immigration, nouveau venu de la scène politique allemande, obtiendrait dans le même Land 17 % des voix. Dans le Land de Brandebourg, l’AfD, toujours pour ces élections de septembre prochain, est créditée de 28 % des voix.

C’est dire si la question migratoire et, donc, identitaire cristallise les inquiétudes des Allemands, tandis que la coalition de gauche menée par Olaf Scholz se trouve en difficulté dans une Allemagne en crise.

Tout récemment, Alice Weidel, patronne des parlementaires AfD au Parlement fédéral a déclaré au Financial Times qu’un « Dexit » (sortie de l’Allemagne de l’Union européenne) pourrait être envisagé s’il s’avérait impossible de réformer l’UE de l’intérieur, à commencer par la Commission européenne « non élue ». Selon elle, le Brexit est un modèle et non un échec.

À cela s’ajoute la révélation d’une réunion semi-secrète dans un hôtel de Potsdam, en novembre dernier, en présence d’hommes d’affaires et d’hommes politiques identitaires de l’AfD, dont Alice Weidel, mais aussi d’Autriche. L’Autrichien Martin Sellner y a développé - horresco referens - sa vision de la remigration.

Stupeur et tremblements ! En Allemagne, c’est désormais tous contre un

Comme le rapporte avec minutie Lionel Baland, auteur d’une très précieuse veille informationnelle sur la droite patriote et conservatrice en Europe, aucun moyen n’est négligé pour mettre l’AfD au ban de la société civile et politique : ainsi, des manifestations monstres ont eu lieu en Allemagne, le week-end dernier. Les chemins de fer allemands, mais aussi des sociétés de ramassage d’ordures (!) à Berlin prennent position contre l’Afd ; l’ancien président du Bayern de Munich a lancé un appel contre l’AfD lors d’un hommage au footballeur Franz Beckenbauer. Ici, ce sont les évêques allemands qui s’élèvent contre ce parti ; en Hesse, c’est la candidature d’Anna Nguyen, d’origine vietnamienne et membre de l’AfD au poste de vice-président du Parlement, poste qui devait lui revenir de droit, qui est écartée. En Bavière, poursuit Baland, « le ministre-président de Bavière et président du parti social-chrétien CSU Markus Söder désire que la question de savoir si un membre du parti patriotique AfD est autorisé à travailler en tant que fonctionnaire soit examinée ». Et ainsi de suite.

Cet inventaire à la Prévert de la diabolisation montre que celle-ci tourne à plein régime et que, dans une démocratie occidentale à bout de souffle, les élites politiques rejettent ouvertement l’exercice souverain du vote et, donc, la démocratie représentative.

Le peuple, voilà l’ennemi ! Il convient donc de l’invisibiliser dans une sorte de cancel culture politique. Au nom de la démocratie, bien sûr.

C’est donc très démocratiquement que, devant le danger du « retour de la peste brune », la classe politique allemande évoque maintenant l’interdiction du parti. « L’État a le devoir d’étudier une éventuelle interdiction de l’AfD » : ces propos de Wolfgang Thierse, ex-président social-démocrate du Bundestag, que l’on peut lire sur le site 7sur7.be, sont appuyés par cette menace aux allures de sentence du vice-chancelier écologiste Robert Habeck : « s’il est prouvé qu’un parti veut transformer le pays en un État fasciste, il doit être interdit, quelle que soit sa force. » Au nom de l’État de droit ?

Marie d'Armagnac

https://www.bvoltaire.fr/en-allemagne-lafd-progresse-la-grande-peur-des-bien-pensants/

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