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les idées reçues en matière historique – Jean Sévilla

Jean Sévilla à l’occasion de la sortie de son livre Historiquement incorrect répondait le 7/11/2011 à une interview dans le journal Famille Chrétienne

Question (Famille Chrétienne) : Comment se définit, en Histoire, le « politiquement correct » ?

Réponse (Jean Sévilla) : Globalement, il s’agit d’une lecture du passé commandée par l’idéologie actuellement dominante. Quelle est cette idéologie ? Celle d’un monde sans frontières, où les enracinements sont condamnés par principe ; d’un monde multiculturel, où toutes les civilisations sont déclarées égales ; d’un monde voué au libre-échange humain et matériel, où toute référence morale et métaphysique est bannie dès lors qu’elle paraît faire obstacle au libre-arbitre individuel.

Dans la pratique, en France, le politiquement correct appliqué à l’histoire se traduit par un anti-occidentalisme systématique,par l’aversion à l’égard de notre héritage national, et surtout par une animosité non-dissimulée envers la présence du christianisme dans notre histoire, spécifiquement envers le catholicisme.

Sur le plan méthodologique, le phénomène se traduit par trois procédés principaux. D’abord l’anachronisme : le passé est jugé à partir des critères du présent. Analyser le Moyen Age,par exemple, époque communautaire et sacrale, au nom des droits de l’homme et d’une vision sécularisée de la société, c’est s’interdire de comprendre la civilisation médiévale. Deuxième procédé : le manichéisme. Les bons sont opposés aux méchants, mais toujours selon les canons d’aujourd’hui. Troisième procédé, enfin, la simplification. Alors que l’histoire est le lieu de la complexité, le politiquement correct interprète le passé en fonction d’un ou deux facteurs explicatifs (le racisme, l’intolérance, etc.) tirés de l’arsenal idéologique contemporain.

Lutter contre le politiquement correct en histoire, c’est tenter de retrouver la vérité d’une époque, que cette vérité soit ou non plaisante à nos yeux.

FC : En 2003, vous avez écrit « Historiquement correct ». En 2011, vous publiez « Historiquement incorrect ». Y a-t-il une évolution ?

JS : […]Mon Historiquement correct, il y a huit ans, faisait ainsi état de la polarisation du débat historique, dans les années 1990, autour des années d’occupation. La décennie 2000-2010 a plutôt été caractérisée par les polémiques concernant le bilan de la colonisation. Un durcissement s’observe actuellement, nourri par un véritable terrorisme intellectuel, autour de tout ce qui touche à l’histoire de l’islam.

FC : Comme tristement exemplaire, vous évoquez l’affaire Gouguenheim, polémique sur ce que l’Occident médiéval doit aux Arabes…

Après la publication de son livre Aristote au Mont-Saint-Michel, Sylvain Gouguenheim, enseignant à l’Ecole normale supérieure de Lyon, a subi une véritable chasse aux sorcières, visant rien moins qu’à obtenir son interdiction professionnelle. Tout cela au nom de la tolérance, bien entendu…

Tout cela parce que ce médiéviste remettait en cause la vulgate aujourd’hui installée selon laquelle le passage de la culture antique vers l’Occident s’est opéré grâce aux philosophes arabes. Gouguenheim n’a fait que rappeler que le Moyen Age latin a travaillé directement sur les textes grecs, que certains de ces textes lui parvenaient par le canal de Byzance, que les traducteurs arabes, dans le monde musulman, étaient souvent des chrétiens, et que, globalement, le monde islamique n’a utilisé qu’une faible part de la pensée hellénique. Ce sont des faits historiquement établis, mais comme ils contreviennent au cliché d’une civilisation musulmane ouverte aux autres cultures, il devient interdit de les rappeler.

[…]

FC :Vous parlez beaucoup de la France. N’est-ce pas le cœur du malaise ?

JS : Un pays qui doute de son identité au point d’être incapable de s’accorder pour la définir, comme on l’a constaté lors du débat de 2009-2010 sur l’identité nationale, est mal armé pour regarder son passé, et partant mal armé pour aborder l’avenir : pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient.

FC : Le Président de la République inaugure bientôt un Musée de la Grande Guerre à Meaux. Or vous affirmez que nous ne comprenons plus cette période…

JS : voir blog de Jean Sévilla

FC : Dans votre livre, on voit qu’on fait souvent à l’Eglise et au christianisme des procès historiques. Ne sont-ils jamais justifiés ?

JS : voir blog de Jean Sévilla

FC : La condamnation de Galilée témoigne-t-elle ainsi de l’obscurantisme de l’Eglise ?

JS : voir blog de Jean Sévilla

FC : En Histoire, la vérité finit-elle toujours par triompher du mensonge ?

J’aimerais le croire, mais je n’en suis pas certain. Des mensonges, infiniment répétés, répercutés par l’école, les médias ou l’air du temps, finissent par s’imprimer profondément dans les esprits, et le travail nécessaire pour les démasquer est sans fin. Ce n’est pas une raison pour se décourager. D’autant que des victoires peuvent être remportées. Par exemple, si les crimes du communisme sont moins rappelés que ceux du nazisme, plus personne ne nie aujourd’hui les horreurs de Katyn ou du goulag, ce qui n’était pas le cas il y a encore trente ans. En histoire aussi, seule la vérité rend libre.

Interview paru dans Famille Chrétienne. Propos recueillis par Jean-Marc Bastière

via Le Salon Beige

https://www.fdesouche.com/2011/11/18/les-idees-recues-en-matiere-historique-jean-sevilla/

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