Ces dernières semaines, une confrontation entre le RN et l’AfD a secoué la sphère politique de la droite européenne sur fond de politique migratoire. Pour rappel, le RN et l’AfD siègent dans le même groupe européen, Identité et Démocratie (ID), et sont donc censés être des alliés. Cette controverse trouve ses racines dans la politique allemande : en effet, plusieurs dirigeants de l’AfD et de l’aile droite de la CDU se sont réunis à Potsdam avec le militant identitaire Martin Sellner pour discuter d’un projet de “Remigration”. Marine Le Pen, au lieu de corriger le problème en interne, a choisi de surréagir, se présentant comme farouchement opposée à l’idée de remigration. De ce fait, Marine Le Pen a demandé des éclaircissements par écrit à l’AfD. Le parti allemand a donné une réponse, d’abord par l’intermédiaire de Maximilian Krah, tête de liste pour les élections européennes, puis par l’intermédiaire d’Alice Weidel, codirigeante du parti. Au cœur de ce débat, il y a deux lignes qui s’affrontent. Une ligne « assimilationniste », incarnée par le RN, et une ligne identitaire, incarnée par l’AfD. La réalité derrière les étiquettes « assimilationniste » et « remigrationiste » est complexe. La remigration est plus globale, plus ancrée dans la réalité et ne s’oppose pas sur le principe de l’assimilation. C’est ce que nous allons développer.
Tout d’abord, Maximilian Krah n’est pas porteur d’un nationalisme borné et rétrograde. Il ne rejette pas catégoriquement les nouveaux arrivants. Au contraire, il écrit que “l’immigration doit être massivement limitée et surtout différenciée selon les régions d’origine”.
Krah ne nie donc pas la réalité de l’intégration des étrangers dans un peuple. Néanmoins, selon lui, “l’expérience montre qu’il est difficile, voire pratiquement impossible, pour certains groupes d’immigrés de s’adapter à un environnement allemand et européen“. En effet, il n’est pas question d’intégrer n’importe qui, car tout le monde ne peut pas s’intégrer. C’est donc dans ce contexte d’échec de l’intégration que s’inscrit la remigration. Mais il s’agit d’un concept démocratique et non violent, selon les termes de Krah : “Ce ne sont pas les mesures policières qui conduisent à la remigration. “La remigration de ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’intégrer nécessite leur coopération”, “pour cela, il faut mettre en place les bonnes incitations“. Pour lui, l’émigration est d’abord l’acte d’un “peuple conscient de son identité”, qui “impose avec confiance son ordre sur son propre territoire”. Deuxièmement, il s’agit aussi d’une transformation de l’Etat providence. Le député européen de l’AfD note que “l’État-providence actuel favorise l’immigration et entrave la remigration. Cela doit être fondamentalement corrigé”. Enfin, il s’agit aussi de collaborer avec des “investissements ciblés dans les pays d’origine”. Il s’agit de créer des accords financiers et diplomatiques avec les différents pays de retour.
Martin Sellner développe le concept de remigration. Tout d’abord, il faut comprendre que les politiques d’identité et de migration doivent être liées. En effet, la part qu’un pays peut prendre dépend de sa capacité d’intégration, et donc de sa vitalité identitaire, en plus des paramètres socio-économiques. Aujourd’hui, l’Europe a perdu une grande partie de cette vitalité, et continue de le faire, alors que les flux en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique ne cessent d’augmenter. Face à cette invasion de populations imposant leur identité, l’Europe n’offre que la victimisation des blancs, l’ethnomasochisme. Alors, avec bon sens, Sellner propose un système de quotas, comme les Etats-Unis avant le Hart Cellar Act. En effet, si l’on considère la faiblesse de nos identités et la force des identités des autres, il faut évaluer la capacité des pays européens à accueillir des immigrés. La remigration s’inscrit dans un contexte juridique, économique, logistique et moral. La remigration ne doit pas être considérée comme quelque chose d’extrême, mais comme une mesure de bon sens. L’Europe n’a pas la capacité d’accueillir la misère du monde.
L’Europe a le devoir d’assurer la survie de son peuple, ainsi que son propre développement et sa prospérité. Sur la base de ces principes, la première tâche d’un mouvement se réclamant de la défense des populations autochtones est de promouvoir l’identité de son peuple et de lutter contre l’ethnomasochisme. Dans le contexte actuel, l’assimilation est impossible. L’assimilation est une réalité que l’on ne peut nier. Cependant, la capacité d’intégration, tant socio-économique qu’ethnoculturelle, a été dépassée. Les peuples d’Europe, surtout à l’Ouest, sont en train d’être remplacés. C’est un fait mathématique. Pour Sellner, il faut trouver des moyens démocratiques pour maintenir la majorité autochtone. Cela signifie le contraire de l’immigration : la remigration. Une fois la remigration posée comme condition de survie de nos peuples, il faut réfléchir ensemble aux capacités d’accueil, en fonction du pays d’origine, de la situation démographique autochtone et des capacités d’intégration.
Faut-il comprendre que le RN s’oppose à ces mesures de bon sens ? Il y a un flou. S’agit-il d’une tactique ou d’une véritable pensée politique ?
La ligne assimilationniste est une vision étatiste de la nation. Un “stato-nationalisme”. Le RN incarne la défense du mythe national républicain et ne reconnaît que le peuple français, qui correspond à l’ensemble de personnes vivant sous une même administration. Par exemple, le RN nie la réalité de la Bretagne, de la Corse, de l’Alsace et de la Flandre. Il y a d’abord le refus de reconnaître l’existence de ces nations, notamment de leurs langues. Ensuite, il y a le refus de décentraliser, comme les Länder, par rapport à ces nations. En effet, l’autonomie est perçue comme une atteinte à l’unité de la république.
Comme nous l’avons dit, pour le courant “assimilationniste”, la nation correspond à l’ensemble des personnes vivant sous un même Etat. Le risque est que le stato-nationalisme soit une assimilation des masses et non des individus. La ligne du “stato-nationalisme”, teintée de mythe national, est une conception dépassée. Le parti est encore dans une position de soumission et d’excuse à l’égard de la gauche. Manifestement, en raison de son euro- et germanophobie, le parti français n’a jamais entendu parler de l’une des principales phrases de la droite allemande : “Wer sich distanziert, der hat schon verloren”. Cette phrase a de l’avenir tant que les Français s’accrocheront au mythe national universaliste, mais face à la réalité, les opinions changent et doivent changer.
Aujourd’hui, le débat politique est trop limité et il n’y a pas de réponse politique à ce problème majeur de l’histoire européenne. L’ampleur de ces vagues d’immigration est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Il faut prendre conscience des limites de l’immigration. C’est ainsi que Martin Sellner entend lancer le débat qui n’existe pas face à l’ampleur du phénomène d’aujourd’hui et de demain
En résumé, il y a une confusion sémantique et philosophique. Nous ne rejetons pas la réalité humaine de l’assimilation. L’assimilation se fait dans un contexte individuel et non politique. Face à l’invasion migratoire actuelle, et le pire est à venir, le temps presse pour éviter notre disparition. C’est mathématique. Aujourd’hui, l’assimilation promue n’est pas la bonne ; elle tend à confondre citoyenneté et nation, elle confond administration et nation. Cette confusion conduit au flou et doit donc être combattue. L’Europe ne peut pas intégrer les masses d’hier, d’aujourd’hui et de demain d’Afrique et du Moyen-Orient. Nous ne voulons pas être confondus avec les extrémistes, nous ne faisons que constater ce que nous voyons tous, et nous nous prononçons simplement pour une Europe européenne pour les 1000 ans à venir.
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine