C’est le gag indémodable de l’arroseur arrosé.
Lorsqu’ils ont eu vent de la décision du Conseil d’Etat de contraindre l’Arcom à mieux contrôler CNews, les médias de service public ont sabré le champagne. « C'est une excellente chose, entendait-on mercredi dernier sur France Info. Ce que le Conseil d'État vient rappeler à l'Arcom, c'est qu'elle ne joue pas son rôle au nom du respect de la liberté d'expression ». Mais dès le lendemain, les verres à mousseux étaient déjà rangés et les mines victorieuses avaient laissé place à des moues inquiètes. La nuit portant conseil, les moins lents de nos confrères avaient fini par comprendre ce que nous annoncions sur BV dès le mois de janvier : ce qui s’appliquera à CNews s’appliquera à tous.
Stupeur et tremblements à Radio France
Le 15 février, France Inter monta au créneau à deux reprises pour dénoncer cette intolérable égalité de traitement entre tous les médias. Une exigence de pluralisme sur CNews, c’est indispensable, mais sur l’audiovisuel public, c’est parfaitement inadmissible ! « Ce n’est pas parce que CNews tousse, que la chasse aux dérives doit devenir virale », s’indigna l’éditorialiste en chef de la maison ronde, Yaël Goosz. « Cette quête d’un pluralisme total, au-delà du personnel politique, vaudra pour toutes les chaînes ! », ajouta-t-il, confirmant en creux que les chroniqueurs, journalistes et « experts » invités sur France Inter sont de gauche.
Sur la même antenne, Cyril Lacarrière émit lui aussi de sérieuses réserves quant à cette décision du Conseil d’Etat qui pourrait in fine se traduire par l’ouverture des studios de Radio France à des personnalités de droite. « Plus qu’une décision… c’est une révolution ! s’inquiète-t-il. Et franchement… je ne sais pas si c’est une bonne chose. […] cette décision du Conseil d’État finira par se retourner contre tous les médias. »
Le deux poids, deux mesures revendiqué
Le « flicage » - comme le dit l’éditorialiste - c’est bon pour les autres. Jamais pour soi. Au delà de la médiocrité de RSF et de l’inclinaison gauchiste du Conseil d’Etat, cette affaire aura aussi révélé l’arrogance d’un service public qui s’estime au-dessus du lot, au-dessus des lois. La bien-pensance médiatique ne se cache plus et revendique ouvertement le deux poids, deux mesures. Pendant qu’elle fustige la présence sur CNews de Philippe de Villiers, non décompté par l’Arcom comme une personnalité politique alors qu’il a été « en politique toute sa vie », elle ne trouve rien à redire aux chroniques de l’ancienne ministre Roselyne Bachelot sur LCI, BFM ou France Musique. Alors qu’elle dénonce à cor et à cri le « mélange opinion/information » de la chaîne dite « ultra-conservatrice », elle applaudit l’engagement de Radio France dans son militantisme écologiste d’extrême gauche. Tout lui est permis. Tel est le privilège du camp du Bien qui exige d’autrui ce qu’il refuse de s’imposer à soi-même.
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