Contrairement à ce qui s’était passé la semaine précédente à Bruxelles pour la conférence des nationaux-conservateurs (NatCon), la CPAC de Budapest s’est déroulée sans être gênée par le maire gaucho-libéral de la ville car, en dépit de ce qu’en disent les grands médias d’Europe occidentale, la Hongrie est un pays libre et démocratique. Pour les personnes qui ont assisté aux deux conférences – j’en ai rencontré plusieurs à Budapest –, le contraste était saisissant. En Hongrie, personne ne songerait à faire interdire une conférence organisée par la gauche. Les organisateurs et le Premier ministre hongrois lui-même ne se sont d’ailleurs pas gênés pour souligner ce contraste et critiquer la dérive autoritaire et totalitaire des libéraux confrontés à la faillite de leurs politiques et au mécontentement croissant des citoyens. Le Premier ministre Viktor Orbán a ainsi comparé, dans son exposé, les actions des libéraux occidentaux à l’oppression subie par les peuples d’Europe centrale et orientale sous le communisme, soulignant l’importance d’une victoire des conservateurs, cette année, à la fois aux élections pour le Parlement européen et aux élections présidentielles américaines.
Le discours de Viktor Orbán à la CPAC Hongrie 2024
Parmi les orateurs de la CPAC à Budapest, des personnalités de premier plan, tels le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, l’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, le chef du parti conservateur espagnol VOX Santiago Abascal, le candidat aux primaires du Parti républicain aux États-Unis Rick Santorum, l’ancien Premier ministre slovène Janez Janša, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze, des représentants de groupes de réflexion et autres organisations conservatrices de divers pays, principalement d’Europe et des deux Amériques. Par exemple, Eduardo Bolsonaro, fondateur de la CPAC Brésil et fils de l’ancien président Jair Bolsonaro, l’ancien Premier ministre australien Tony Abbott ou encore le leader du Parti néerlandais pour la liberté Geert Wilders, et bien d’autres (voir la liste complète des orateurs).
Outre les Hongrois et les Américains, les Italiens, membres de la Ligue, des Frères d’Italie ou de groupes de réflexion conservateurs, étaient aussi particulièrement nombreux (et, aussi, nombreux à exprimer en privé leur déception ou leur gêne face aux politiques de Giorgia Meloni). Les Polonais étaient de retour, après avoir boudé la fête, l’année dernière, en raison des dissensions polono-hongroises sur fond de guerre en Ukraine. L’Institut Ordo Iuris, avec lequel je me suis rendu cette année à la CPAC Hongrie (après y avoir été l’année dernière en tant que journaliste pour le site anglophone hongrois Remix News), était à nouveau présent. Cet organisme était déjà présent l’année dernière : son président avait été le seul représentant polonais à s’exprimer depuis la scène de la CPAC (outre un secrétaire d’État de la majorité de l’époque à Varsovie, mais n’appartenant pas au PiS, qui s’était exprimé via une liaison vidéo). Les liens entre le Fidesz hongrois et le parti Droit et Justice (PiS) polonais, désormais dans l’opposition, semblent donc renoués pour faire face ensemble à la dérive centralisatrice et progressiste, au mauvais sens du terme, de l’Union européenne.
Parmi les orateurs, cette année, il y avait également le Français Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex et actuel n° 3 sur la liste du Rassemblement national pour les élections au Parlement européen. M. Leggeri a aussi participé, à Budapest, à une conférence sur l’immigration organisée par le Mathias Corvinus Collegium (MCC), une puissante université privée développée par des proches du Fidesz et généreusement subventionnée par l’État hongrois.
Différents panels de discussion avaient également été organisés, tel celui auquel a pris part le président de l’Institut Ordo Iuris, l’avocat Jerzy Kwaśniewski, avec István Kovács, du Centre des droits fondamentaux, et Kimberly Fletcher, responsable de l’association Moms of America (Mamans d’Amérique), sur l’idéologie du genre. Il y a été question des manières de protéger l’institution la plus importante de la civilisation occidentale : la famille. Kwaśniewski a notamment évoqué les activités du centre d’intervention d’Ordo Iuris, qui fournit une assistance juridique gratuite aux familles auxquelles les enfants sont retirés de manière abusive par les services sociaux, pas uniquement en Pologne mais aussi dans des pays comme l’Allemagne ou la Norvège.
Il faut aussi noter la présence de José Antonio Kast, président du Political Network for Values (PNfV, c’est-à-dire Réseau politique pour les valeurs) et ancien candidat à l’élection présidentielle chilienne, en discussion avec les Polonais de l’Institut Ordo Iuris, une organisation que l’actuel Premier ministre libéral de la Pologne, Donald Tusk, avait promis, pendant sa campagne électorale, de dissoudre.
Outre les discours et les panels de discussion qui se déroulent sur deux journées complètes, la CPAC est une excellente occasion, pour les conservateurs et souverainistes occidentaux, de se rencontrer et de se connaître, y compris lors des soirées organisées autour de l’événement par les Hongrois, qui n’avaient pas lésiné sur les moyens. Aujourd’hui fortement isolés à Bruxelles et soumis à de fortes pressions de la part de l’Internationale progressiste (perçue comme néo-marxiste dans les anciens pays de l’Europe de l’Est), ceux-ci savent l’importance de mener la guerre culturelle et de former des alliances.
Olivier Bault
https://www.bvoltaire.fr/cpac-hongrie-2024-conservateurs-de-tous-les-pays-unissez-vous/