Ainsi, dès 9 heures, près d’un millier d’engins agricoles avaient investi le centre historique de Bruxelles – jusque sur la Grand-Place et le quartier européen. Objectif : faire pression sur le Conseil des ministres de l’Agriculture des vingt-sept réunis afin de commencer les discussions sur une éventuelle simplification de la PAC.
L’ambiances était assez chaotique, avec les canons à eau pointés sur les manifestants auxquels ceux-ci ont répondu par des feux de paille et de palettes, des jets d’œufs et d’oranges et même un canon à… lisier actionné sur les forces de l’ordre. Celles-ci n’ont d’ailleurs pas pu empêcher les agriculteurs de forcer plusieurs barrages.
Qui étaient les manifestants ? Ils venaient principalement de Belgique, avec la Fédération des jeunes agriculteurs de Belgique et la FUGEA (Fédération unie de groupements d’éleveurs et d'agriculteurs), d’Espagne (les Jeunes Agriculteurs espagnols), du Portugal et d’Italie avec des représentants de la Coldiretti, syndicat agricole italien le plus puissant en Europe. De nombreuses mesures de court terme ont été discutées : dérogations pour les jachères, assouplissement pour les obligations de prairies permanentes et de rotations de cultures, recours aux images satellitaires afin de réduire les contrôles physiques d’au mins 50 %.
À plus long terme, il faudra réviser la PAC et, pour cela, passer par la voie législative… avec le Parlement issu des urnes du 9 juin prochain ? C’est dire si les élections européennes, cette année, seront cruciales. Aussi les ministres font-ils assaut de compréhension envers les protestataires : « La PAC actuelle est un monstre bureaucratique. Le travail dans les champs plutôt que la paperasse doit être à l'ordre du jour », a ainsi déclaré le ministre allemand Cem Özdemir, rapporte Le Figaro.
Il en faudra sans doute plus pour calmer la colère, l’incompréhension et, surtout, remettre l’agriculture au centre. « Un chantier plus vaste que le petit soulagement sur les charges administratives », explique Vincent Delobel, éleveur de chèvres et administrateur du syndicat wallon FUGEA. Dans La Dépêche, d’autres expliquent protester « depuis des mois. Ils n'arrêtent pas de tergiverser, rien ne se passe. » Marieke Van de Vivere, agricultrice, dénonce ainsi la « folie » réglementaire. « On doit payer pour le cheval qui fait du crottin, le Pacte vert nous ordonne comment gérer le crottin, où il va... c'est totalement ahurissant. » « Et nous n'avons aucun contrôle sur les importations venant des pays tiers », renchérit Adoración Blanque, des Jeunes Agriculteurs espagnols.
Car, bien sûr, tous réclament l’arrêt des négociations pour le Mercosur et autres traités commerciaux avec des pays extra-européens produisant à bas coût et sans les exigences « vertes » imposées par l’Union européenne à ses agriculteurs. À ce titre, les conditions ultra-privilégiées d’importation pour les céréales ukrainiennes exemptées de droits de douane sont un cas d’école sur lequel, pour le moment, l’UE fait la sourde oreille.
Marie d'Armagnac
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