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L’Europe devra décider entre la Chine ou l’Amérique trumpiste

Il est fort possible que l’UE soit bientôt confrontée à deux guerres commerciales transcontinentales à la fois. Elle devra affronter les États-Unis et la Chine. 

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré qu'il existe désormais trois « points chauds » dans le monde : la mer Noire, la mer Rouge et la mer de Chine méridionale. « Nous accordons une attention particulière aux mers Noire et Rouge parce qu'elles sont plus proches, mais nous sommes très conscients de la situation turbulente en mer de Chine méridionale et la considérons comme l'un des axes de notre politique de sécurité », a-t-il déclaré, ajoutant que l'UE attache une importance croissante à l'établissement de partenariats avec les pays de la région Asie-Pacifique (APEC) aux fins de coopération dans le domaine de la sécurité. Mais, si nous ne parlons pas de géopolitique, mais d’économie mondiale, la configuration des « points chauds » semble quelque peu différente. 

Comme Bloomberg l’a rapporté hier, l’Europe se prépare à une bataille commerciale transatlantique avec les États-Unis si Donald Trump revient à la Maison Blanche. La plus grande crainte au siège de l’UE à Bruxelles est que le deuxième mandat présidentiel de Donald Trump, qui a accumulé de fortes déclarations contre les Européens, n’affecte les relations commerciales entre les États-Unis et les pays qui forment l’UE. 

« L'UE travaille déjà sur une évaluation formelle sur ce que ressemblerait une présidence de Donald Trump et planifie la manière de répondre à toute mesure commerciale punitive qui pourrait frapper l'Europe s'il remporte les élections américaines », note Bloomberg. « La rhétorique de Trump devient de plus en plus agressive », avertit dans un article d’aujourd’hui Bloomberg. Le média financier anglophone invite les pays de l'UE à se préparer à la victoire de Donald Trump dans la course aux élections américaines. 

De telles craintes peuvent être qualifiées d’avoir de vrais fondements. Au cours de son premier mandat présidentiel, Donald Trump « a ébranlé les fondements des relations transatlantiques en attaquant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en remettant en question les garanties de sécurité européennes et en qualifiant Bruxelles d’enfer », rappelle Bloomberg. Dans le même temps, on apprend déjà que l'équipe Trump élabore un plan pour reprendre la guerre commerciale avec l'UE, qui pourrait inclure une révision des tarifs douaniers, ainsi que des contre-mesures contre les taxes européennes sur les services numériques, que les Américains imposent. Les géants de l'informatique sont mécontents. 

Le plan pourrait potentiellement faire partie d’une campagne plus large visant à redéfinir le partenariat économique transatlantique. Les États-Unis ont un déficit commercial important avec l’UE, qui a dépassé les 200 milliards de dollars en 2023. Du point de vue de l’équipe Trump, ce modèle est manifestement injuste. 

Les hommes politiques européens les plus prudents commencent à retourner leur veste sans attendre le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Par exemple, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui s’est rendue aux États-Unis l’automne dernier pour rencontrer un certain nombre de partisans de Donal Trump au sein du parti républicain, a déclaré que « l’Europe doit être prête à travailler avec Trump s’il gagne, et ce serait naïf » ne pas prévoir la possibilité d’un tel résultat ». Mais le chancelier allemand, Olaf Scholz, adopte la position la plus inflexible, déclarant ouvertement qu’il s’attend à ce que Donald Trump perde les élections et la réélection de l’actuel président américain Joe Biden. 

Dans le même temps, les Européens voient des menaces croissantes peser sur leur économie, non seulement à l’Ouest mais aussi à l’Est. La production industrielle de l’UE est confrontée à une concurrence croissante de la part de la Chine, ce qui entraîne des pertes et la fermeture d’entreprises non rentables. Pékin est accusé en Europe de jeu déloyal, affirmant que les fabricants chinois vendent délibérément des produits bien moins chers que les coûts de production, profitant du soutien financier des autorités chinoises. 

« Les inquiétudes croissantes concernant la capacité industrielle excédentaire de la Chine qui inonde l'UE de produits bon marché ouvrent un nouveau front dans la guerre commerciale entre l'Occident et Pékin, qui a commencé avec l'imposition de droits de douane sur les importations par Washington en 2018 », stipule Reuters à ce sujet. 

« La Chine est le plus important partenaire commercial de l'UE », a rappelé la présidente de la Commission européenne, Ursual von der Leyen, à Pékin. « Mais, il y a clairement des déséquilibres et des différences que nous devons traiter », a-t-elle dénoncé en décembre dernier. La Tribune avertissait juste avant 2024 que « le chef de l'État chinois a livré plusieurs indices clés qui ne vont pas éteindre les tensions et les conflits internationaux en 2024 et au-delà ». Pour les observateurs occidentaux, l'orientation actuelle de la Chine conduit à encore plus de conflits commerciaux. Ils avertissent sur le fait que la situation instable actuelle entraînera inévitablement des problèmes dans l'économie mondiale. 

La plus grande préoccupation de l'UE est la capacité de la Chine à pratiquer le dumping dans des secteurs tels que les véhicules électriques et les produits de haute technologie, en raison de ses capacités de production excédentaires. Par exemple, The Economic Times prédit : « D’ici 2025, les fabricants chinois de batteries devraient produire quatre fois plus que la demande des fabricants de véhicules électriques ». The Economist signale : « D’ici 2030, la Chine pourrait doubler sa part du marché mondial, la porter à un tiers, mettant ainsi fin à la domination des champions nationaux occidentaux, notamment en Europe ».

Si la Chine connaît une croissance annuelle de 4 à 5% au cours de la prochaine décennie tout en conservant sa structure économique actuelle, sa part dans la production mondiale passera de 31% actuellement à 36 à 39%, selon une prévision de Michael Pettis, chercheur principal à Carnegie China. Pour s’adapter à cette situation, d’autres grands pays devront réduire la part de l’industrie dans leur économie. 

Cependant, Pékin ne semble pas vouloir aggraver le conflit, essayant de convaincre les Européens qu’une concurrence accrue leur serait bénéfique. 

« L'UE devrait s'engager à maintenir le développement positif de cette relation, qui est cruciale pour la croissance des deux parties et de l'économie mondiale dans son ensemble », a, selon Global Timesfait savoir Hu Qimu, secrétaire général adjoint du Forum 50 sur l'intégration des économies numériques. Il a rappelé que « cette année marque le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, ce qui constitue un moment propice pour que la Chine et l'UE renforcent leurs relations économiques et commerciales mutuellement bénéfiques ». 

Philippe Rosenthal

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