Le nouveau concept macronien du moment, le « sans limites », semble aussi servir à la caricature des adversaires. Ou, plutôt, du seul véritable adversaire : le RN. Tout est bon pour salir et accuser, tous les mensonges, tous les excès. Donc ces poutiniens et ces nazis du RN auraient un « projet caché » : on imagine le pire et on en tremble déjà. « C'est un Frexit, qu'ils nous proposent », un projet dont « les classes moyennes » seraient « les premières victimes ». Mais, au fait, comment appelle-t-on cette façon de caricaturer et de jouer sur les peurs, comme ils disaient naguère ? Du complotisme, d'abord. La rhétorique macronienne, qu'elle soit proférée par une Hayer répétant son grand oral ou un Attal tentant d'habiter un habit trop grand pour lui, relève typiquement du... populisme. Dans son édito d'avant-hier, avant donc ce meeting lunaire, Vincent Trémolet de Villers, dans Le Figaro, avait déjà démasqué l'histrion : « Si le propre du populisme, c'est d'évacuer la nuance, surjouer l'affrontement, caricaturer l'adversaire, cibler des ennemis imaginaires, il peut se retrouver chez ceux qui s'en croient préservés… »
Et derrière cette rhétorique creuse ? Rien. Rien sur les grands défis du moment. Rien sur les errances patentes de ces dernières années : énergie, agriculture, croissance. Pas l'ombre d'un mea culpa. Rien, c'est le mot qui revenait dans les messages postés par François-Xavier Bellamy ou Jordan Bardella, Valérie Hayer réussissant au moins une chose : un début d'union des droites contre elle !
Espérons que les stratèges de ce grand barnum se posent de sérieuses questions sur sa viabilité. Valérie Hayer a refourgué le truc des Cent Jours pour mobiliser ses troupes jusqu'au 9 juin... Cent jours pour faire 1938-1945 à chaque meeting : cela sera long pour elle comme pour nous.
Frédéric Sirgant