Combat royaliste 10
Par Philippe Germain
Résistent encore la famille, en bas, et la nation, en haut. Au Carrefour royal de 1990 justement, un débat contradictoire de haut niveau sur le thème « Empire ou Nation » opposa le Secrétaire général des étudiants d’AF, Nicolas Portier, à Alain de Benoist. Le maître à penser de la Nouvelle droite, s’y posa en opposition des « tenants de la France seule, dont je ne suis pas », prônant l’espoir d’une Europe « impériale ». Sa revue Éléments espérait que « l’Europe future sera[it] un élargissement de l’Empire romain germanique ». En 2024, nous y sommes. L’Europe des vingt-sept n’est nullement une nation mais de plus en plus un État, un Empire démocratico-oligarchique construit par cliquets.
Des doutes ? Alors passons aux faits, aux faits seulement : d’abord, avec le Conseil de l’Europe en 1949 qui s’arrime à « the west », l’Ouest, le « monde libre », aujourd’hui dit « Occident contemporain ». En 1951, c’est la Communauté européenne du charbon et de l’acier avec son marché unique, son Conseil des ministres et sa Cour de justice, donc un début d’État. La tentative sur la fonction régalienne militaire de Communauté européenne de défense de 1954 est mise en échec par un compromis nationaliste de fait, entre communistes, gaullistes et royalistes. Qu’importe, la marche impériale reprend et, en 1957, c’est la Communauté économique européenne et la Politique agricole commune qui permettent d’abolir les frontières entre nations. Puis, en 1962, dans un but clairement étatique, la CEE se dote d’un Parlement. En 1985, les Accords de Schengen abolissent totalement les frontières nationales et l’Acte unique de 1986 accroît le poids politique dans les États nationaux. En 1992, l’Union européenne est fondée à Maastricht et le droit communautaire s’impose aux droits nationaux. Le Parlement et la Cour de justice sont renforcés et est mise en place une monnaie unique, l’euro. En revanche, l’euroscepticisme se diffuse. On parle de souverainisme. Le Danemark dit « NON » au référendum et obtient des dérogations. Qu’importe, l’État impérial est pratiquement finalisé, au bénéfice de son oligarchie euro-technocratique, experte en chiffres et règles juridiques. Rien ne semble pouvoir arrêter la marche impériale et le projet de Constitution européenne (bas les masques donc) doit être approuvé en 2005. Second couac, le pays réel français refuse, tout comme les Hollandais. Alors, l’Empire contre-attaque. En 2007, le Traité de Lisbonne permet à l’oligarchie euro-technocratique de passer outre les volontés populaires. Troisième couac, en 2020, les Britanniques, après avoir imposé le droit anglo-saxon, se dévoilent nationalistes et c’est le Brexit.
Aujourd’hui, la planète devient fiévreuse et l’Europe sait devoir rapidement finaliser son État impérial. Fin 2023, son Parlement vient de voter la demande de révision des traités. Le président de la Commission européenne deviendra alors le président de l’Union européenne. On se demande pourquoi les euro-révolutionnaires, les identitaires et les néo-droitistes rêvent de l’Europe impériale alors qu’elle est là ! Les royalistes, eux, résistent aux côtés du pays qu’on enchaîne. Déjà, entendez-vous le bruit des tracteurs de la révolte ?
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https://www.actionfrancaise.net/2024/02/20/combat-royaliste-10/