L’autre record d’Emmanuel Macron en matière migratoire porte sur les régularisations de clandestins. Toujours plus nombreux, ils étaient ainsi 34.000 « sans-papiers » à être régularisés, l’an dernier. On en arrive ainsi à un total de plus de 200.000 personnes depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Record battu.
Stop ou encore ? Le gouvernement a tranché. Ce sera encore. Avec sa loi Immigration, il prévoit en effet la régularisation de 10.000 illégaux supplémentaires. Plus on est de fous, plus on rit. Inutile de préciser que cet article a allègrement été validé par les « sages » du Conseil constitutionnel. Le concept du « cavalier législatif » n’a d’utilité que pour retoquer les mesures vaguement restrictives… Ravi de sa loi, le Président a immédiatement demandé à Gérald Darmanin de « tout mettre en œuvre » pour que la loi « soit appliquée dans les meilleurs délais ».
Un service après-vente en ordre de bataille
Histoire de faire passer la pilule auprès d’une population française déjà passablement chauffée à blanc sur les questions migratoires, le gouvernement a étoffé son argumentaire. Les éléments de langage sont fin prêts pour faire croire que la France s’écroulerait sans ces travailleurs immigrés. « Nous avons besoin de cette main-d’œuvre », avait ainsi assuré Olivier Dussopt, selon lequel ces régularisations permettraient « d'apporter de la sécurité aux employeurs parce que, souvent, les employeurs concernés ne savent pas que leurs travailleurs sont en situation irrégulière ». C’est notamment le cas dans les fameux « métiers en tension », ces secteurs où la main-d’œuvre illégale serait devenue indispensable et dont on nous rebat les oreilles depuis quelques mois déjà.
Dans un premier temps, syndicats, presse et politiques ont joué la carte du misérabilisme. Il s’agissait alors de faire pleurer dans les chaumières en évoquant les tâches ingrates que le Français paresseux aurait déléguées aux sans-papiers courageux : ramassage des poubelles, livraison de sushis, plonge dans les restaurants… Enfin une main-d’œuvre corvéable à merci que le patronat pouvait payer au lance-pierre tout en se faisant passer pour l’abbé Pierre !
Mais cette rhétorique prenant rapidement des airs d’apologie de l’esclavage, il a fallu en trouver une autre. C’est désormais chose faite avec l’argument des « PADHUE », ces docteurs diplômés hors de l'Union européenne - venant essentiellement d’Afrique - qui seraient désormais 5.000 à exercer dans les hôpitaux publics français. Lors de sa grande conférence de presse du 16 janvier, Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de « régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins », assurant que ceci permettrait de « mettre fin au scandale des déserts médicaux ». Dès le lendemain, une tribune publiée dans Le Point reprenait exactement les mêmes termes. « Sans les médecins étrangers, le système de santé s’effondre », juraient les signataires. L’immigration est une chance, l’union fait la force, etc. En revanche, pas un mot sur les raisons de la pénurie de praticiens français, sur le scandale d’un numerus clausus qui n’a que trop duré, sur les façons de rendre sa souveraineté à notre système de santé. Le but de la tribune était simplement d’appeler à une régularisation urgente et massive des sans-papiers. Il se trouve, par ailleurs, que l’initiateur du texte n’est autre que Mathias Wargon, urgentiste, mais aussi mari de l’ex-ministre macroniste Emmanuelle Wargon. Un hasard, sans doute.