Maximilian Krah est un intellectuel et homme politique allemand, connu pour son engagement au sein de l’Alternative für Deutschland (AfD), un parti politique allemand de droite. Il est à la tête de son parti pour les élections européennes de 2024, Krah est l’auteur d’un manifeste offrant une analyse approfondie des positions de l’AfD et des principes qui définissent la droite. Son livre propose aussi une réflexion sur les enjeux européens actuels, tout en fournissant des conseils et des perspectives pour les citoyens européens.
En tant que membre de l’AfD, Maximilian Krah est impliqué dans un mouvement politique qui a marqué le paysage politique allemand en remettant en question les politiques établies et en plaidant pour un changement dans la gouvernance. Son livre peut être considéré comme un guide intellectuel visant à clarifier les positions de l’AfD, tout en contribuant à une meilleure compréhension des idéologies de droite en Europe.
L’Alternative für Deutschland (AfD) est un parti politique allemand fondé en 2013. Initialement créé en réaction à la politique économique de l’Union européenne et à la gestion de la crise de l’euro, l’AfD a évolué pour devenir un acteur majeur sur la scène politique allemande. Le parti se positionne à droite de l’échiquier politique et s’identifie comme un mouvement de droite conservatrice. Le parti a critiqué ouvertement la politique d’accueil des réfugiés en Allemagne, s’opposant à l’idée d’une société multiculturelle et plaidant en faveur d’une politique migratoire plus restrictive. Sur le plan économique, l’AfD défend des positions favorables au libre marché et à une réduction du rôle de l’État dans l’économie.
L’AfD a rencontré un succès électoral significatif, entrant au Bundestag en 2017 en devenant la troisième force politique du pays. Cependant, la montée en puissance de l’AfD n’a pas été sans controverses, le parti étant critiqué pour ses positions jugées nationalistes. Les divisions internes et les débats sur la direction idéologique du parti ont également marqué son parcours. En effet, la gestion de l’AfD est très démocratique. Une direction collégiale avec 2 co-présidents ainsi qu’une organisation fédérale qui peut limiter le pouvoir central du parti, esprit très allemand.
Dans cet ouvrage politique qui retient notre attention, l’auteur entreprend une exploration des fondements idéologiques et des grandes lignes directrices qui définissent la droite politique. À travers son analyse approfondie, l’auteur s’attache à décrypter les principes qui sous-tendent la pensée politique de la droite, tout en esquissant un portrait complexe de cette orientation idéologique. De la définition des valeurs fondamentales à la clarification des objectifs politiques, l’ouvrage cherche à éclairer le lecteur sur les caractéristiques qui distinguent la droite et à offrir une perspective éclairée sur les enjeux contemporains. Cette exploration intellectuelle vise à jeter les bases d’une compréhension approfondie des idéaux et des positions de la droite, offrant ainsi une contribution significative au débat politique européen.
Si la droite veut gagner la confiance, elle doit éviter deux écueils : au lieu de se trouver des excuses pour devenir conformiste, elle doit utiliser les espaces de libertés, en créer même. Au lieu de rester dans la protestation bruyante, elle doit présenter des solutions convaincantes et réalisables, et rechercher l’approbation pour la mettre en œuvre. Cet ouvrage est donc une impulsion dans ce sens. L’un des objectifs de Maximilian Krah est de raviver la conscience politique des autochtones. En effet, pour l’AfD, il n’y a pas de « Demos » sans « ethnos ». Krah justifie cet ouvrage par le manque d’offre politique, les problèmes ne peuvent être résolus en raison du cadre politique trop restreint. Ces politiques de gauche ne croient pas en l’avenir, mais veulent le façonner. Selon Krah, cette domination complète de la gauche est contre-productive. Il faut ériger un contre-modèle.
Le livre commence naturellement par la clarification du qualificatif « être de droite ». Cela permet au lecteur de comprendre le raisonnement des développements dans la suite du livre.
Pour Krah, il y a un refus à être classé de droite, surtout en Allemagne, car c’est lié au fascisme et à l’extrême droite. Des gens de droite seraient devenus aussi des complices de cet amalgame ; soit par lâcheté, en ne s’y opposant pas ; soit par caricature. Il y a ainsi une préférence pour le mot « conservateur ». Par exemple, la CDU a toujours refusé de se présenter comme de droite, préférant le terme de « libéraux-conservateurs » ou « bourgeois-libéraux-conservateurs ». Il y a ainsi un flou conceptuel. Or, le langage est le moyen de la politique. Il est essentiel pour Krah de bien définir la sémantique. Élaborer une politique à la droite du libéralisme de gauche implique de clarifier les concepts.
A la suite, Maximilian Krah entreprend une analyse approfondie pour expliciter la nature de leur conservatisme, mettant en lumière les éléments spécifiques qui les rattachent à cette appellation tout en soulignant les nuances qui les distinguent.
Selon Krah, la plupart des conservateurs font preuve d’un manque de courage et d’une lâcheté intellectuelle. Il dénonce la position classique des conservateurs, à savoir la conservation stérile, une attitude sceptique vis-à-vis de la nouveauté. Ils refusent l’idée du progrès infini par la gauche. Néanmoins, ils se donnent le droit d’être en position d’attente. Ils refusent le progrès lorsqu’il apparaît, laissant ainsi le monopole à la gauche, et l’embrassent une fois celui passé, et qu’un autre est créé. Ils reconnaissent de fait le rôle de la gauche en tant que précurseur du développement sociétal, les conservateurs se limitant à une position de contrôle, il n’y a aucune ambition conceptuelle propre. L’exemple parfait est celui d’Armin Laschet, Ministre-Président de Rhénanie-Westphalie depuis 2017 et président de la CDU en 2021. Qui veut-on enthousiasmer avec ce projet politique lance Maximilian.
Être conservateur au sens de la droite ce n’est pas ça. La vision conservatrice, c’est la reconnaissance du caractère relié de l’Homme à son environnement ; foi, nature et tradition. La pensée de gauche entend sacrifier cela sur l’autel de la liberté. Cela se caractérise premièrement par se libérer de la Foi, puis de sa culture, et jusqu’à se libérer des contraintes biologiques. Ainsi, pour la gauche, la liberté individuelle est la seule valeur, un absolu.
Être de droite, c’est respecter l’ordre naturel. La liberté n’est pas sans tête, mais articulé autour de la transmission. L’ordre naturel impose des devoirs comme honorer ses parents, transmettre son héritage. La droite reconnait la liberté comme un processus de socialisation et d’éducation. C’est en se fixant une discipline, qui induit un apprentissage et permettra le bon usage de la liberté. La liberté s’inscrit dans un cadre. L’intégration de l’individu dans un ordre permet à sa liberté de porter ses fruits qui créent une valeur supérieure à l’exercice de la liberté. Ce sont ces valeurs qui maintiennent la cohésion et la progression. Une liberté arbitraire et dépouillée de tout devoir et d’obligations est négative. Ainsi, il poursuit par ce qui nous a été transmis, ce dont nous avons hérité, là où nous sommes nés, ce qui nous constitue biologiquement, tout cela nous oblige. Nous avons le devoir de l’accepter, de comprendre, d’améliorer et de le transmettre.
C’est cette conception de droite du conservatisme qui s’oppose à la fois à la gauche et à la mentalité conservatrice des libéraux-conservateurs. En effet, cette conception n’est pas attentiste, elle est conquérante et avant-gardiste.
Le courant libertarien a un certain succès dans les rangs de la droite. Le phénomène n’est pas aussi en France que dans les autres pays germaniques ou anglo-saxons. Le libertarisme consiste au diagnostic d’un Etat dysfonctionnel et qu’il convient en thérapeutique de le réduire au maximum afin de le remplacer par des initiatives privées. Selon Krah, la voie libertarienne est la voix de facilité pour la droite. Selon lui, il y aurait un complexe chez les libertariens à s’affirmer de droite ou conservateur, préférant ainsi le terme de libertarien.
Néanmoins, l’approche libertarienne est une approche intéressante. Elle tient compte de la logique interne des institutions. Pour eux, l’Etat est désincarné. L’extension du pouvoir de l’Etat rentre en conflit avec la tradition, la nature et la liberté. Selon Maximilian, les libertariens ne pensent pas assez loin, mais nous permettent d’au moins réfléchir sur la conception et le rapport à l’Etat. Ils renoncent à l’Etat en raison de ses nombreuses intrusions. Ainsi, la pensée libertarienne a du succès surtout chez les jeunes adultes de droite qui pensent ne pas avoir besoin de l’Etat.
Pour Krah, ce n’est pas convaincant. C’est voir Scylla sans voir Charybde. Le soutien au privé doit être plus nuancé. Les grosses entreprises, souvent des monopôles, comme Google ou Twitter, sont aussi générateurs de torts (liberté d’expression ou wokisme). De plus, il y a la concentration des pouvoirs par l’argent. Un problème d’ordre éthique. Le critère justificatif devient l’argent et non la tradition, le temps, la transmission. A partir de là, il y a une volonté de soustraire le contrôle communautaire à un contrôle oligarchique. Certaines dimensions ne peuvent relever du privé, car elles relèvent du bien-commun et ne coïncident pas avec les logiques du marché économique. Notamment les langues ou la culture. Ces dimensions collectives appellent donc à un contrôle public. Il ne s’agit pas de s’opposer à l’idée d’Etat comme force collective, mais d’être conscient de sa dangerosité. Il convient d’être sceptique, de le limiter et d’avoir des mécanismes de contrôle. Krah poursuit qu’il convient donc de travailler ensemble, avec les libertariens, sans embrasser leur excès.
Il y a très peu d’intellectuels à droite. Les intellectuels sont surtout des figures de gauches. Pour porter les ouvrages des intellectuels de gauche, il faudrait une bibliothèque entière alors que les ouvrages de droites tiendraient sur une vitrine. La droite n’est pas forcément à l’aise avec les intellectuels, y compris les siens. Qui à droite, a lu Leo Strauss, Schmitt, Armin Mohler, Arthur Moeller van den Bruck ? Ceux-là comptent parmi les grands penseurs de droite du XXe siècle.
La droite, c’est l’accord de la tradition avec la nature. Ainsi, il y a peu de justification abstraite à droite. Au contraire de la gauche. Elle nécessite la justification abstraite et mentale. La droite s’incarne. L’homme de droite idéal n’est pas l’intellectuel, mais l’homme enraciné qui milite pour ce qu’il vit et pour ce qu’il veut continuer à vivre. La pensée de droite repose surtout sur l’intuition, du sens commun. Il existe même un certain anti-intellectualisme. L’intellectualité de droite est parcellaire. Selon Krah, il ne convient pas nécessairement d’imiter la gauche en misant uniquement sur la raison. Il y a aussi le « thymos » et le « mythos ». Néanmoins, si l’on veut être de droite et intellectuel, nous devons connaître nos classiques, Schmitt, Thomas Mann, Oswald Spengler.
Selon Krah, c’est ainsi que certains, qui se veulent de droite, se sont essayés à des constructions intellectuelles, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la droite. Selon lui, cela commence par la méconnaissance de son adversaire politique. Au XIXe siècle, les conservateurs ont conclu une trêve avec les libéraux pour s’attaquer au socialisme et à Marx. Par la suite, la droite a renoncé à la critique du libéralisme en se focalisant sur le socialisme. Marx explique les dynamiques mondiales par les groupes d’intérêts économiques. Aujourd’hui, la droite se trompe d’ennemi. La gauche radicale, socialiste, n’est plus le premier des adversaires depuis l’avènement de la gauche libéral, « centriste », modéré. En effet, la guerre culturelle nous oppose à des bourgeois-libéraux comme Derrida ou Foucault. Ces intellectuels français, précurseurs du wokisme, ne sont rigoureusement pas des marxistes. Ce sont des penseurs du libéralisme, héritier des libertins du 18ème. Dans cette pensée, il y a un refus de la transmission et de la normativité. L’essence de cette pensée est nihiliste et subjectiviste. Le libéralisme a évolué et a renoncé à la trêve avec les conservateurs, car elles n’étaient plus nécessaires. L’idée de l’ordre est un obstacle pour les libéraux dans la maximisation du profit. Aujourd’hui, la bourgeoise mondiale est associée avec le libéralisme de gauche, l’incarnation de cela est Soros. Pour Krah, la droite et la gauche radicale sont face à un centrisme libéral radicalisé qui est tout-puissant.
En tant que religion, le Christianisme n’existe quasiment plus, entendu comme une communauté de croyants effectifs. En Allemagne, les différences entre les évangéliques et les catholiques ne sont plus si évidentes, il n’y a plus tellement de différences philosophiques. Ce sont des organismes métapolitiques de gauche libérale. Qu’y a-t-il de commun dans la pratique du Cardinal Burke et du Cardinal Marx lance Krah. De plus, selon lui, il est illusoire d’axer une politique de tradition chrétienne, car elle irait contre le christianisme organisé, dont les Evêques se feront le plaisir de critiquer. Ainsi, c’est se retrouver en contradiction avec l’Eglise contemporaine. Dans la sphère politique, la religion est un fait social. La perte de la Foi en Occident doit être considérée comme un fardeau. L’Eglise traditionnelle est précieuse. Il faut avoir conscience de ce qu’il manque. Cependant, un mouvement politique ne peut combler ce manque. Krah considère ce manque comme une imperfection et une difficulté supplémentaire pour la droite. Il est ouvert, sur le principe, à un christianisme renouvelé, mais il n’existe pas, et ce n’est à un parti que de le renouveler.
La politique de droite veut améliorer la vie des gens et rendre le pays plus prospère, plus pacifique et réconcilie.
C’est cette impression que doit dégager l’homme politique. En effet, beaucoup trop de politiciens se sont incarnés comme des bureaucrates froids. Le leadership est nécessaire pour incarner un changement et ne pas être vu comme un populiste qui n’a que la critique. La politique a besoin d’idées-forces, de principes, de règles, mais ceux-ci ont besoin d’exception pour devenir praticable et humain. La règle se prouve par sa flexibilité de son application dans la vie. La bienveillance, la magnanimité et la joie de vivre doivent ressortir des militants politiques.
Pour la gauche libérale, l’identité serait le produit de rapport de force et des institutions. Le « moi » n’apparait qu’à partir de psychanalyses, de déconstruction. Cette déconstruction serait le moyen d’obtenir la seule vraie liberté. Le « moi » n’apparait finalement qu’à trouver le processus de déconstruction. Le moi devient une transformation permanente. Il dépend des circonstances extérieures auxquelles il est momentanément exposé et sur lesquelles il réfléchit. Or, l’essence du moi, c’est l’héritage reçu, être un homme ou une femme, être socialisé dans une culture et dans une langue, faire partie d’une communauté, être dans un environnement. Être de droite, c’est accepter et vivre conformément à cela. Politiquement, notre rôle est de conserver cela. L’ordre sert à préserver le moi et inversement. Le moi en accord avec lui-même est constitutif de l’ordre. C’est un équilibre. L’identité de gauche est la rupture avec ce qui nous lie à une réalité identitaire et culturelle.
La déconstruction des concepts a rendu difficiles les réponses claires, car nous devons expliquer aujourd’hui ce qui était évident il y a une génération. En résultat, nous avons deux ou trois générations qui ne sait plus ce qu’elle est et confond instabilité et liberté. Krah prolonge que la droite politique répond au besoin de clarté. La droite, c’est la vie en harmonie avec soi, la nature ; une vie que l’on veut transmettre. Une vie en harmonie avec ses déterminismes et sa biologie.
L’identité sexuelle se fonde sur le fait biologique. L’identité, c’est l’adéquation avec ce que l’on est. Selon la conception « classique » des rôles, la répartition obéissait à un l’ordre logique ; les femmes donnent naissance et ont une relation privilégiée avec l’enfant, l’homme a la force physique qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. L’éminente valorisation de la maternité dans tous les cultures illustre l’importance capitale de la femme en tant que mère. Néanmoins, être une femme ne se limite pas au rôle de mère. L’évolution technique et économique a transformé la force physique en société de services. Il n’y a aucune raison d’exclure les femmes de la vie professionnelle. Le rapport entre les sexes a donc changé. Cela a aussi eu des effets négatifs. Certains hommes sont ainsi dans un post-héroïsme, et certaines femmes ont perdu leur féminité en devenant des carriéristes froides.
De plus, la sexualité a été complètement dissociée de la reproduction et de la nature humaine. La reproduction n’est plus la norme. Seul le consentement des participants fonde le caractère éthique. Les conceptions encore existantes du mariage monogame sont dépassées. Pour Krah, le féminisme de gauche est en quelque sorte un contre-mouvement à l’hypersexualisation de la société. En effet, il y a un scepticisme envers la représentation de la femme comme objet de désir, par le « beauty privilege ». Il s’érige contre la sexualité hétérosexuelle, dans laquelle il reconnaît la subordination des femmes. Ce féminisme s’oppose à la fois à la misogynie, mais aussi à la fois aux femmes sexuellement actives. C’est ainsi qu’elle développe le « body positive », l’acceptation de son corps et des sexualités alternatives. Pour Krah, il convient d’aménager les différences, pas de perdre son énergie à les abolir.
La famille ce n’est pas seulement la famille nucléaire ou bien la communauté qui se sert dans le même réfrigérateur – définition contemporaine et politiquement correcte de la famille. C’est un ensemble solidaire grâce à une origine biologique et géographique commune. La gauche déteste la famille, car c’est un rempart à leur projet idéologique. Ils promeuvent toutes les minorités sexuelles, déclare l’avortement comme un droit de l’Homme, encourage la stérilisation, la dénatalité pour des raisons économiques. Selon Krah, la droite doit se placer pour la famille, les enfants et la vie.
De plus, Maximilian avance qu’aucune guerre, aucune crise, ni même la pilule n’ont réduit les chiffres de la reproduction de manière aussi massive et durable que l’introduction de l’assurance-retraite. Les liens familiaux doivent redevenir pertinents sur le plan économique. La retraite ne doit pas être calculée uniquement sur les cotisations, mais doit tenir compte des cotisations de ses enfants. Il est injuste qu’une mère célibataire à mi-temps pour s’occuper de ses enfants perçoit une retraite faible alors qu’elles participent beaucoup plus au système de retraite qu’un couple sans enfant. Il s’agit de remettre en place la famille au centre, nous devons valoriser la maternité. La famille permet du subsister même en période d’appauvrissement économique et de désertification culturelle. Nous le voyons très bien chez les extra-européens. Lorsqu’ils arrivent en Europe, malgré la précarité, ils réussissent à s’installer durablement, autant au niveau économique qu’au niveau culturel. La famille étant le repère de leur culture d’origine. De surcroît, certaines communautés extra-européennes construisent des liens communautaires inter-familiaux, assurant une plus grande cohésion de groupe.
Au-dessus de la famille, vient le plus petit collectif public, quelques milliers d’individus au plus, c’est la communauté locale. La communauté développe son sentiment d’appartenance à travers des services communs, des fêtes et manifestations communes. En raison de cette incompréhension, les villages sont regroupés dans des ensembles où leur pouvoir est dilué, elles perdent leur autonomie. Le village et les petites villes deviennent des banlieues en périphérie des grands espaces de vies, où il y a travail, loisirs, éducation. Comme la politique de droite se veut une politique d’ancrage, nous devons renforcer les communautés locales. Cela commence par la garantie d’une autonomie administrative plutôt que de favoriser des regroupements de communes. Pour ce qu’il est des quartiers, Krah indique qu’il faut renforcer les quartiers autarciques. Ces communautés doivent s’appuyer sur leur héritage historique, leur différence, leur sensibilité. Ainsi, la politique communale se doit d’être avant tout une politique culturelle. Reconstruire, mais non par sentimentalisme qu’il le dépasse, c’est reconstruire ce que la communauté locale a créé pendant des siècles comme sa propre expression architecturale, on peut atteindre de nouveau une adéquation de la communauté humaine avec son environnement. Nous devons construire du nouveau avec de l’harmonie avec l’existant, poursuivre ce que nos ancêtres sur des générations ont fait. Il faut fracasser la charte d’Athènes de 1933 qui entend séparer les espaces ; habitat, travail, loisirs.
Le village, la petite ville ou le quartier avec des bâtiments typiques est un vecteur d’enracinement. Cela doit être relié à l’histoire de sa culture locale. Il doit avoir un maintien des musées locaux, la promotion de sa propre cuisine, de la pratique de sa langue et dialecte. Tout cela ne peut pas être sacrifié sur l’autel économique.
A la suite de la famille et de la communauté locale, il y a le peuple.
Un peuple, c’est une grande communauté de personne liée par une culture, une histoire et une langue commune. Ce n’est pas la citoyenneté, purement administrative, caractérisant le lien à l’Etat.
L’appartenance au peuple est donc une affirmation de soi dans et par le collectif, et plus précisément le plus grand collectif dans lequel cette affirmation globale de soi a jamais réussi. Le peuple, c’est un destin commun. Il y a une évolution collective au fil des siècles, basé évidemment sur la généalogie et l’hérédité. Ce n’est en aucun cas un processus individuel.
Le libéralisme de gauche rejette tout ce qui constitue le peuple : collectif, identité, destin. Krah défend une droite identitaire. Elle doit s’en tenir au peuple en tant que niveau d’identité politiquement pertinente si elle ne veut pas abandonner l’individu. Dans la lutte des répartitions des richesses, l’individu n’a une chance que s’il fait partie d’une communauté reposant sur une stabilité et un ordre. La société hétérogène de demain fera également des autochtones des étrangers dans leur propre pays. Une droite qui échoue sur ce point est inutile. La nation ne devient qu’une unité administrative où la nationalité n’a plus de valeurs, chacun pouvant la quémander, sans aucune signification pour l’individu atomisé. C’est la confusion entre citoyenneté et peuple. Sans communauté nationale, il n’y a pas de bien commun, ni de volonté collective de l’atteindre. Il n’y a pas de « demos » sans « ethnos ». Il est nécessaire d’avoir une affirmation de l’identité. Il faut un moyen pour raviver la conscience patriotique des autochtones et inciter les migrants à s’y plier ou à partir.
Selon Krah, il ne faut pas attendre que les majorités politiques changent, mais il faut maintenant une contre-culture alternative. Des familles saines, pleines d’enfants, dans une nature intacte, où règnent des valeurs morales ne doivent pas des images du passés, mais d’avenir promu.
De plus, pour Krah, l’expérience le démontre, certains groupes d’immigrés ne peuvent s’adapter à un environnement culturel européen. L’immigration représente toujours une menace pour l’héritage collectif. Ainsi, l’immigration doit être massivement limitée et différenciée selon les régions d’origine.
La rémigration de ceux qui ne veulent ou peuvent pas s’intégrer nécessite qu’ils coopèrent. De ce fait, l’Etat social doit être transformé de manière à ce qu’il protège les bonnes personnes. Ce ne sont pas les policiers qui conduisent à la rémigration, mais à un peuple conscient de son identité imposant avec assurance son ordre sur son propre territoire. Il faut promouvoir la création de contre-mondes qui permettrait de rayonner un avenir désirable.
L’auteur nous indique que se battre pour l’Europe est indispensable. L’Europe, c’est la tradition, la civilisation, l’histoire. L’Europe de la gauche libérale, c’est la négation de soi érigée comme vertu. Ainsi, la droite doit se battre pour l’Europe. C’est un concept trop réel pour le laisser à la gauche et de se rebattre uniquement sur l’Occident. Krah entend que l’Europe est historiquement issue de l’Empire romain d’Occident. Selon Krah, cela englobe donc 4 grandes familles de peuples ; Anglo-saxons, latins, slaves et germains. Ainsi que les grecs, les Magyars, Baltes, Basques, Finlandais, Estoniens. Ils sont unis par la pensée grecque, le droit romain, la foi chrétienne et la rationalité des lumières, ainsi qu’une population blanche, de même souche.
Krah poursuit « l’Europe n’est pas la fuite de l’identité nationale, mais le substrat commun des peuples européens ». L’identité européenne présuppose l’identité nationale de chaque peuple et donc de respecter les différents Etats-nations. Krah poursuit qu’« [elle] est une impérieuse nécessité : dans un monde qui depuis longtemps déjà n’est plus marqué par l’Occident, mais qui est devenu véritablement global. L’idée de l’Europe offre la chance d’organiser la coopération politique des Etats européens à un niveau ancré par une communauté identitaire. »
Cependant, selon Krah, l’Europe politique ne doit pas se fonder uniquement sur la seule justification historique. En effet, l’Europe politique doit coïncider avec l’Europe continentale, c’est-à-dire sans l’Angleterre (se rapproche du bloc anglo-saxons) et sans la Russie.
Le pouvoir économique, culturel, et politique de l’Occident s’érode. Dans ces processus de changement, la droite peut y gagner si nous comprenons les conditions des évolutions, des changements en cours de l’ordre mondial ainsi que les conceptions juridiques qui lui sont inhérentes. Nous devons les comprendre et les utiliser conformément à nos idéaux.
En 2030, la part occidentale dans la population mondiale atteindra 16%, la moitié moins qu’au siècle dernier. L’Occident est devenu trop faible pour diriger le monde. Les civilisations extra-européennes sont démographiquement supérieures et rattrapent leur retard économique, la puissance militaire seule est insuffisante pour dominer le monde.
Ainsi, il se mondialise lui-même. La mondialisation de l’Occident conduit alors à une désoccidentalisation de l’Occident. La réaction de l’Occident est de se déclarer comme un système global et se développe comme tel. Les ONG, les fondations, les entreprises sont établies dans le monde et façonnent les ressortissants les plus prometteurs dans ce nouveau modèle occidental : un accès privilégié aux institutions occidentales leur est offert, ces institutions créent des filiales hors occident. Le mondialisme, c’est le projet de transposer le libéralisme occidental et de l’élever au rang de norme mondiale, sacrifiant ses racines historiques, géographiques et ethniques. Le mondialisme laisse l’Occident sans identité. Nous ne pouvons pas maintenir notre prétention mondiale en raison de sa démographie, de sa performance économique qui diminue, et aussi en raison de ses propres exigences éthiques. Le mondialisme propose à tous les non-occidentaux de devenir formellement des Occidentaux et sacrifie pour cela l’identité traditionnelle de l’Occident. La pensée grecque, le christianisme, les vingt siècles de constructions culturelles sont sacrifiés au pouvoir global. L’origine, la tradition, l’ascendance ne doivent plus jouer de rôle. Seule reste les principes structurels libéraux, le mécanisme de répartition de la liberté individuelle et de l’attachement à l’Etat ainsi que les mécanismes électoraux.
Krah attaque les néoconservateurs « quiconque veut donc maintenir la domination globale de l’Occident à une époque où ce même Occident s’affaiblit économiquement et démographiquement doit être prêt à renoncer à sa propre tradition ». La droite occidentale doit reconnaître que sa lutte pour l’identité implique toujours de s’accorder à d’autres groupes culturels le droit de vivre selon leur identité sur leurs territoires ancestraux. Pour cela, la droite doit renoncer à l’universalisme, difficile dans la mesure où il fait partie de son héritage. Il s’oppose aussi à la philosophie de décloisonnement du libéralisme, qui juge tout selon des critères prétendument rationnels et universels, n’admettant pas la différence, elle est inhumaine.
Ainsi, selon Krah, il faut se tourner vers la multipolarité. L’équivalent politique du particularisme culturel est cette multipolarité. Le concept opposé étant le mondialisme, visant à assurer une domination sous forme globale, renonçant à la tradition occidentale. En-dehors du territoire historiquement occidental, des contre-modèles régionaux s’établissent contre le mondialisme. Dans le monde unipolaire du mondialisme occidental, un système de valeurs universel unique crée des critères obligatoires pour tous, suivant la maxime kantienne. Les systèmes d’ordre concurrents se limitent à leur territoire ancestral. De plus, l’Occident veut parvenir à la paix via une mise en conformité avec les principes de sa politique et de son organisation alors que dans le monde multipolaire, cela passe par un échange d’intérêts grâce à la diplomatie. Dans les accords commerciaux des USA et encore plus de l’UE, il y a des obligations morales alors que les accords commerciaux chinois ne concernent que des dimensions économiques.
L’Occident justifie sa présentation au monde par les droits de l’Homme. Sur le plan politique, la droite doit résister à la tentation d’utiliser les droits de l’Homme comme arguments dans le débat de politique étrangère, mais doit reconnaitre le caractère pratique que revêtent les droits de l’homme comme moyen d’imposer la domination occidentale globale. Elle doit s’attaquer au monopole d’interprétation de fait des ONG occidentales libérales de gauche, problématiser leur sinistre pouvoir, faire pression pour qu’elles soient définancées et présenter une anthropologie respectant l’ordre naturel.
Maximilian Krah explore divers aspects de l’identité politique de droite, soulignant la nécessité de clarifier les concepts, de dépasser les attitudes conservatrices traditionnelles, et d’adopter une approche plus conquérante et avant-gardiste, tout en soulignant l’importance de véhiculer de la positivité et de la joie de vivre.
Le livre offre une réflexion sur les notions d’identité, de famille, de communauté locale, de peuples, et d’Europe. Selon ce dernier, la gauche libérale promeut une déconstruction des concepts. En contraste, la droite politique, défendue par Krah, recherche la clarté et la vie en harmonie avec soi et avec les autres pour le bien-commun et la prospérité. L’auteur souligne l’importance des rôles traditionnels des genres, tout en reconnaissant les évolutions liées aux transformations économiques et techniques. La famille est présentée comme un rempart contre le projet idéologique de la gauche, avec la volonté de plus l’impliquer dans la vie économique. La communauté locale est considérée comme un élément essentiel de l’ancrage identitaire, nécessitant une politique culturelle préservant l’héritage historique. Les peuples, définis comme des communautés liées par une culture, une histoire et une langue commune, sont vus comme le moyen d’assurer une stabilité face à la société hétérogène. Krah insiste sur la nécessité d’une affirmation de l’identité pour se préserver.
Krah souligne le déclin du pouvoir occidental sur les plans économique, culturel et politique, en plus d’un problème majeur, l’érosion démographique. L’auteur, Maximilian Krah, critique la réaction de l’Occident, devenant mondialiste au détriment de son identité traditionnelle. Il s’oppose au mondialisme, qui cherche à imposer le libéralisme occidental comme norme mondiale, sacrifiant ainsi les racines culturelles de l’Occident. Il appelle la droite occidentale à reconnaître le respect des identités culturelles sur leurs territoires ancestraux. Il propose la multipolarité comme alternative au mondialisme, ainsi qu’une mise à l’écart des droits de l’homme, cela dans le but de préserver l’identité.
Pour Maximilian, la droite doit se battre pour l’Europe afin de corriger le déclin occidental. L’Europe est présentée comme le substrat commun des peuples européens, unie par des éléments tels que la pensée grecque, le droit romain, la foi chrétienne et la rationalité des Lumières. Il souligne l’importance d’une identité européenne dans un monde globalisé.
Matisse Royer
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine